Où en est-on ?

États-Unis : après la défaite de BushCommentant les résultats des élections de 2006, le Républicain Bill McInturff a déclaré au Wall Street Journal que les Républicains avaient fait face " au scénario le plus complexe depuis le Watergate ", se référant au scandale qui avait contraint Nixon à démissionner en 1974. Ces paroles sont encourageantes pour quiconque a fêté ces dernières semaines la défaite du parti républicain infligée par des électeurs furieux - pour citer le Président visiblement désorienté, bafouillant et cherchant ses mots, dans une conférence de presse donnée à la Maison Blanche le lendemain des élections.Dans les vingt-quatre heures qui ont suivi la fin du scrutin, nous avons eu le plaisir de voir Donald Rumsfeld beaucoup moins méprisant que d'habitude, ravalant ses larmes pendant la brève cérémonie avant son départ imposée dans le Bureau ovale, juste avant que les conseillers le masquent à la vue de tous.

Le Régime apparemment indestructible de Bush s'est défait avec une rapidité impressionnante quand il a eu à faire face à la rébellion massive des électeurs du mardi 7 novembre. l'idée, largement admise, d'une majorité américaine apathique (et censée s'accommoder politiquement de tout) s'est elle aussi effondrée. Selon une enquête du New York Times, menée à la sortie des urnes, six votants sur dix ont déclaré que leur vote était fondé sur des raisons nationales plus que locales. Le même pourcentage désapprouve la guerre en Irak et pense que cette guerre n'a pas augmenté la sécurité des États-Unis. Six votants sur dix désapprouvent également la façon dont le Congrès accomplit ses tâches.

Un contenu de classe

Il y a eu également dans la victoire des Démocrates un contenu de classe. Plus de la moitié des votants a déclaré avoir juste l'argent nécessaire pour maintenir son standard de vie actuel, tandis que près de vingt pour cent d'entre eux ont affirmé que leur situation financière se dégradait.

Le Wall Street Journal a publié une enquête réalisée à la sortie des bureaux de vote dans laquelle parmi les 51 % disant que leur standard de vie se maintenait, 39 % votaient pour les républicains ; alors que parmi les 17 % qui considéraient que leur situation financière s'aggravait, seulement 21 % votaient pour les Républicains. De fait, 66 % des votants dont le standard de vie s'est à peine maintenu ou s'est dégradé, se sont prononcés pour les Démocrates.

La question raciale a joué aussi un rôle fondamental dans le vote des électeurs, bien que le vote blanc pour les Démocrates ait lui aussi progressé de 41 % en 2004 à 48 % en 2006. Les Afro-américains ont maintenu leur tradition de loyauté au Parti Démocrate par 88 % de voix, en 2006 comme en 2004. 67 % des votants d'origine asiatique ont opté pour les Démocrates alors qu'ils étaient 56 % en 2004. Mais c'est chez les électeurs latino-américains que l'augmentation des voix pour les Démocrates a été la plus importante : 73 % en 2006 à comparer aux 53 % de 2004. Seulement 27 % des latino-américains ont soutenu les Républicains, à comparer avec les plus de 40 % votant pour Bush en 2004.

Le rejet

Bipartisme oblige, la défaite des Républicains a été la victoire des Démocrates. Mais le message est reconnaissable entre tous. Comme le note le Chicago Tribune du 8 novembre " ç'a été une élection beaucoup plus marquée par des sentiments de rejet que d'acceptation ". Mais les élections sont caractérisées le mécontentement à l'égard du Parti Républicain. La victoire des Démocrates a accru les attentes des masses : fin de la guerre en Irak, augmentation du salaire minimum et fin de la corruption politique.

Cette élection a été largement annoncée comme un référendum sur la guerre. Cependant, jusqu'à maintenant, les Démocrates ont seulement prononcé quelques vagues paroles sur le thème d'un " retrait par étapes " des troupes américaines en Irak, dans un avenir non précisé. Ceci n'est pas surprenant, car la défaite des États-Unis en Irak serait au même niveau que l'humiliation subie par l'impérialisme américain au Vietnam. Et les Républicains, comme les Démocrates, étant avant tout impérialistes, sont en faveur de la guerre.

Les Démocrates ne mettront pas fin à la guerre en Irak sans une importante mobilisation des masses, et ceci nécessite des luttes à grande échelle à partir de la base. La voie vers le changement social est ouverte, mais nous devons nous retrousser les manches pour y aboutir.
Modifié le samedi 20 janvier 2007
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