Pour une seconde indépendance

Dans le cadre de la campagne politique décidée par le Congrès du MST (Mouvement Socialiste des Travailleurs), Alejandro Bodart et Vilma Ripoll – candidats aux élections présidentielles du 25 octobre 2015, précédées par des primaires le 9 août 2015 – parcourent l’Argentine de meetings en réunions publiques. Ce fut d’abord Buenos Aires puis les principales villes de ce pays, grand comme cinq fois  la France : Mendoza, Rosario, Cordoba. Voici des extraits du discours d’Alejandro Bodart à Cordoba.

Pour une seconde indépendance

Le gouvernement dit être fier car il aurait prétend-il fini avec la faim, la misère et la marginalité. Mensonges ! Dans la dernière décennie des millions de dollars provenant de la vente du soja sont tombés dans les caisses du pays mais l’essentiel a servi à payer la dette extérieure. Aujourd’hui nous devons presque le double de ce que nous devions. Rien pour le peuple, voilà pourquoi le kirchnerisme, qui a su attirer la sympathie d’une partie des travailleurs et de la jeunesse, commence à perdre l’adhésion de ces mêmes secteurs qui jusque-là lui faisaient confiance.
Le kirchnerisme fini comme il a commencé avec des poches de pauvreté et le retour du chômage. Il ne peut même pas brandir le drapeau des Droits de l’homme. Il a non seulement criminalisé la protestation sociale mais il existe aujourd’hui des prisonniers pour avoir manifesté.

L’issue est à gauche

Nous sommes convaincus que seule la gauche anticapitaliste, anti-impérialiste, éco-socialiste, peut sortir le pays de la crise, en s’en prenant aux intérêts des capitalistes et en résolvant les problèmes du peuple travailleur.
Alors on nous pose la question : « La gauche pourra-t-elle gouverner ? Parce que vous êtes très dur, il y a des craintes sur les mesures que vous pourriez prendre, vous êtes contre la propriété privée… » Je réponds à ce travailleur, à ce petit commerçant, à cet employé, qui ont peur que la gauche ne leur enlève le peu qu’ils possèdent, qu’aujourd’hui, s'ils courent le risque de perdre leur auto, leur maison, leur emploi et tout ce qu’ils possèdent, ce n'est pas par la gauche mais par le capitalisme.

Un programme pour les travailleurs

En fait, la gauche est la seule qui puisse garantir à chaque travailleur, à la classe moyenne, une maison, une voiture et ce qu’ils faut pour vivre dignement. Seule la gauche a un programme pour résoudre les problèmes.
Nous pourrons résoudre complètement le problème du chômage. Celui des licenciements en les interdisant par la loi. Et si une quelconque entreprise ne peut supporter le coût de ses travailleurs, l’Etat argentin la nationalisera pour garantir la source de travail et la mettra au service de la production nationale. C’est impossible ? Ils veulent se retrouver aux mains du patron yankee de Lear ? Qu’ils y aillent ! Qu’ils s’en aillent ces groupes multinationaux. Cela ne nous pose aucun problème. Au contraire, s’ils s’en vont nous ne nous en porterons que mieux et nous mettrons la production au service de notre pays.

Nous pouvons changer l’Argentine

Ne nous laissons pas tromper par les campagnes qu’ils lancent pour nous faire peur. Ceux qui ont peur ce sont les patrons et les bourgeois qui craignent que, pour une fois, ce soient les travailleurs qui gouvernent, car alors, finie la fête pour eux !
Comment, nous ne pourrions pas ? Aux révolutionnaires de Mai on leur disait aussi, il y a 200 ans, qu’on ne pouvait en finir avec la couronne espagnole. Les puissants mettent toujours en avant l’argument : nous ne pouvons pas. Ce que nous ne pouvons pas, c’est continuer ainsi alors que toutes les richesses partent à l’étranger. Nous déclarerions immédiatement une seconde indépendance et comme pays souverain nous ne paierons plus un peso.

Nous nationaliserons les banques

Nous nationaliserons les banques pour que pas un dollar, pas un « centavo » (centime) ne sortent de ce pays, nous nationaliserons le commerce extérieur, pour que ce ne soient pas les céréaliers et les grands groupes qui fassent ce qu’ils veulent en nous laissant la faim et la misère.
Ils nous disent que sans Monsanto il n’y a pas d’agriculture. Mais c’est justement le contraire : pour Monsanto il y a trop d’agriculture, voilà pourquoi il faut les mettre dehors. Ceci serait une des premières mesures que nous prendrions […]
S’il y a des gens qui ne veulent pas se consacrer à la politique car ils ne gagneraient alors qu'autant qu’une institutrice, tant mieux. Ces gens ne sont pas des amis du peuple.  Ils ne voient la politique que comme une source de profit personnel. Nous n’avons pas besoin de parvenus, ni de patrons, mais de travailleurs dans les charges publiques, dans les assemblées élues, au parlement. Nous avons besoin d’un gouvernement des travailleurs et du peuple. C’est ce qui nous manque. »


Traduction assurée par Paul Dumas, 18 octobre 2014

Modifié le mardi 21 octobre 2014
Voir aussi dans la catégorie Argentine
« La victoire de la légalisation de l'avortement renforce toutes les luttes de genre »« La victoire de la légalisation de l'avortement renforce toutes les luttes de genre »

Le 30 décembre dernier, la légalisation de l'avortement, qui a été l'objet d'une lutte acharnée des femmes argentines depuis des décennies, a été votée par le Sénat argentin. C'est une...

Alternativa Socialista 775Alternativa Socialista 775

Tareas para el año que comienza Las dos crisis. Para hacer un balance del año que termina no puede pasarse por alto que estuvo marcado por dos crisis de magnitudes históricas. La sanitaria...

Le vent de la révolution souffle sur le mondeLe vent de la révolution souffle sur le monde

La situation mondiale vit un changement évident, avec des explosions, des révoltes et des révolutions. Ses causes, ses caractéristiques, ses défis.

Hector DaerRéforme des retraites en Argentine : le bras de fer

En décembre, la situation était extrêmement tendue en Argentine. La mobilisation contre la réforme des retraites a provoqué de violents affrontements à Buenos Aires entre la police et les...

Élections en Argentine : La déroute du péronisme et les perspectives du MSTÉlections en Argentine : La déroute du péronisme et les perspectives du MST

Le 22 octobre 2017, après les primaires du mois d’août, quelque 33,1 millions de citoyens ont été convoqués à des élections législatives partielles afin de remplacer, pour quatre ans, 127...

Le mouvement vers la grève généraleLe mouvement vers la grève générale

Les statistiques indiquent une amorce de reprise économique en Argentine mais, dans la rue, la tension sociale s'accentue en raison d’une inflation à 40 % : Des dizaines de milliers d'Argentins...



HAUT