Premières leçons

Brésil : après les élections municipalesl'issue du second tour des élections municipales, les premières sous un gouvernement fédéral du PT, confirme les leçons du premier tour, avec la perte par le PT des principales villes du pays, telles Sao Paulo et Porto Alegre. Le processus de rupture de la direction du PT avec sa base traditionnelle est, sans le moindre doute, irréversible. Appréciation de ce scrutin municipal à valeur nationale : la parole à Joao Batista Araujo, dit " Babá ", député fédéral, dirigeant du Parti Socialisme et Liberté (P-SOL).La majorité de la presse et les partisans du gouvernement fédéral insistent sur l'avancée du PT dans ces élections, qui le mettrait dans une situation confortable pour la bataille électorale de 2006 [élections générales : présidentielles, législatives, gouverneurs, ndlr]. De leur côté, nombre de nos camarades se demandent légitimement si le PT sort effectivement renforcé et quelle sera la conséquence pour les travailleurs. Le PT progresse indiscutablement en nombre absolu de voix et en nombre de mairies conquises. Il passe de 13,5 à presque 16 millions de voix, et de 187 à quasi 400 municipalités. Il est élu ou réélu dans 6 capitales d'état (Belo Horizonte, Récife, Aracuju, Macapa, Rio Branco, Palmas) et se retrouve au second tour dans 9 autres. Mais l'analyse ne peut se contenter de ces éléments quantitatifs.

Le paysage a changé

Il est exact que les deux partis qui sortent gagnants sont le PT et le PSDB, sans perdre de vue que le PMDB reste le premier en nombre de municipalités - il en contrôle plus de 1 000. Le PT et le PSDB se ressemblent de plus en plus : ils défendent la même politique économique, ils ont recours aux mêmes méthodes de corruption, réalisent le même type d'alliances pragmatiques, utilisent le pouvoir économique et se réduisent à des machines électorales brassant des dizaines de milliards. Mais de là à conclure que le PT sort très renforcé et que le chemin de 2006 est dégagé, il y a loin. Le vote a été sans enthousiasme, sans espérance ni illusion. Le traditionnel " paysage " des campagnes antérieures a changé : au lieu de militants avec des drapeaux et des convictions politiques, des chômeurs recrutés pour la campagne électorale ; au lieu de manifestations et d'actions de masse, de maigres meetings sous forme de shows très coûteux. Non seulement le PT n'est pas parvenu à capter l'attente électorale de la population travailleuse, mais à mi-campagne a eu lieu l'un des plus puissants mouvements de grève de ces dernières années, une grève longue et dure des employés de banque dans laquelle s'est cristallisée une véritable rébellion contre la bureaucratie " pétiste ", battue lors des votes en assemblées générales de grévistes dans tout le pays.

Le PT touché au coeur perd Sao Paulo et Porto Alègre

Souvenons nous que, dans l'euphorie de sa conquête du gouvernement fédéral, le PT se voyait encore en début d'année passer de 187 à 800 municipalités. Ensuite, il a ramené ses objectifs à 660, et le 3 octobre à 500. Il devrait en fait se contenter d'un peu plus de 400 communes. Dans l'état de Sao Paulo, le PT connaît des échecs retentissants. Cet état est le coeur du PT, ses principaux dirigeants en sont issus. àla perte probable de la capitale Sao Paulo s'ajoutent les défaites à Sao Bernardo do Campo, berceau de Lula et du PT, à Campinas, à Franca et à Riberão Pretto, sans compter la défaite quasi inévitable à Porto Alegre.

Ruptures dans l' avant -garde ouvrière

Le résultat électoral n'interrompt ni ne recompose le rapport du PT avec sa base traditionnelle, les travailleurs et le peuple, car il s'agit d'un processus irréversible et qui s'approfondit. Bien qu'il soit évident que pour un important secteur l'expérience avec le PT n'est pas close, le PT a perdu l'essentiel, à savoir ses militants les plus aguerris, le meilleur de son avant-garde ouvrière et populaire, ceux qui sont dans les grèves et solidaires des actions du MST. Ces militants et militantes socialistes, qui luttent contre le FMI, l'ALCA et l'impérialisme, rejettent la conciliation avec les maîtres du pouvoir, comme le Groupe Globo, les multinationales et les grands propriétaires fonciers. Ces secteurs, qui constituent le meilleur de la jeunesse, des intellectuels et des travailleurs, ne reviendront jamais au PT. La débauche d'alliances et de pactes sans principe a accéléré de nouvelles ruptures de pétistes s'orientant vers le P-SOL comme une alternative de gauche cohérente et conséquente. Les signatures pour légaliser le P-SOL, collectées durant les mois de campagne électorale, 260 000 dans l'ensemble du pays, et plus de 52 000 le seul 3 octobre, confirment cette situation.

Propos recueillis par élie Cofinhal
Modifié le jeudi 23 juin 2005
Voir aussi dans la catégorie Brésil
Pour le Parti des Travailleurs et Lula, la conciliation de classes vaut mieux que chasser Bolsonaro !Pour le Parti des Travailleurs et Lula, la conciliation de classes vaut mieux que chasser Bolsonaro !

Trois mois après le début de la mobilisation contre le gouvernement du président Bolsonaro, La Commune a souhaité donner la parole à Verónica O'Kelly, l'une des porte-parole d'Alternativa...

Communiqué de presse de La Commune, section française de la Ligue Socialiste InternationaleCommuniqué de presse de La Commune, section française de la Ligue Socialiste Internationale

Brésil, écoute : ta lutte est notre lutte ! Demain, samedi 19 Juin 2021, le peuple brésilien va descendre dans la rue pour exiger le départ du président Jair Bolsonaro. Déjà le 29 mai dernier,...

Dilma Rousseff et Michel TemerL’Amérique latine et les défis de la gauche

L’Amérique latine entre dans une phase de changements, avec de nouveaux processus, de nouveaux gouvernements, l'échec de projets antérieurs et une nouvelle politique des USA vis à vis de la...

Crise politique au BrésilCrise politique au Brésil

Le 18 avril, la Chambre des députés du Brésil a voté en faveur de la destitution de Dilma Roussef, au pouvoir depuis 2010 et réélue en 2014. Une large majorité a voté la destitution, à...

En défense de la vie du député Marcelo Freixo

Nous en appelons à tous les partis et syndicats, aux associations de défense des droits de l'homme pour qu'ils s'associent à la campagne internationale de solidarité avec Marcelo Freixo député...

Lula en échec

À la suite du premier tour des élections présidentielles, le Président brésilien sortant, Lula, se retrouve en ballottage avec 48,61 % des voix, alors qu'à la mi-septembre les sondages le...



HAUT