Des élections truquées

IrakVingt-deux mois après l'invasion de l'Irak, l'impérialisme américain est plus que jamais dans l'impasse. Incapable de mettre fin à une résistance protéiforme, il s'est empressé de fixer une date arbitraire pour habiller d'un survêtement made in America son fantôme de démocratie : le 30 janvier, les pantins désignés non sans mal par Washington organisent des élections qui s'annoncent d'ores et déjà comme un fiasco, tant les amis irakiens de Washington sont dépourvus de la moindre légitimité populaire.Le vice originel, clairement perçu par le peuple irakien, de ces élections est leur téléguidage direct par l'envahisseur. Le ministre de la Défense a déjà annoncé qu'il ne verrait aucun inconvénient à ce qu'elles soient reportées, provoquant l'ire de son collègue des Affaires étrangères et la déclaration de la Maison blanche prétendant qu'elles seront maintenues à la date prévue " puisque ce sont les Irakiens qui le demandent ". Quels Irakiens ? Allaoui et sa coterie de notables vendus à l'impérialisme le plus puissant de la planète. On chercherait vainement un soutien populaire à cette décision ! On voit même un à un tous les partis sunnites annoncer qu'ils boycotteront ces élections, y compris ceux qui entendaient se présenter. Quant à la fraction chiite proche du pouvoir, elle réclame à cor et à cris un élargissement des invitations aux partis sunnites, sentant parfaitement que sa crédibilité part à vau-l'eau.

Les forces de la résistance, qu'elles soient religieuses, chiites, sunnites ou composées de partisans de Saddam Hussein ou autres, ont multiplié menaces et attentats en direction de ceux qui organisent ces élections ou envisagent de coopérer avec les organisateurs. Le gouverneur de Bagdad vient d'être abattu.

Aucune illusion

Libération rapporte qu'à Bagdad, on connaît le nom du vendeur de cigarettes qui a péri dans l'attentat, mais pas celui du gouverneur. On ne saurait mieux restituer la réalité d'un pays où l'occupation insupportable et meurtrière génère à ce point la haine et le mépris pour les collaborateurs irakiens de G. W Bush. Après le " nettoyage ", pour employer les formules en vigueur dans toutes les armées colonialistes, de la ville de Fallouja, le pôle principal de résistance s'est déplacé à Mossoul (au Kurdistan) et dans la région située immédiatement au nord de Bagdad. Dans ces conditions, les troupes US, qui perdent chaque semaine des dizaines d'hommes, ont du souci à se faire. Une représentation fausse du peuple irakien, un parlement croupion en somme, ne saurait se parer d'un voile de légitimité, si l'on peut dire. Le peuple irakien n'a aucune illusion dans ces élections pipées d'avance et organisées sur mesure pour justifier l'occupation de l'armée de Bush.

Gouvernement "vychiste"

Une carte qu'Allaoui et consorts s'apprêtent à jouer est la dénonciation permanente de l'Iran, accusé de vouloir conserver l'instabilité en Irak et de téléguider les attentats d'Al Ansar, organisation chiite pro-iranienne. Ne pouvant amalgamer l'Iran Chiite et Al Qaïda, Bush va se retrancher derrière le vocable " terroriste " pour préparer les hostilités contre le peuple iranien, coupable d'avoir, en 1979, renversé la dictature de feu le Shah, empereur dans les mains du gouvernement américain. Les effets de la claque subie par Washington il y a presque 26 ans (février 1979) sont toujours ressentis comme une blessure cuisante, et le pétrole iranien échappe toujours aux " majors " américaines. C'est aussi, dans l'optique des gouvernants " vichystes " de Bagdad, l'espérance de réaliser l'union sacrée contre l'Iran, victime d'une guerre provoquée par Saddam, avec l'appui des puissances impérialistes, soulignons-le, entre 1980 et 1988, se soldant par un match nul (donc une victoire iranienne) et surtout des millions de morts dans les deux pays.

Le fer et le sang

l'impérialisme ne survit que par le fer et le sang, et les prétextes légitimant ses invasions se parent toujours du masque de la démocratie. Et même de l'alibi humanitaire, ainsi que le montre l'attitude de Bush et consorts qui, dans le même temps, occupent l'Irak et débarquent en tenue de boy-scout en Indonésie, un carnet de chèques à la main et une mitraillette en bandoulière, dans la province indépendantiste d'Aceh, à Sumatra, ravagée plus que tout autre État riverain par le terrible tsunami du 26 décembre.

Pour écraser la résistance des peuples, en effet, Bush est prêt à tout. Ça, on le savait.
Modifié le vendredi 24 juin 2005
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