Pour être une alternative, construisons du neuf

L’année 2015 se termine et nous franchissons une nouvelle étape. La victoire de Macri va lancer de nouveaux défis pour les forces populaires et de gauche. Devenir une alternative pour des millions d’argentins est la tâche à accomplir.

Le premier défi que nous allons rencontrer, sera dans les luttes concrètes qu’il nous faudra soutenir ou organiser contre les mesures d’austérité qui vont être prises. Pour faire face à cette situation, nous partons de la conviction que des milliers parmi les  travailleurs, les jeunes et la classe moyenne, y compris parmi ceux qui ont voté Macri par dépit ou par punition, ne veulent pas non plus subir l’austérité. Par exemple, les travailleurs du journal « La Nacion1 » qui, en quelques heures, se mobilisèrent pour rejeter publiquement la parution de leur propre journal qu’ils jugeaient « imprésentable » ; un exemple qui illustre bien à quel point la majorité populaire ne veut pas d’un retour en arrière et qu’elle n’a pas effectué, au-delà du vote, un tournant à droite. À partir de cette réalité, il faudra manifester dans la rue et organiser chaque lutte là où cela sera nécessaire, la polarisation sociale ne rendra pas la tâche facile au « macrisme » pour imposer ses plans. Ce sera un combat long et difficile.
De plus, au niveau du pays, nous assistons à la crise du « Parti Justicialiste2 » et du « Kirchnerisme ». Plusieurs caciques péronistes ont déjà engagé la bataille pour la direction du parti vaincu, mais la route est semée d’embûches et autres règlements de comptes. Rien de bon ne sortira de cette bagarre.

D’autres courants du « Front pour la victoire3 », sans être membres du « Parti Justicialiste », ne savent plus comment se situer, car le doute et la confusion règnent. C’est la fin d’un projet. Si une seule chose positive en ressort, elle sera portée par la base sociale des travailleurs et des jeunes qui crurent honnêtement à ce projet et qui peuvent s’ouvrir de nouveaux horizons à gauche. Nous verrons si une confluence s’organise entre la gauche et une partie de cette base sociale, la plus impliquée dans la voie du changement et de l’émancipation.

Que faire ?

Dans ce scénario, il est clair que la gauche dans son ensemble n’apparaît pas comme une alternative pour des millions d’électeurs. Dans le meilleur des cas, nous sommes vu comme des militants, des opposants conséquents, un courant politique qui, au mieux, ne peut obtenir que quelques députés. Elle ne peut dépasser ce stade à cause, en premier lieu, du « FIT4 » qui a rejeté toutes les possibilités d’amélioration de la situation. C’est pour cela que nous proposons de travailler unitairement avec tous ceux qui veulent en finir avec cette conjoncture politique qui nous affaiblit.
Par trois fois durant ce scrutin, le FIT a rejeté nos propositions unitaires : à l’occasion des votes pour les pré-candidatures, il a refusé une candidature unique de toute la gauche ; au premier tour de l’élection il a refusé tout appel au vote unitaire pour leur candidat ; et enfin, au deuxième tour, il a refusé la proposition d’une campagne commune pour le vote blanc. Une telle attitude est un obstacle à la construction d’une gauche candidate au pouvoir. Si le FIT s’ouvre au débat démocratique, il sera le bienvenu, mais il sera bientôt trop tard.

Nos perspectives

La victoire de Macri place ce débat au premier plan. La priorité réside dans la construction d’une grande alternative unitaire de gauche, avec un programme anticapitaliste et anti-impérialiste, avec pluralité de courants et de tendances, sans « droit d’admission » ou droit de veto.
À l’aube de l’année 2016, le MST-Nouvelle gauche met toute sa force et tous ses militants au service de cet objectif. Nous ne voulons pas d’un projet limité, sectaire et sans vocation majoritaire. Nous voulons être une option de gouvernement, la représentation d’une nouvelle majorité populaire, conscients que sans un programme clair, sans élargissement, il est impossible d’atteindre cet objectif. Retroussons nos manches et travaillons à ce nouveau regroupement.

Sergio Garcia,
Directeur de la revue « Nueva Izquierda »,
dirigeant du MST.
Buenos Aires, 26 novembre 2015
Extraits traduits par Paul Dumas

1 Journal de la droite argentine

2 Parti péroniste

3 Coalition électorale autour de l’ex-présidente Cristina Kirchner

4 Front de gauche et des travailleurs : Bloc électoral de trois organisations se réclamant du trotskysme (3% aux élections présidentielles)

Modifié le lundi 07 décembre 2015
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lundi 07 décembre 2015

Sommaire : • Editorial : Unité nationale et état d'urgence contre les travailleurs • Chronique d'une chute de régime : Vers un front « national » • Appel des 333 • Dossier du mois : L’état d’Urgence et la Guerre au Moyen orient • Amendement Ayrault sur la CSG et la prime d’activité • La CFDT, branche "salariés" du MEDEF ? • Argentine : Pour être une alternative,...

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