Obama ou Clinton : et alors?

Etats-Unis : vers les élections présidentiellesA quelques mois des élections présidentielles américaines de novembre 2008, la campagne pour la désignation des candidats a pris un tour inattendu pour les " observateurs " et autres " politologues ". Le pronostic allait de soi, le Parti démocrate récupérerait la Maison Blanche et sa candidate serait Hillary Clinton. Le point deux du pronostic est en ce moment complètement déjoué. En effet c'est le sénateur noir Barack Obama qui fait la course en tête, ce qui était loin, très loin du scénario prévu. Pourquoi ? Depuis très longtemps on n'avait vu dans la population américaine un tel engouement pour la désignation des candidats à la présidence. Derrière la façade du pays le plus riche du monde quelle est la situation réelle de la masse des travailleurs de ce pays ? Quelques chiffres pour mieux comprendre : 47 millions d'américains sont sans assurance maladie, 2,2 millions de plus qu'en 2006, soit un sur six et cette proportion est nettement plus élevée chez les Noirs et les Hispanos. En 2007, 212 000 emplois industriels ont disparu. Des milliers de travailleurs se voient saisir leur logement suite à la crise du crédit (les subprimes) particulièrement dans les états où le tissu industriel est atteint par les délocalisations. Et par-dessus tout le bourbier irakien dans lequel, depuis cinq ans, l'armée du plus puissant pays impérialiste du monde patauge dans le sang et la boue, à ce jour plus de 4000 soldats américains tués et 25 000 revenus mutilés, détruits psychologiquement.

La récession en marche

De fait les Etats-Unis sont plongés dans une crise économique et politique qui s'est exprimée dans la défaite du Parti républicain, le parti du Président Bush, aux élections au Congrès en 2006, avec au centre le rejet massif de la guerre en Irak. Le Parti démocrate devenu majoritaire au Congrès n'a pas pour autant rompu sur le fond avec la politique de Bush, il a voté toutes les augmentations des budgets de guerre pour l'Irak et l'Afghanistan, ainsi que les diminutions d'impôts pour les riches. La crise politique ne s'exprime pas seulement sur le terrain électoral, mais aussi sur le terrain de la lutte des classes avec la récente grève des scénaristes du cinéma et de la télévision, celles des ouvriers du pétrole en Californie, des ouvriers de la General Motors, des employés du transport à New York et les puissantes manifestations de millions d'ouvriers immigrés en 2006 qui, de Chicago à Los Angeles, se sont dressés contre les projets de loi anti-immigrés.

Espoirs de changement

Bush dans son dernier discours devant le Congrès a réaffirmé son orientation politique : diminutions des dépenses de santé, d'éducation et d'aides sociales ; diminution des impôts pour les riches et augmentation du budget de la défense qui atteint le chiffre phénoménal de 500 milliards de dollars. C'est sur le rejet de cette politique que surfe Barack Obama, il exploite le mécontentement populaire et les espoirs d'un changement profond que l'épouse de l'ex-président Bob Clinton ne peut incarner, car trop liée à l' " establishment ". A la télévision retransmettant la finale du championnat du football américain, le " super-bowl ", Barack Obama a fait passer une publicité dans laquelle on pouvait voir des images de manifestations, de rassemblements, de pauvreté, de destructions écologiques, de destructions dues à la guerre. Ce discours a suscité beaucoup d'espoirs, particulièrement parmi les noirs et la jeunesse qui sont venus en masse dans les réunions du Parti démocrate pour le soutenir et voter pour lui parce qu'il est noir, parce qu'il dit ne pas soutenir la guerre en Irak, deux raisons majeures, la première représentant quelque chose d'inouï aux Etats-Unis.

Quelle différence ?

Au-delà des discours, il est bien difficile de voir la différence de politique entre les deux candidats du Parti démocrate. Ils ont voté pour la loi sur l'immigration autorisant la construction d'un mur tout le long de la frontière avec le Mexique et l'expulsion de 5 millions d'immigrés. Ils ont tous les deux soutenu la poursuite de l'occupation de l'Irak. De la même façon qu'ils soutiennent l'état d'Israël contre les Palestiniens et condamnent Chavez, le Président du Venezuela.

Barack Obama et Hillary Clinton peuvent dire beaucoup de choses pour gagner des voix. Mais comme dirigeants d'un des deux principaux partis contrôlant la politique des Etats-Unis, ils ne sont pas liés aux sentiments anti-guerre de la majorité de la population, mais à la défense des intérêts du gouvernement américain à travers le monde.

Le véritable changement ne peut résider que dans la lutte menée par la classe ouvrière et la jeunesse contre la guerre et pour leurs revendications.
Modifié le mercredi 02 avril 2008
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