l'impérialisme dans l'impasse

IrakÀ quarante jours de la passation officielle des pouvoirs à un fantomatique gouvernement intérimaire de l'Irak, l'impérialisme U.S. et son équipe de faucons au pouvoir à la Maison Blanche ne savent plus trouver la porte de sortie. À cela, une bonne raison : il n'y a pas de porte de sortie. l'Irak est devenu, comme certaines maisons dans les contes fantastiques, une demeure sans porte ni fenêtre une fois visitée. l'impérialisme américain poursuivait plusieurs buts : une guerre de rapine, assez visible, un exutoire pour son armement testé in vivo, une mainmise politique enfermant le Moyen-Orient dans une tenaille dont l'autre élément est Israël et dont les proies potentielles seraient l'Iran et la Syrie. Au début des années 90, après l'effondrement du stalinisme, les médias employaient fréquemment l'expression " pax americana ". Ceux qui retrouveraient la poubelle où cette expression a disparu peuvent écrire à la Maison Blanche.En mai 2004, les contrats entre l'armée yankee et la société Kellogg, Brown and Root, filiale de Halliburton, société d'ingénierie pétrolière aux mains de Dick Cheney, s'élèvent à 10 milliards de dollars, réhabilitation des champs de pétrole, approvisionnement culinaire de l'armée et des camps de prisonniers inclus. Le pauvre prétexte des armes de destruction massive a rejoint la pax americana. À ce jour, l'impopularité de la guerre et de l'occupation atteint son comble aux États-Unis et Bush est minoritaire dans les sondages. Les familles de soldats tués, celles de réservistes impliqués dans les meurtres et tortures ont un point commun : elles ne veulent plus entendre parler de Bush. Le très réactionnaire père du premier soldat inculpé pour tortures a déclaré : "C'est Rumsfeld qui devrait comparaître en cour martiale"et le dit Rumsfeld regarde vers Bush qui regarde l'horizon de novembre, échéance électorale capitale pour lui.

Unité Chiites-Sunnites

La résistance du peuple irakien a des faces multiples : si la bannière religieuse sert de ralliement, il ne faut pas s'y tromper : la volonté de chasser l'envahisseur transcende les divergences, Chiites et Sunnites ont rejeté communément les troupes d'occupation de la coalition. Ceux qui se sont commis au gouvernement provisoire le paient très cher : un attentat vient d'en pulvériser le président tournant. Le nombre de morts américains dépasse 750 depuis le début de la guerre en mars 2003, mais désormais plus de la moitié datent d'après la fin officielle de la guerre, proclamée par l'ineffable G. W. Bush le 1er mai 2003. Rumsfeld a prévenu : "il n'y aura pas de miracle le 30 juin, nous ne partirons pas, nous n'imaginons pas que le gouvernement intérimaire nous demandera de partir". Pourtant, au-delà des rodomontades, la question qui empêche des cercles dirigeants de l'impérialisme principal de dormir est bien celle de l'issue. Aucun ne croit plus à une issue pacifique, aucun n'y a d'ailleurs jamais cru, eux qui prétendaient apporter la démocratie et la paix, un Irak nouveau, etc. pour faire souscrire leurs concitoyens à leur politique criminelle. Mais le péril politique double le péril militaire : le mépris des prisonniers, additionné au soutien sonore de Bush à Sharon, a décuplé la haine de milliers d'Arabes et de musulmans contre l'Amérique. Même une armée aux effectifs renforcés ne mettrait pas un terme au problème. La vietnamisation de la guerre s'accentuerait.

Pas d'issue de secours

l'O.N.U. a pourtant tendu la perche aux États-Unis en " légitimant " le 16 octobre dernier la présence U.S. en Irak dans le cadre de la résolution 1511. l'appel quasi permanent à l'embauche de nouveaux États participant à la coalition se heurte aux calculs de chacun des gouvernements sollicités pour lesquels il y a bien plus de périls que d'avantages à débarquer des troupes en Mésopotamie. Mais il ne s'agit pas que de cela. l'impérialisme ne survit que par la guerre et c'est à une économie de guerre que l'impérialisme U.S. est passé depuis 2002 et la mise en route du processus conduisant à l'agression contre l'Irak. Cette donnée reste une constante et, de ce point de vue, la course aux profits des sociétés prestataires des États-Unis en Irak n'est qu'une conséquence de cet impératif de survie du système capitaliste. Impopularité croissante aux États-Unis, passage à la guerre de résistance, puis peut-être à la guerre civile en cas de retrait d'Irak, accroissement des effectifs militaires, vietnamisation avec des conséquences incalculables alors que l'épouvantail "communiste" n'est plus de saison, telles sont les fourches caudines sous lesquelles doit passer Bush ou son vainqueur éventuel aux élections du 2 novembre prochain à Washington. Dans ce labyrinthe, les maîtres de la Maison Blanche vont se heurter à tous les peuples, et en premier lieu à ceux des pays musulmans concernés par le projet fumeux de Bush qui entend réorganiser la vie politique et économique "de la Mauritanie au Pakistan", ce qui laisse perplexe tout ses alliés de l'O.T.A.N. Décidément, jamais l'impérialisme n'a été autant dans l'impasse.
Modifié le vendredi 24 juin 2005
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