Victoire à la Pyrrhus pour Tsipras

Incapables de rompre avec l’UE et ses institutions, donc incapables de mettre un terme définitif à l’austérité et à la misère, Tsipras et Syriza sont allés de reniements en trahisons systématiques. Jusqu’à transformer le « Non » populaire du référendum du 5 juillet - et ses 61 %  en un « Oui » aux plans d’ajustement capitalistes. Le 14 août, les députés adoptaient le « troisième plan d’aide ». Syriza y perdait sa majorité, 43 de ses 149 députés s’abstenant ou votant contre. Le 20 août, Tsipras annonçait sa démission et la tenue d’élections anticipées le 20 septembre.

Dans un pays où le vote est obligatoire, l’abstention record est le fait politique majeur de ce scrutin. Totalisant près de 43,50 %, l’abstention est en hausse de 7,30 % par rapport aux législatives de janvier 2015. Là où certains voient la « lassitude des électeurs », appelés aux urnes pour la troisième fois en 8 mois, nous voyons, nous, la démonstration que les masses se sont détournées massivement de Syriza comme de tous les partis inféodés à l’UE et à la Troïka.

Syriza ne pèse que 19,57% de l’électorat

Ainsi, la « victoire » de Syriza avec 35,46 % des voix, est plus que relative. En effet, soulignons qu'entre janvier et septembre 2015, Syriza perd 14,30 % de ses voix, soit 320 160 suffrages, pendant que son allié au gouvernement, l’ANEL (extrême-droite), perd 92 948 voix, soit 31,70 % de son électorat, et comptabilise 3,69 %. Même sanction pour le principal parti d’opposition Nouvelle Démocratie (droite conservatrice) qui perd 192 610 voix, soit 11,20 % de son électorat et recueille 28,10 % des suffrages. Le parti de centre-droit TO POTAMI perd 151 702, soit près de 41 % de son électorat, et obtient 4,09 % voix. Les pro-nazis d’Aube Dorée perdent 8 866 voix, soit 3 % de leur électorat, et totalisent 6,99 % des suffrages. Les staliniens du KKE perdent 35 506 voix, soit 11 % de leurs électeurs, et recueillent 5,55% des suffrages. Seul le PASOK (sociaux-démocrates), laminé lors des précédents scrutins (2012-2015), gagne 51 908 voix et totalise 6,28 % des suffrages.

Au total, Syriza pèse en réalité 19,57 % du corps électoral ; ANEL, 2,03 % ; Nouvelle Démocratie, 15,50 % ; Aube Dorée, 3,85 % ; PASOK, 3,46 % ; KKE, 3,06 % ; TO POTAMI, 2,25 %. La composition du Parlement sous l’ère du gouvernement « Tsipras 2 » est la suivante : 145 sièges pour Syriza (-4) ; 10 sièges pour l’ANEL (-3) ; 75 sièges pour Nouvelle Démocratie (-1) ; 18 sièges pour Aube Dorée (+1) ; 17 sièges pour le PASOK (+4) ; 15 sièges pour le KKE (=) ; 11 sièges pour TO POTAMI (-6).

Echec d’Unité populaire, scission de Syriza

Enfin, il faut noter l’échec cuisant du nouveau parti Unité Populaire, né de la scission à gauche de Syriza, qui reste à la porte du Parlement. Dirigé par Panagiotis Lafazanis, ancien ministre de l’environnement, de l’énergie et de l’industrie dans le gouvernement Tsipras 1, Unité Populaire recueille 155 242 voix, soit 2,86 % des suffrages (et 1,57 % du corps électoral) contre les 3 % requis pour obtenir un siège. Les masses n’ont pas oublié que Lafazanis et ses séides ont directement participé à la trahison de Syriza.et ont compris qu’on ne refait pas du neuf avec du vieux !

Evidemment, la réélection de Tsipras n’a pas fait hurler la bourgeoisie et sa presse. Au contraire. Les capitalistes sont sûrs d’avoir trouvé en SYRIZA un partenaire stable et apte à assurer la continuité de la politique dictée par la Troïka. Cette assurance est d’autant plus forte que 86 % de la représentation parlementaire est issue d’un parti qui a voté pour l’adoption du troisième plan d’aide !

Tsipras félicité par Hollande et Juncker

A l’annonce des résultats, Jean-Claude Juncker, Président de la Commission, donne le ton : « la Grèce doit désormais mettre en place les réformes dans les temps », tandis que Jeroen Dijsselboem, Président de l’Eurogroupe, se dit « prêt à travailler en étroite collaboration avec les autorités grecques et à continuer d’accompagner la Grèce dans ses efforts de réforme ambitieuse . » François Hollande prédit, lui, que « la Grèce va connaître une période de stabilité avec une majorité solide. »

Pour la porte-parole de Syriza, Olga Gerovassili, « Ce sera un gouvernement d’un mandat de quatre ans avec une majorité parlementaire forte, qui mettra en œuvre le programme qu’il a promis. Il poursuivra les négociations difficiles avec les créanciers, conscient que ce sera le début d’une bataille. »

D’une bataille contre qui ? Contre la classe ouvrière et les masses grecques !

Contrairement au pari pris par Hollande, il est évident que la réélection à la Pyrrhus de Tsipras ne règlera pas la situation et n’empêchera pas la lutte des classes de s’intensifier encore. A suivre.

Wladimir Susanj, le 23 septembre 2015

Modifié le vendredi 02 octobre 2015
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