Quel Etat Palestinien ?

PalestineLe 26 septembre à l'ONU, Abbas, représentant de l'Autorité palestinienne, a donc solennellement déposé une demande de
reconnaissance de "l'Etat palestinien". Une telle démarche a suscité des réactions très diverses, indiquant surtout un grand
scepticisme au sein du peuple palestinien, qui considère non sans raison que cette démarche était vouée au fiasco, même si
pour beaucoup de gens "la demande ne peut pas faire de mal". Comme prévu, Obama oppose son veto, tandis que Sarkozy
s'est borné à suggérer que soit offert non pas un siège mais un strapontin d' "Etat non membre".
l'initiative d'Abbas a été présentée
comme une rupture avec l'interminable
processus des négociations
israélo-palestiniennes, marché de
dupes évident dans le droit fil des
accords d'Oslo qui n'ont attribué qu'une
coquille vide en 1993 au peuple palestinien,
avec un Cisjordanie de plus en
plus colonisée par les sionistes en
contradiction avec ce que disaient ces
accords.

Le contenu de l'initiative



Arrêtons-nous un instant sur ce qu'implique
une pareille démarche. Non
seulement elle confirme la reconnaissance
de l'Etat d'Israël mais
elle demande la reconnaissance
des frontières de 1967 c'est à dire
lorsque la Cisjordanie était jordanienne,
la bande de Gaza égyptienne,
et ce depuis la Naqba de
1948, résultat de la monstrueuse
guerre qui vit l'expulsion de
4/5ème des Palestiniens vers les
Etats arabes voisins où ils croupissent
dans des camps, pour ceux
qui vivent encore ou pour leurs
descendants. Rappelons que le
plan de partage lancé par l'ONU
en 1947 attribuait 66% des terres aux
Israéliens et 34% aux Palestiens deux
fois plus nombreux. Ce plan fut refusé
par les Etats arabes et par les
Palestiniens toujours administrés alors
comme mandat par l'Angleterre depuis
1918. La spoliation des Palestiniens par
le sionisme va donc bien plus loin que
l'occupation de la Cisjordanie et de
Gaza. Elle est avant tout incarnée par la
perte des terres, en Galilée notamment
et dans le désert dit du Néguev, qui
n'est en fait que le prolongement du
Sinaï égyptien. La capitulation d'Abbas
va encore plus loin : il demande le gel
de la colonisation, non pas le départ des colons cyniquement installés en violation
des accords d'Oslo. Il évoque l'indemnisation
des réfugiés, en aucun cas
le droit au retour clair et net et bien sûr,
il ne revient pas sur les conquêtes israéliennes
de 1948. Autrement dit, il
demande que soit adoubé le non-Etat
croupion, véritable bantoustan lui même
criblé de mini-bantoustans qu'est l'actuel
territoire de Cisjordanie auquel s'ajoute
la bande de Gaza totalement isolée
du reste. Quant à la reconnaissance
de Jérusalem est comme capitale
palestinienne, que pèse-t-elle à l'heure où Netanyahou expulse en masse les
habitants arabes des quartiers orientaux
de la ville ? Non, décidément cette
initiative ne gène pas beaucoup Tel
Aviv. Pourquoi dès lors Israël s'y oppose-
t-il ? Tout comme Obama et Sarkozy
? Parce que c'est encore trop. Israël ne
veut pas que l'ONU se mêle de ce qu'il
considère comme son pré carré, même
s'il a foulé aux pieds des dizaines de
résolutions votées à l'ONU depuis 63
ans, autant de voeux pieux sur le sort
des Palestiniens.

Où est la solution ?



Aujourd'hui l'Etat sioniste doit faire face à une mobilisation de ses couches
les plus touchées par la politique économique
de Netanyahou, même s'il n y a
aucune illusion à se faire sur l'image du
peuple palestinien véhiculée dans le
cerveau des manifestants. l'intérêt réside
surtout en ceci : les mouvements de
protestation en Israël sont l'expression
de l'écho de la formidable mobilisation
des peuples égyptiens, tunisiens, yéménites,
syriens, libyens. Et c'est par ces
révolutions dites du "Printemps arabe"
que passe la solution au problème
palestinien. Les dictateurs qui ont roulé
dans la poussière comme ceux tel
Assad le sanglant, qui se cramponnent
au pouvoir, étaient des
garants de stabilité pour Israël et
au delà pour le statuquo de l'ordre
mondial, permettant à chacun
d'exploiter les masses en rond.
Nulle part les processus révolutionnaires
ne sont terminés même
si la contre-révolution guette. Si
Israël, demain, se retrouve avec le
couteau égyptien ou syrien sous la
gorge, la situation du peuple
palestinien s'en trouvera décantée.
Alors oui, l'impossible deviendra
possible : une chute de l'Etat
sioniste, une Palestine libérée où la
coexistence des deux peuples sera la
base légale du nouvel Etat, même si les
sionistes devront sans doute subir
quelques dégâts.

Non la Palestine ne s'arrête pas aux
frontières de 1967, oui le droit au retour
n'est pas négociable, oui les systèmes
anti-démocratiques présentés comme
immuables finissent par s'effondrer, les
exemples ne manquent pas depuis
1945, et plus particulièrement depuis le
début de 2011.


Paul Rauschert, 29/09/2011

Modifié le mercredi 28 décembre 2011
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