Et maintenant ?

Etat espagnol : Après le succès du 29 marsLe 29 mars des centaines de milliers de salariés, répondant à l'appel des Commissions ouvrières et de l'UGT, ont manifesté
dans les rues de toutes les villes d'Espagne contre la réforme du travail et contre le plan d'austérité préparés par le gouvernement
Rajoy. Alors que les dirigeants syndicaux appelaient le gouvernement à la négociation, en lui laissant un délai de réflexion
jusqu'au 1er mai, celui-ci a immédiatement répondu par la bouche de sa ministre de l'emploi, Fatima Banez : " La loi ne sera
pas changée ! "
Avec l'arrivée du gouvernement
Rajoy, les mesures antiouvrières
entamées par
Zapatero se sont aggravées, contreréforme
du travail, austérité accrue pour
satisfaire aux demandes de l'UE avec
comme objectif le remboursement de la
dette. Ces agressions ont provoqué la
colère d'une classe ouvrière déjà réduite
à la portion congrue quant aux
salaires et à la précarité de
l'emploi par trente trois ans de
dialogue social entre l'État, les
patrons et les syndicats. Et ce
n'est qu'après que les syndicats
nationalistes basques aient
appelé à une grève de 24 heures
le 29 mars que les directions de
l'UGT et des CCOO s'y sont
ralliées contraintes et forcées.


Un premier avertissement





La convocation de la grève dans l'unité
de tous les syndicats, est cependant
une première au Pays Basque, ce qui
a favorisé son étendue et sa suivie
massive. Sa portée se verra néanmoins
limitée par l'absence d'un objectif
politique précis si ce n'est celui de
négocier la modification de cette rétroréforme,
selon les termes mêmes
employés par les dirigeants syndicaux
de l'UGT et des CCOO qui ne parlent
pas, loin s'en faut, de son retrait pur et
simple, bien que telle est l'aspiration
première de la classe ouvrière. Mais
peut-on attendre autre chose de
dirigeants qui ont entériné tous les
plans de restructuration industrielle
engagés par les gouvernements
successifs depuis trois décennies et
qui, tout récemment encore,
s'asseyaient encore à la table des
négociations pour accepter les
propositions patronales de gel des
salaires et de flexibilité du travail ?


Échec du " dialogue social "





C'est cette pratique ininterrompue de la
collaboration de classe, de la
démobilisation perpétuelle imposée par ces
dirigeants qui ont poussé le gouvernement
du PP à oser affronter la classe ouvrière
malgré sa faiblesse manifeste, puisqu'il
vient d'essuyer trois mois à peine après son
investiture deux défaites simultanées aux
élections régionales en Andalousie et aux
Asturies. C'est aussi ce dialogue social
auquel ils font de nouveau appel au
lendemain de la grève qui a empêché les
travailleurs et, derrière eux, toute la
population de se défendre contre les
agressions successives des capitalistes et
de leurs gouvernements Sans un
changement radical de cette stratégie des
dirigeants syndicaux qui nous parlent de
retour aux conditions de travail du XIXe
siècle, car la réforme permet de modifier
les salaires et les horaires de travail, la
mobilité des postes de travail ainsi que les
licenciements, au prétexte d'une baisse des
profits des entreprises et, de plus, elle
abaisse les indemnités de licenciements
de moitié, conduisant, en un mot, à une
classe ouvrière taillable et corvéable à
merci.


Lutte de classes






Sans une intensification de la lutte de
classes, capable de reconstituer les
acquis de la classe ouvrière et de les
étendre, aucune issue favorable aux
intérêts de la majorité de la population
n'est possible. Rappelons que ces
conquêtes sociales, aujourd'hui
supprimées par le décret du
gouvernement du PSOE sur les retraites
et celui de PP sur le travail, furent
arrachées en Espagne en pleine
dictature militaire et qu'elles
commencèrent à être battues en
brèche par les premières
mesures de restructuration
économique du PSOE de Felipe
Gonzalez à partir de 1982 -
mines, sidérurgie, chantiers
navals, banques passèrent à la
guillotine avec un coût d'un million
de licenciements, vouant à la
déchéance des régions entières
et ne s'imposèrent que grâce à
l'appui décisif des directions des CCOO
et de l'UGT qui, depuis, n'ont cessé de
préconiser le dialogue social pour
résoudre les conflits sociaux, n'hésitant
pas à disqualifier la grève comme outil
de défense des revendications ouvrières
(déclarations au journal " El Pais " de
Fernandez Toxo, secrétaire général des
CCOO). Toutes ces attaques ne pourront
être surmontées qu'avec la mise en
oeuvre des méthodes classiques de la
lutte de classes : assemblées générales,
élections de délégués révocables et de
comités de grève, incluant les syndicats
de classe et le rejet de toutes les
entraves à leur action (services
minimums, préavis de grève, piquets),
toutes conditions essentielles à la
réalisation effective de la grève générale.


Le 31 mars 2012


Domingo Blaya
Modifié le mardi 24 avril 2012
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