La débacle du Parti socialiste

Etat espagnolLa débâcle du parti socialiste aux élections régionales et municipales du 22 mai ne constitue que le préambule de sa probable défaite aux
prochaines élections législatives de 2012, à moins que la crise aigüe de la situation politique et sociale oblige à les anticiper. Tout cela sur
fond de révolte populaire qui s'exprime à travers les mobilisations des multiples plateformes de défense des libertés démocratiques réunies
autour du mouvement du 15 mai.
Les résultats électoraux catastrophiques
du parti socialiste sont
les plus mauvais depuis la mort
de Franco. Il perd en effet toutes les
capitales de province, à l'exception de
Saragosse, ainsi que les régions autonomes
historiquement socialistes comme
l'Andalousie ou l'Estrémadure qui
tombent également aux mains des franquistes
recyclés du Parti Populaire. Sa
couverture de gauche, Izquierda Unida
perd ses derniers bastions
d'Andalousie, Cordoue notamment,
qu'elle dirigeait depuis 1979, elle est
réduite au rôle d'arbitre entre PP et
PSOE comme dans la Communauté
Autonome d'Estrémadure marchandant
ses voix pour essayer de conserver
quelques strapontins. Ajoutons à ce
chapitre la perte de Barcelone,
Vitoria et San Sébastien par les
socialistes, cette dernière ville revenant
à la nouvelle coalition indépendantiste
Bildu qui a réussi à se présenter
malgré toutes les tentatives
pour empêcher sa légalisation. Au
final les partis nationalistes
basques, catalans, galiciens et
canariens redeviennent les décideurs
d'une possible convocation
d'élections législatives anticipées.



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Unité nationale



Le PP demande à Izquierda Unida, au
PSOE ainsi qu'aux nationalistes catalans
de Convergencia de mettre en
oeuvre dans l'urgence les plans d'austérité,
de privatisations du patrimoine de
l'État et des services publics, de baisses
des salaires et de licenciements
massifs de contractuels, réclamés par
les patrons, la Banque mondiale,
l'Union Européenne et le FMI. La victoire
par défaut du Parti Populaire exige
l'engagement à ses côtés de IU et du PSOE pour la mise en oeuvre des plans
du FMI, alors qu'ils sont déjà aujourd'-
hui conspués par les masses lors des
mobilisations pour les libertés démocratiques
et contre les expulsions de locataires.
C'est ainsi qu'à Barcelone, les
députés PSC, ICV-IU ERC et PP, n'ont
pu rentrer au Parlement catalan que
sous la protection de la police autonome,
à l'abri de la colère des masses
dans les fourgons policiers, pour
approuver le budget, présenté par
Convergencia i Unio, qui consacre le
démantèlement de la santé et de l'enseignement
public, la baisse des salaires,
les licenciements. A Madrid, le dirigeant
de IU s'est fait bousculer et conspuer par une foule de manifestants
mobilisés par la Plateforme contre les
expulsions de locataires, sous les quolibets
de "opportuniste" et de "tu ne
nous représentes pas". Izquierda Unida
tente, comme le PSOE et les ONG, de
phagocyter le mouvement du 15 mai,
prétendant le représenter aux Cortés,
ce qui se traduit par un rejet spontané
de la part du mouvement du 15 mai, qui
se proclame en lutte pour une
"Démocratie Réelle Maintenant".


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Contre la classe ouvrière



La CEOE - les patrons, l'équivalent de
notre MEDEF - cependant, essaie de
mettre à profit les résultats des élections
proclamant à travers ses porte
paroles attitrés la nécessité urgente de
procéder aux réformes du marché du
travail, des retraites, de la négociation
collective, ainsi qu'à des coupes claires
dans les budgets des collectivités locales
et de l'État, pressant José Luis
Rodriguez Zapatero de les mener à terme
au plus vite. Celui-ci avec l'aide des
directions syndicales a promulgué les
lois et décrets nécessaires à la mise en
oeuvre des mesures d'austérité, gel des
retraites et baisse des salaires des
fonctionnaires et des contractuels,
privatisation de l'AENA - gestion des
aéroports - et du le patrimoine
immobilier public. Quant à la loi sur
les Conventions Collectives, il vient
de décréter son application et cela
sans l'accord officiel des partenaires
sociaux, au moyen d'une " sentence
arbitrale " qui donne entière
satisfaction au capital sur les principaux
sujets : flexibilité, suspension
des conventions collectives -
contrats à la carte - et les licenciements
préventifs en cas de difficultés
économiques prévisibles (sic).


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La classe ouvrière de l'Etat espagnol
n'a pas dit son dernier mot. Les mobilisations
de la Puerta del Sol à Madrid et
dans les principales villes de la péninsule
ibérique indiquent le chemin que travailleurs
et jeunes vont emprunter, les
affrontements sont devant nous et la
monarchie héritière du franquisme sera
prise dans la tourmente.


Domingo Blaya, 18 juin 2011





Modifié le dimanche 11 septembre 2011
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