En Ukraine, la population ne doit pas se faire confisquer sa révolution

la population ne doit pas se faire confisquer sa révolutionLe week-end dernier, Ianoukovitch, le dictateur ukrainien s'est enfui après plus de trois mois de mobilisation d'une partie de la population et une centaine de morts du côté des insurgés à Kiev. La chute de Ianoukovitch, comme en leur temps celle de Ben Ali en Tunisie ou de Moubarak en Egypte prouve que quand une population est déterminée à s'affronter jusqu'au bout à un pouvoir corrompu et barbare, elle est capable de le faire tomber. C'est une leçon qui vaut partout : ceux qui ont le pouvoir, ceux qui possèdent les richesses ne sont ni invincibles, ni éternels quand ceux d'en bas, les victimes de leur domination et de leur exploitation, se donnent les moyens de les renverser.

La fin d'un règne
Ianoukovitch était un des nouveaux riches nés du croisement entre ex-bureaucrates de l'Est et capitalistes de l'Ouest. Depuis l'indépendance de l'Ukraine, de grandes fortunes comme la sienne se sont érigées sur l'exploitation des travailleurs. Quand ceux qui occupaient la place Maïdan ont organisé la visite de son palais, après sa fuite, les familles venues là avec leurs gosses n'en ont pas cru leurs yeux, dans ce pays ravagé par le chômage et la misère.

Mais pas la fin d'un système
Ceux qui s'installent maintenant au pouvoir veulent juste exercer le pouvoir à leur tour et sont pressés que les manifestants rentrent au plus vite chez eux. Ce à quoi les puissances occidentales et le régime russe travaillent de concert car ils veulent préserver cet ordre mondial nécessaire à la bonne marche de leurs affaires. Car si Obama et l'Union européenne d'un côté, Poutine de l'autre, ont fait monter la mayonnaise entre eux à propos de la mobilisation en Ukraine, ils ont hâte de stabiliser la situation politique au plus vite. l'opposition ukrainienne, coalition d'opposants politiques qui vont de nos centristes à l'extrême droite, est chargée d'assurer le retour au calme. En tant que nouvelle majorité au parlement, elle a annoncé des élections présidentielles et législatives pour mai prochain. Elle a libéré Ioulia Timochenko, femme d'affaires richissime et ex-ministre jetée en prison par Ianoukovitch parce qu'elle rivalisait de corruption avec lui.

Permettre l'expression des intérêts de la population
Mais la révolte de Maïdan a éveillé d'autres espoirs. Des millions de travailleurs ont été licenciés et sont sous la menace de nouvelles mesures d'austérité, celles précisément que l'Union Européenne et le FMI exigent pour débloquer des aides. C'est sur ce terrain que prospèrent les nationalistes d'extrême droite du parti Svoboda en laissant croire que l' " Occident " serait moins rapace que " l'ogre russe ". Cette extrême droite, dont une partie se revendique du nazisme, sort renforcée de ces trois mois de mobilisation et elle alimente la division au sein de la population en fonction des origines et des religions.

Vers une Europe des travailleurs en lutte !
Sur les barricades, il y avait de la colère sociale, semblable à celle des bonnets rouges bretons ou des travailleurs grévistes de Bosnie. Les opposants politiques nationalistes et d'extrême droite se sont évertués à la laisser enfouie, sous les prières et l'hymne national, et ont laissé de côté les revendications d'emploi, de salaire, sans parler du contrôle populaire sur les biens dont s'était emparé le groupe de privilégiés qui avait accaparé le pouvoir.
Mais ce n'est pas terminé. La mobilisation qui a renversé un tyran peut davantage encore. Et pourquoi pas, se muer en élan populaire massif, non pas vers l'Europe des Merkel ou Hollande, mais vers celle de millions de travailleurs de France, d'Italie ou de Grèce, soumis aux mêmes diktats des riches capitalistes.
Modifié le mercredi 26 février 2014
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