Dehors les généraux !

BirmanieLe 15 août dernier, la junte au pouvoir depuis 1962 a décrété le décuplement des prix de l'essence et d'autres produits de première nécessité ! Pour une fois, ces hausses brutales, qui ont tant affecté la vie quotidienne de dizaines de millions de Birmans, n'étaient pas demandées par le FMI. En fait, Zhanh Suve, le n° 1 de la junte anonyme au pouvoir depuis presque un demi-siècle, a des problèmes de liquidités. Comme chez beaucoup de despotes, la paranoïa et la superstition font bon ménage ...N'a-t-il pas modifié les billets de banque en créant des multiples de neuf, chiffre que ses mages personnels lui ont présenté comme bénéfique ? N'a-t-il pas déplacé la capitale de plus de 400 km, en pleine jungle, sur le conseil des Raspoutine locaux ? Les conséquences n'ont pas tardé. À l'image de la lame de fond de 1988, qui avait destitué son prédécesseur Ne Win avant que la junte ne massacre 3000 manifestants, ce crime collectif précédant d'un an celui de Tian An Men à Pékin, chez le protecteur de la junte, la mobilisation populaire a atteint une très grand ampleur. Cette fois, le mouvement est parti des bonzes. Il faut savoir que le bouddhisme est la religion nationale et qu'être bonze ne signifie pas être membre à vie du clergé local. Beaucoup de jeunes sont bonzes pour un an ou deux autour de leurs vingt ans, simplement parce que les bonzes vivent de l'aumône et que, dans les familles nombreuses, cela fait autant de bouches en moins à nourrir. On redevient bonze sur le tard, et c'est autant d'années de gagnées pour survivre. Il existe évidemment un clergé permanent, mais celui-ci n'est guère présent dans la population. Dans la représentation mentale de ce peuple encore engoncé dans ses croyances, attenter à la vie d'un bonze est le crime suprême . D'où la réaction très calculée de la junte, qui a procédé à plusieurs milliers d'arrestations, de bonzes comme de civils, sans se livrer à une boucherie à ciel ouvert quotidiennement, contrairement à 1988. La population a manifesté par procuration son soutien aux bonzes, lesquels ne pouvaient que manifester puisque la hausse brutale du coût de la vie les privait des aumônes, chacun songeant d'abord à survivre avant de penser à verser son obole.

Que faire face à la répression ? Il est symptomatique de voir que l'UMP a manifesté (300 personnes) à Paris et que Sarkozy demande à Total d'arrêter d'investir en Birmanie, chose faite depuis 1990. Ça ne mange pas de pain.

Nobel emprisonné

Le prix Nobel Aung San Suu Kyi est toujours cloîtrée depuis sa victoire aux législatives de 1990, lors desquelles son parti avait obtenu 80 % des voix, avant que la junte n'annule le scrutin qu'elle avait pourtant organisé deux ans après la répression de 1988. La junte a l'appui du gouvernement chinois, composé de misérables renégats staliniens recyclés en champions de l'économie de marché et en nouveaux concurrents des puissances impérialistes occidentales traditionnelles.
Modifié le dimanche 21 octobre 2007
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