Le véritable enjeu

La guerre au DarfourDepuis février 2003, la guerre a commencé à ravager le Darfour. Deux organisations se sont constituées pour combattre le gouvernement central du Soudan. à l'origine du conflit, une dégradation considérable des conditions d'existence, à la suite d'années d'une sécheresse particulièrement terrifiante; ce fléau a rompu le fragile équilibre entre sédentaires Noirs (tous musulmans), les Fours, les Massalit, les Zaghawas, d'une part et nomades arabophones d'autre part. Ces derniers ne pouvaient plus faire paître leurs chameaux déjà faméliques et les sédentaires ne pouvaient que défendre les arpents de terre encore exploitables pour nourrir, même de manière insuffisante, les populations villageoises. Il est probable que ces tensions n'auraient pas dégénéré si Khartoum avait apporté de l'aide aux divers peuples sinistrés. Mais le gouvernement Béchir a d'autres chats à fouetter: il est à la tête du plus grand état d'Afrique, qui s'étend de la forêt équatoriale à la frontière égyptienne sur 2700kilomètres du nord au sud, 1900kilomètres d'est en ouest; il mène depuis 1983 une guerre contre les peuples du Sud aspirant à l'indépendance.

Des gisements pétroliers qui intéressent les USA

Rappelons que le Soudan a fait l'objet, en 1998, de bombardements américains qui ont entraîné la destruction d'une usine pharmaceutique soupçonnée à tort (cela a été reconnu par la suite) d'abriter des armes chimiques. Le Soudan est en majorité composé de Musulmans, sauf au Sud.
l'impérialisme principal, les états-Unis, a toujours fixé un oeil attentif sur la région. Cette attention s'est amplifiée avec la découverte et l'exploitation de gisements pétroliers non loin de la Mer Rouge. Depuis, les conflits interminables Sud-Nord, opposant divers peuples au gouvernement central, ont connu une accalmie et les états-Unis ont exercé une énorme pression sur le gouvernement pour qu'il négocie avec la principale faction armée du sud, le SPLA, dirigé par un officier formé en Amérique, John Garang. l'Impérialisme US a toujours veillé à ce que les Noirs chrétiens du sud restent aux bons soins des missionnaires les plus divers, catholiques, protestants, pentecôtistes, adventistes et j'en passe. Un calendrier, censé conduire à un référendum d'ici à 5ans, en vue de la constitution éventuelle d'un état sudiste dont la capitale serait Juba, dans la province bien nommée d'Equatoria, a été établi par les représentants de Washington dans la région, avec le gouvernement soudanais et le SPLA.

La défense des "intérêts" français

Les dirigeants des rebelles sont pour partie des Fours et des Massalit, pour partie des Zaghawas; or ces derniers vivent aussi au Tchad, et le président actuel du Tchad, Idriss Deby, est un poulain de l'élysée, un de ces politiciens africains agréés par l'impérialisme français qui, rappelons-le, n'a concédé l'indépendance au Tchad qu'en 1960. Tout affaiblissement de l'influence de Khartoum sur le Darfour ne peut profiter qu'à son voisin: Khadafi au nord, peut-être, mais les "intérêts français" comme on dit dans la presse, assurément. Si les états-Unis ont déjà préempté l'indépendance future du Sud, Paris, qui a essuyé sa dernière rebuffade dans la région à Fachoda en 1898 face à l'Angleterre, ne peut pas ne pas tenter de freiner cette évidente pénétration américaine. Si les états riverains du Haut Nil sont dans la sphère d'influence américaine (Rwanda, Ouganda), l'Ouest peut être un enjeu, moins pour les ressources que pour la géostratégie de bazar des anciennes puissances tutélaires de l'Afrique centrale et occidentale, au premier rang desquelles la France.

50000 morts en un an

Il y a eu 50000 morts recensés en un an et demi, pour ne citer que les civils tués. Il y faut ajouter les victimes de la famine, de la soif et des dysenteries. "Génocide!" crie Colin Powell, "doucement, il faut choisir ses mots" rétorquent les chancelleries européennes, dont Paris. Moyennant quoi, les trois peuples du Darfour agonisent et des centaines de milliers de paysans se sont réfugiés au Tchad, où l'armée française gère les camps d'accueil. Le simple respect du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes suffit pour exiger le droit à l'autodétermination des trois peuples du Darfour, dont la capitale, El Fascher, est devenue un immense camp de réfugiés. La solidarité avec les peuples Four, Massalit et Zaghawas et les nomades arabophones exige le retrait des troupes gouvernementales et la non-immixtion des impérialismes dans les décisions que les peuples souverains choisiront de prendre. Là réside la seule voie juste.
Modifié le jeudi 23 juin 2005
Voir aussi dans la catégorie Darfour
Génocide et pétrole

Dans des régions où, au XIXe siècle, les impérialismes français et anglais ont tracé au cordeau les lignes séparant leurs empires respectifs,les populations du Darfour au Soudan et du Ouaddaï...

Le véritable enjeu

Depuis février 2003, la guerre a commencé à ravager le Darfour. Deux organisations se sont constituées pour combattre le gouvernement central du Soudan. à l'origine du conflit, une dégradation...



HAUT