Macron tend la main aux bourreaux

Peu présent voire absent de la campagne présidentielle, le sujet de la politique étrangère au Moyen orient vient d’être éclairé lors de l’interview qu’Emmanuel Macron a donné à plusieurs journaux européens le 21 juin. Á son tour, il entend voler au secours du boucher Assad au nom de la « stabilité » et des « intérêts français » qui sont comme toujours ceux des capitalistes et des banquiers.

Macron tend la main aux bourreaux

Voilà ce qu’on peut lire dans l’édition en ligne du Monde 1 : « Mes lignes sont claires. Un : la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis. (…) Nous avons besoin de la coopération de tous pour les éradiquer, en particulier de la Russie. Deux : la stabilité de la Syrie, car je ne veux pas d’un État failli.»

Volte-face ?

La ligne est effectivement claire : le boucher Assad peut continuer à massacrer et à déplacer la population syrienne (6,4 millions de déplacés internes depuis mars 2011 selon les chiffres des Nations unies) sans s’inquiéter et Poutine redevient fréquentable afin d’instaurer une union sacrée des grandes puissances impérialistes contre le seul ennemi désigné : le terrorisme.

Al-Baath , le journal du parti Baas de Bachar El-Assad, commentant les propos de Macron a ainsi titré ce 22 juin : « Les pays occidentaux commencent à faire volte-face et à changer leur position sur la crise syrienne 2 » ; Mais en réalité, le départ d’Assad n’était plus un préalable pour la coalition internationale depuis les négociations de Genève de 2015 : l’afflux de réfugiés en Europe, l’intervention russe et la position américaine (Il ne s’agissait plus de « résoudre le conflit » mais « d’en finir ») annoncent une modification de la stratégie des puissances occidentales. Après avoir voulu chasser Bachar el Assad lorsqu’il n’avait plus aucun contrôle de la situation née de la révolution , l’émergence de forces encore moins maîtrisables que le régime syrien les obligèrent à opérer un tournant stratégique pour contenir le chaos qu’ils avaient eux-mêmes cré é .

Deux camps impérialistes convergents

La main tendue à Poutine participe de ce changement de braquet : il y a aujourd’hui plus de convergence d’intérêt que de divergence entre les deux camps impérialistes.

Macron est sans état d’âmes 3 : « Mais Bachar, ce n’est pas notre ennemi, c’est l’ennemi du peuple syrien (…) Que peut-on faire ? Réussir à travailler ensemble sur la Syrie pour lutter contre le terrorisme et déboucher sur une vraie sortie de crise. »

Voilà, c’est dit : la politique étrangère de la France au Moyen Orient doit être basée sur ses seuls intérêts. Son discours a le mérite d’être clair. Il rejoint d’ailleurs en cela la position défendue par Mélenchon, en parlant du conflit syrien : « Nous n'avons pas d'amis, nous n'avons que des intérêts 4 ». Et pour l’impérialisme français, ces intérêts sont l’accès aux énergies fossiles de la région, mais aussi aux marchés des télécommunications, du luxe, etc. et de la reconstruction à venir.

Main basse sur la Syrie

La politique étrangère française au Moyen-Orient s’assume donc clairement pour ce qu’elle est : un impérialisme exploiteur et oppresseur des peuples. Le vrai virage diplomatique ne se situe pas dans un changement de cap, mais dans le cynisme désormais totalement assumé du chef de l’État.

Macron avance ses pions tricolores, profitant des errements de Trump et de la convergence d’intérêt avec Poutine. Mais le chaos engendré par les puissances impérialistes dans tout le Moyen-Orient depuis des décennies, a atteint un tel degré de dislocation que la stabilisation de la Syrie, même avec l’appui de pouvoirs toujours plus réactionnaires, sera difficile à atteindre.

La seule voie pour la Syrie et le Moyen Orient est le départ d’Assad et de sa clique, le retrait de toutes les troupes impérialistes, de toutes les bases militaires du Proche et Moyen-Orient !

Contre leur impérialisme, notre internationalisme !



Julie Charmoillaux,
29 juin 2017



1 http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/06/21/emmanuel-macron-livre-ses-grands-principes-de-politique-etrangere_5149037_823448.html
2 http://www.courrierinternational.com/article/syrie-la-presse-officielle-de-damas-salue-la-volte-face-de-macron
3 Macron fait également peu de cas du cadre de référence du règlement du conflit votée par le Conseil de Sécurité de l’ONU en 2015 (résolution 2254) qui prévoit la rédaction d’une nouvelle Constitution syrienne et la tenue d’élections sous supervision des Nations unies, signifiant au passage l’inutilité de l’Organisation internationale...
4 https://www.marianne.net/politique/jean-luc-melenchon-ce-qu-il-vraiment-dit-sur-la-russie-poutine-et-la-syrie

Modifié le mardi 27 juin 2017
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