Une rentrée pas comme les autres

ArgentineLa rentrée des classes en Argentine, fin février et début mars, nous sommes dans l'hémisphère Sud, a commencé par une mobilisation sans précédent des instituteurs combattant pour une augmentation de salaires, contre l'accord signé entre le dirigeant Hugo Yasky de la CTREA (syndicat des instituteurs) et Filmus, le ministre de l'éducation nationale du gouvernement Kirchner, prévoyant de porter le salaire de base à 1 040 pesos, alors que le " panier de la ménagère " est évalué à 2 400 pesos.Pendant des semaines, la quasi-totalité des 23 provinces que compte l'Argentine a vu les instituteurs se lancer dans la grève sans le soutien de la CTREA ni de la CGT, multipliant les manifestations, les barrages routiers, recevant l'appui majoritaire des parents de leurs élèves en dépit de la gêne causée par les écoles fermées.

Les six à sept semaines de grève, les manifestations par milliers, les caravanes ou les grèves de la faim n'avaient pas entamé la détermination du gouvernement de Kirchner, soutenu de fait par la direction de la CTREA. Il a fallu l'assassinat de l'instituteur de Neuquen Carlos Fuentalba, au début du mois d'avril, pour que Hugo Yasky appelle à la grève nationale pour le lundi 9 avril.

Grève générale

La lutte des instituteurs a alors pris une dimension nationale. Le 9 avril, c'est une grève générale des enseignants. Des jardins d'enfants jusqu'aux universités et même dans les écoles privées, les classes se sont trouvées vides de leurs élèves, tandis que les rues se remplissaient dans près de trois cent localités à l'échelon national, regroupant plus de deux cent mille enseignants manifestants.
Les applaudissements de millions de salariés au passage des cortèges ont montré, et de quelle manière, la sympathie de l'ensemble de la population ouvrière à l'égard des enseignants en grève pour leur salaire. Les commerçants ont mis des affiches proclamant : " Nous sommes tous des Fuentealba ".

Du haut des buildings et des bureaux dans tout Buenos Aires, au passage des manifestants, pleuvaient des papiers portahnt des messages de solidarité. Il s'agit de la plus grande grève nationale depuis 2003, année de l'accession de Kirchner à la Présidence.

Sobisch, démission !

l'assassinat de Carlos Fuentealba a déclenché une telle colère que la population de Neuquén (205 000 habitants), la capitale de la province du même nom, en Patagonie, au pied des Andes, a envahi, avec trente mille manifestants, les rues comme jamais elle ne l'avait fait. Ici, les instituteurs en grève depuis plus d'un mois sont soutenus par tous les travailleurs de la Fonction publique, par les ouvriers céramistes, par les employés des hôpitaux, par les étudiants. Sobisch, gouverneur de la province de Neuquén, candidat aux élections présidentielles, a dû s'habiller en policier pour pouvoir sortir de la Maison gouvernementale assiégée par les instituteurs, criant : " Sobisch assassin, démission ! ".

De nouveaux militants

Du Nord au Sud s'est exprimée en Argentine, à travers la lutte des instituteurs, une lutte pour le maintien du pouvoir d'achat, contre le gouvernement Kirchner et les différents gouverneurs de province qu'ils soient du Parti justicialiste (péroniste) ou de l'Union civique radicale (UCR).

La nouvelle génération de militants qui s'est révélée dans l'organisation démocratique de la grève à travers les assemblées générales qui, à l'exemple de celles de provinces de Salta, Neuquén ou de Santa Cruz, cette dernière gouvernée pendant plus de dix ans par l'actuel Président Kirchner, démontre que la flamme de l'insurrection populaire de décembre 2001, " l'Argentinazo ", n'est pas éteinte. Ce combat, à n'en point douter, trouvera son prolongement dans les élections présidentielles qui vont avoir lieu cette année.
Modifié le mercredi 09 mai 2007
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