Pourquoi nous avons claqué la porte du NPA…

Communiqué de La Commune - Pour un parti des travailleurs, 20 août 2014

Le 11 juin dernier, à l’initiative du Comité NPA Pays Basque, c’est-à-dire de l’écrasante majorité des militants du NPA du Pays Basque, nous avons décidé de claquer la porte du NPA et de nous constituer en « La Commune (Pour un parti des travailleurs) », en référence à la Commune de Paris, aux Communards de 1871. Nous sommes à ce jour une bonne centaine de militants, provenant, outre le Pays Basque, de tout l’hexagone : Paris, région parisienne, Oise, Angers, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Côte d’Or, Morbihan, Landes…
La plupart d’entre nous était entrée au NPA en 2009, au moment de sa création et plusieurs étaient délégués au congrès de fondation. Nous avions alors considéré, comme des milliers d’autres militants, que le NPA pouvait être un point d’appui à la construction d’un parti des travailleurs en rupture avec le stalinisme et la social-démocratie, un parti pour l’action ouvrière et internationaliste indépendante. Nous avions alors mis de côté notre appréhension de voir se constituer finalement une LCR bis et avons engagé loyalement la construction du NPA, plusieurs d’entre nous intégrant alors sa direction, le CPN, (Comité politique national) ainsi que divers organismes et comités. Nous avons par exemple été aux avant-postes pour aider le camarade Philippe Poutou dans l’obtention de parrainages pour qu’il puisse se présenter à la Présidentielle. Il est un fait connu de tous : nous avons, en Pays Basque, recueilli un nombre de parrainages parmi les plus importants de tout l’hexagone. C’est dire l’engagement sans faille ni retenue qui a été le nôtre.

Malheureusement, force est de constater qu’en 5 ans, de 2009 et à 2014, le NPA est passé de 9300 membres à son Congrès de fondation à environ pas plus d’un millier à ce jour, une hémorragie inouïe, sans précédent par son ampleur et sa rapidité parmi les organisations qui se disent révolutionnaires ! Ses effectifs actuels sont moindres que ceux de la LCR à la veille de sa décision de créer le NPA en 2008 (qui étaient alors d’environ 1800 membres)
Sur le plan électoral, il a été laminé, réalisant des scores confidentiels, sans commune mesure avec ceux de Besancenot sous l’étiquette LCR.

Pourquoi une telle faillite ?

Ce constat ne relève bien entendu pas de la fatalité.
En fait de « parti large », le NPA a été réduit en à peine trois ans en bouillie par la clique dirigeante, issue de la LCR, qui a dès le départ confisqué la direction pour s’y accrocher. Le NPA est devenu une secte bureaucratique, petite bourgeoise, étrangère à la population laborieuse, ouvrière et jeune, à ses besoins vitaux, et politiquement inféodée au « Front de gauche » Et ce, en dépit de la résistance de nombreux militants qui se sont opposés à cette dérive.
Incapable de comprendre la réalité de la situation, sceptique, véritable girouette déclarant tout et son contraire selon les jours, soumis à la pression constant du Front de Gauche, le NPA n’a pas de boussole. Cette situation est aggravée par sa balkanisation du fait de la mosaïque de courants qui se battent pour le contrôle de la direction et du (petit) appareil. De fait, le NPA a tourné le dos aux millions de travailleurs qui, de plus en nombreux, font la grève du vote à chaque élection. Incapable de « surprendre la voix des masses », le NPA a caractérisé le mouvement abstentionniste comme une prétendue apathie des masses, concluant à un « rapport de forces défavorable aux travailleurs » et rendant ces travailleurs responsables de ce prétendu rapport de forces défavorable.

Minuit dans le siècle ?

A l’heure où les travailleurs et les jeunes, dans la foulée de l’abstentionnisme en masse cherchent les voies et les moyens de l’action unie, en rupture avec le gouvernement Hollande-Valls et l’UE (comme l’ont démontré le mouvement des bonnets rouges, ( désavoué par une bonne partie de la direction du NPA), la grève des cheminots et la mobilisation en ce moment contre la complicité de Hollande avec l’Etat d’Israël), le NPA ne voit que « la montée de l’extrême-droite » et voit « la main » de l’extrême droite partout ! Nous sommes en désaccord avec cette appréciation d’ensemble de la situation politique qui conclut au fait qu’il serait pour la direction du NPA « minuit dans le siècle » ou, ce qui revient au même, minuit moins le quart ! C’est vouer la classe ouvrière et les masses opprimées à l’impuissance. Sans nous !
Tout comme la LCR en 2002 ( qui avait appelé à voter Chirac au second tour, rappelons-le), le NPA se place sur le terrain de l’Union sacrée contre « l’extrême droite » n’hésitant pas à manifester au coude à coude avec les « Jeunesses Socialistes » et les Jeunesses Communistes pour « protester contre le vote FN », au son de la Marseillaise, drapeau français en tête, dans des cortèges qui dénoncent les « abstentionnistes » comme les responsables de tous les maux. Voilà qui ne peut que faire le lit de l’extrême droite, en la mettant en relief, en la plaçant au centre de la vie politique, en lui accordant une importance et une audience disproportionnée, qu’elle n’a pas encore fort heureusement. Le tout pour le plus grand bénéfice de l’ennemi principal des masses : le patronat et le gouvernement qui est tout dévoué à son service.
Le NPA a même vu la main de l’extrême-droite jusque dans les rangs des manifestations et grèves des cheminots. L’appréciation que porte le responsable NPA-Cheminots est sans appel : les grévistes seraient « sous politisés » !! Le seul bilan que ce « parti » tire de cette grève pourtant annonciatrice de l’explosion sociale qui se prépare, c’est ce manifestant qui, prétendument, aurait effectué « une quenelle » ou de cet autre chantant « La Marseillaise ». Quand on sait que le NPA cherche son rapprochement, voire sa fusion avec tout ou partie du Front de gauche qui arbore le drapeau tricolore des Versaillais et chante la Marseillaise, entonnée par Mélenchon, à chaque meeting et manifestation, ça laisse rêveur quant aux principes à géométrie variable de la majorité de la direction du NPA.
Toutes ces appréciations qui coupent les ponts entre le NPA et la masse des salariés et opprimés accompagnent une politique qui rejoint en tout point la politique du Front de gauche : opposition en parole au gouvernement, soumission active à celui-ci dans les faits.

De ce point de vue, les municipales et les Européennes ont été un « laboratoire » d’expérimentation de l’orientation du NPA :

Légalisation du cannabis !

En maints endroits, le NPA a fait liste commune avec tout ou partie du Front de gauche aux municipales. Comment est-il possible qu’un « parti anticapitaliste » ait pu être dans la liste « Osons l’autre gauche » à Alfortville, dans le 94, une liste qui déclarait les jeunes chômeurs « inemployables » et réclamait pour eux des « contrats d’apprentissage » sur le tas, c’est-à-dire des « petits boulots » payés en dessous du SMIC, en lieu et place de « un vrai travail, un vrai salaire » ? Il faut dire que le PG a à sa tête un certain ancien ministre délégué à la formation professionnelle dans le gouvernement Jospin et auteur de la loi sur l’ « l’alternance école-entreprise » et « le lycée des métiers » dispositifs qui fournissent au patronat une jeune main-d’œuvre taillable et corvéable. Cet ex-ministre s’appelle…Mélenchon. Pire si l’on peut dire : comment est-il possible qu’un parti « d’opposition de gauche au gouvernement » ait pu se retrouver, au second tour, dans une liste commune avec le PS à Guéret (dans la Creuse), après avoir été dans la liste Front de gauche au premier tour ?
Ou qu’à St Ouen, dans le 93, l’un des axes majeurs de la liste NPA ait été « pour la légalisation du cannabis » ! (http://npasaintouen.blogspot.fr/201...)
Une manière particulière de faire de la politique ouvrière sans doute.
Ou encore ce refus de lutter pour l’abrogation des lois antilaïques de financement de l’école privée, comme à Méry, dans l’Oise où l’un des axes du programme municipal était : « le refus de financer l’école privée, au-delà de ce que la loi impose » ! Au-delà de ce que la loi impose !

Une cinglante déroute électorale

La déroute électorale était inévitable dans ces conditions de capitulation du NPA devant le Front de Gauche et ses composantes, ainsi qu’avec le PS.
A Anglet en Pays Basque, le bilan ou plutôt le dépôt de bilan est pitoyable, navrant :
Aux municipales 2008, la liste LCR recueillait un score honorable de 5,91% et 1020 voix, aux Européennes de 2009, la liste NPA obtenait 4,45 % et 541 voix, aux récentes municipales d’avril dernier, la liste tombait à 3,33% et 601 voix, perdant donc 400 voix par rapport à 2008 avec pourtant beaucoup plus d’inscrits et enfin, lors de ces Européennes, Philippe Poutou a obtenu péniblement 0,60% avec…80 voix ! Inutile de préciser que le NPA local a régressé à une triste poignée de militants. Inévitable.
Aux élections européennes, faisant fi des attentes de nombreux militants de toutes tendances, le NPA, tous courants confondus, a refusé de mener campagne pour la rupture avec l’Union Européenne, ses institutions et ses directives. Ils sont même allés jusqu’à appeler à voter LO, ici et là, un comble quand on sait que Lutte Ouvrière s’est abstenue sur le référendum sur Maastricht, et voit d’un bon œil l’Union Européenne au prétexte délirant que l’UE, vaille que vaille, aurait unifié la classe ouvrière d’Europe ! Unifié ? Ah que non, nivelé par le bas les acquis sociaux plutôt !

Un million d’euros pour la Gauche Anticapitaliste !

Le NPA a été jusqu’à subventionner à hauteur d’un million d’euros un de ses courants (Gauche anticapitaliste) qui l’a quitté avec 400 militants en 2011 car il était pressé de rejoindre le Front de Gauche. Du coup le NPA a dû engager une campagne financière, objectif…un million d’euros, jamais atteinte, même à moitié !
Le NPA a été de toutes les manifestations du Front de Gauche, pare-feu, diversion pro-gouvernementale : « pour la VIème république » (c’est-à-dire la Vème bis, replâtrée) ou « pour la révolution fiscale » (celle qui veut que plus personne ne soit exonéré d’impôts) de Mélenchon-Laurent. Ceux-là mêmes qui, pour le compte du gouvernement et avec lui, se sont dressés contre le mouvement des Bonnets rouges, les traitant de « nigauds ». Ceux-là mêmes qui imposent à la direction de la CGT et des principales centrales ouvrières une politique d’accompagnement des « réformes » gouvernementales et des plans de licenciements.

Recul du mouvement ouvrier ? Le fascisme en marche ?

Nous sommes donc en désaccord avec cette vision pessimiste, qui est désormais la marque d’impuissance de la direction du NPA et qui exprime un manque total de confiance dans les masses opprimées et exploitées. N’a-t-on pas entendu un des principaux dirigeants de la majorité de la direction du NPA, François Sabado, déclarer au Comité politique national ( CPN) du 5 avril 2014 que : « Le recul du PS et de la gauche est un recul du mouvement ouvrier ». Nous sommes en désaccord avec cette appréciation fausse du moment présent, renforcée par un électoralisme sans limites et l’adaptation aux exigences du Front de Gauche. Le même Sabado a encore déclaré au CPN du 1er février 2014 : « La crise politique continue, le processus de décomposition sociale, idéologique et de démoralisation de la classe se fait au profit des fascistes ». Quel aveuglement ! Qui dirige le pays ? Les fascistes ?
Tout le contraire en définitive de la réalité quotidienne et des objectifs affichés au départ de la création du NPA, tout le contraire ! Les discussions de couloirs entre la majorité de la direction et certains dirigeants du Front de Gauche ne viennent que renforcer notre appréciation. Sans nous !

Palestine : « respect des résolutions de l’ONU » !

Sur le plan international, même dérive. Sur l’Ukraine, la majorité de la direction du NPA n’est pas loin des positions de Mélenchon qui a vu dans les événements révolutionnaires de la place Maidan la main des fascistes. Sur la question palestinienne, les communiqués nationaux du NPA se prononcent pour le respect
des résolutions de l’ONU et pour « un Etat palestinien », ce qui revient à « revendiquer » deux Etats, alors que dorénavant, les Palestiniens sont réduits à 3% de leur territoire historique, confinés dans des bantoustans entourés de miradors et soumis au massacre génocidaire de l’Etat d’Israël, bras armé de l’Impérialisme.
Notre position est à l’opposé : pour une seule Palestine, un seul Etat palestinien sur tout son territoire historique d’avant 1947, dans l’unité de ses deux composantes, juive et arabe. Pour ce qui est du : « respect des résolutions de l’ONU », c’est une infamie lorsqu’on sait que ce sont précisément ces résolutions qui consacrent les annexions territoriales successives de l’Etat d’Israël et la poursuite de la colonisation ! Quant à la question nationale, basque par exemple, la poignée de militants qui restent au NPA, confinés à Anglet, se prononce, en cas de référendum sur la question de l’indépendance côté Etat espagnol (Hegoalde) pour l’abstention alors que nous, nous sommes résolument pour mener campagne pour le « oui » à l’indépendance. Bref, nous ne sommes plus d’accord sur grand-chose. Le projet initial du NPA comme parti large, anticapitaliste a fait long feu et la faillite est consommée. Nous ne voulons pas cautionner plus avant cette dérive et capitulation. Voilà les raisons de notre départ.

Courant A&R : une résistance interne impuissante

Certes, il y a résistance interne. Cette résistance s’est incarnée dans le « courant A&R, anticapitalisme et révolution » dont « La Commune » a été une composante constitutive et active. Mais, de peur d’être expulsés ou marginalisés dans le NPA, les animateurs de ce courant, pourtant des militants lutte de classes et de grande valeur, ont fait le choix de la prostration, en se contentant d’essayer de « gauchir » l’orientation prise par le NPA au lieu de rompre avec celle-ci. Le courant A&R a épousé en définitive les grandes lignes de cette orientation qui liquide le NPA en tant qu’organisation indépendante. Comme s’il suffisait de repeindre la façade en rouge ! Dommage, ils seront, s’ils ne se ressaisissent pas, entraînés eux-aussi dans le gouffre de la faillite contre laquelle nous avons, ensemble, combattu.
Telles sont, dans leurs grandes lignes, les raisons qui nous ont conduit à claquer la porte du NPA, devenu un obstacle à l’édification d’un véritable parti « large », c’est-à-dire un parti de classe et de masse. Un parti où militants trotskystes, syndicalistes, libertaires, anarchistes, sans partis, aident les travailleurs, les opprimés et les jeunes à se rassembler au grand jour, à partir de leurs revendications urgentes et de leurs besoins vitaux. Un parti pour l’action indépendante, antibureaucratique, qui exprime le meilleur de la tradition du mouvement ouvrier et non l’inverse. Un parti contre ce gouvernement, sa politique et ses alliés, dont les dirigeants du Front de Gauche. Un parti anticapitaliste, donc révolutionnaire. Pour notre part, nous continuons dans cette voie.

Vive la Commune ! Vive la IVème internationale !
L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes !

La direction de La Commune -(Pour un parti des travailleurs)
Le 20 août 2014

Modifié le lundi 08 septembre 2014
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