Un avertissement

Venezuela : après le référendum du 2 décembre 2007Depuis son accession au pouvoir en 1999, Chávez a bénéficié du soutien sans faille de la classe ouvrière et des paysans pauvres. La raison en est les réformes engagées par son gouvernement, grâce à la rente pétrolière, qui ont permis de faire baisser la pauvreté de 31 % au cours ces neuf dernières années. En avril 2002, la mobilisation des masses fait échec au putsch soutenu par l'impérialisme américain et le gouvernement de Juan Carlos et au lock-out patronal de décembre 2002-janvier 2003.En août 2004, ouvriers et paysans assurent la victoire du non au référendum visant à destituer Chávez, qui est réélu à la présidence en décembre 2006 avec 7 millions de voix. Un an plus tard, au référendum qu'il a lui-même convoqué, Chávez perd 3 millions de voix, l'opposition " progresse " de 200 000 voix, l'abstention est de 44,11 %. Pourquoi ?

Comme il fallait s'y attendre, les médias réactionnaires ont mené une campagne faite de mensonges et de calomnies contre Chávez, la révolution et le socialisme, avec le concours de l'Église catholique, sous la direction de la Conférence Épiscopale, prêchant solennellement contre Chávez et le " communisme athée ", et le soutien du gouvernement Bush.

Offensive de la réaction

Le sabotage économique des propriétaires terriens, des capitalistes, des putschistes de 2002 toujours en liberté, provoque une pénurie de produits de première nécessité. Un récent rapport de Datanalisis, un institut statistique vénézuélien, dévoile que la pénurie de produits alimentaires de base devient intolérable. l'enquête établit qu'il est devenu très difficile de se procurer du lait, du boeuf et du sucre. D'autres produits, comme le poulet, l'huile de cuisine, le fromage, les sardines et les haricots noirs, sont également très rares. Les enquêteurs ont compilé des données à partir de 60 magasins, publics et privés. 73,3 % d'entre eux n'avaient pas de poudre de lait ; 51,7 % ne vendaient pas de sucre raffiné ; 40 % n'avaient pas d'huile de cuisine ; 26 % pas de haricots noirs, un aliment de base, au Venezuela. La pénurie alimentaire et l'inflation galopante affectent en premier lieu les quartiers populaires, qui sont les bastions du chavisme.

Une situation qui n'est pas sans rappeler celle du Chili en 1973 dans les mois précédents le putsch de Pinochet aidé par la CIA contre Salvador Allende.

Rien n'est joué

Pour autant, le véritable rapport de force ne réside pas dans le résultat du référendum qui a résonné comme un coup de semonce, un avertissement des masses excédées du fossé grandissant entre les discours et les actes du gouvernement. Il est dans la comparaison que l'on a pu faire entre les manifestations qui ont clos la campagne référendaire. l'avant-veille du référendum l'opposition est parvenue à rassembler une large foule, mais le lendemain, les avenues du centre de Caracas étaient submergées de rouges. Au grand jour il est apparu évident que la base active des chavistes est huit fois plus importante que celle de l'opposition. La révolution a l'appui sans conteste de la grande majorité des travailleurs et des paysans, mais la politique d'équilibre entre les classes sociales menée par Chávez a été désavouée. Après neuf ans de mobilisation, les masses veulent des actes, et pas de discours, contre les propriétaires terriens et les capitalistes, les gouverneurs, les maires, les ministres et les fonctionnaires corrompus qui parlent du socialisme du XXIe siècle pour mieux saboter la révolution de l'intérieur.

Et maintenant ?

Commentant les résultats, Chávez en a tiré la leçon suivante : " Le peuple n'est pas mûr pour le socialisme et la réforme était trop avancée ... ", ce à quoi il lui est répondu à juste titre, sur le site Aporrea, que ce sont " ses fonctionnaires qui n'y sont pas prêts ". Plus grave encore, fin décembre, le prix du sucre était augmenté, le contrôle des prix assoupli et, cerise sur le gâteau, par décret gouvernemental les putschistes d'avril 2002 ont été amnistiés.

Plus récemment encore, dans une émission de radio, Chávez s'est exclamé : " Nous devons chercher des alliances avec les classes moyennes, nous devons chercher des alliances y compris avec la bourgeoisie. Nous ne pouvons mettre en avant des thèses qui ont échoué dans le monde entier, comme celle de l'élimination de la propriété privée. Ce n'est pas notre thèse ". Pouvons-nous croire un seul instant que les 3 millions de voix qui se sont détournées de Chávez vont être regagnées ainsi ? Cette intervention radiophonique et les mesures prises fin décembre confortent la réaction. Il est évident qu'il faut changer de cap et, dans ce cadre, le prochain congrès du PSUV va être fondamental et les jours qui nous en séparent vont être cruciaux.
Modifié le mercredi 16 janvier 2008
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