40 millions d'électeurs pour Lula

BrésilAu premier tour des élections, Lula et le PT ont obtenu un triomphe retentissant avec 39.443.765 voix, soit 46,4 %, presque le double de Serra, candidat officiel du gouvernement de Fernando Enrique Cardoso, qui a obtenu 19.700.395 voix, soit 23,2%. La victoire aux élections présidentielles d'un candidat d'origine ouvrière est un événement historique pour le Brésil qui amplifie le tournant à gauche des masses latinos américaines. C'est un triomphe immense pour les travailleurs mais contradictoire parce qu'il s'agit d'une alliance du PT avec d'importants secteurs patronaux pour gouverner. La bataille électorale n'est pas finie, le dimanche 27 octobre, a lieu le second tour entre Lula et Serra.Le PT a eu les meilleurs résultats électoraux de son histoire. Lula a gagné dans 23 des 26 Etats du Brésil. Il a perdu seulement à Rio de Janeiro, et dans les états de Ceara et Alagoas.

Ce résultat électoral démontre que le PT avance de manière irrésistible, tandis que les partis du gouvernement et les candidats de la bourgeoisie reculent d'autant. Brizola n'a pas été élu député ; Paulo Maluf, ex-gouverneur de Sao Paulo n'a pas atteint le nombre de voix qui lui aurait permis d'être présent au second tour pour le poste de gouverneur et ceci pour la première fois en 10 ans, il en est de même pour Color à Alagoas.

Le nombre de députés du PT est passé de 58 à 91, celui de sénateurs de 8 à 14. Dans l'Etat de Sao Paulo, le plus grand du Brésil, celui de la plus grande concentration d'ouvriers d'industrie, le candidat du PT au Sénat, Mercadante, est sorti en tête des urnes avec 10 millions de voix, devenant ainsi le sénateur ayant obtenu le plus de voix dans toute l'histoire du Brésil.

Alors que les sondages plaçaient le candidat du PT au poste de gouverneur de l'état de Sao Paulo, Genoino, en 3ème position, celui-ci se retrouve en 2ème position pour le second tour des élections. Les résultats les moins bons ont été obtenus dans les Etats de Rio Grande do Sul et de Rio de Janeiro, deux Etats où le PT gouverne, principalement dans celui de Rio Grande do Sul où son candidat au poste de gouverneur, le maire actuel de Porto Alegre, Tarso Genro, se retrouve en 2ème position, en ballottage très défavorable pour le second tour.

Le tournant à gauche des masses

Le fait qu'un candidat d'origine ouvrière ait gagné, dans un des pays les plus grands du monde indique que le mouvement à gauche des masses s'amplifie en Amérique latine. Ce tournant se situe dans le cadre d'un processus révolutionnaire continental qui s'approfondit depuis l'Argentinazo de la fin 2001, suivi de la défaite, au mois d'avril, du coup d'état pro-américain au Venezuela, des mobilisations et des grèves ouvrières au Pérou, en Uruguay, au Paraguay, en Colombie, au Chili et en Bolivie. Ce tournant s'est aussi exprimé sur le terrain électoral en Bolivie où le MAS d'Evo Morales est sorti second aux élections présidentielles.

Au Brésil, sur le terrain électoral, viennent de s'exprimer les luttes ouvrières populaires et paysannes qui se sont développées pendant vingt ans, depuis la fondation du PT au début des années 80. Luttes qui sont à l'origine de la crise des gouvernements successifs de la bourgeoisie et des plans du FMI.

Alliance contre-nature

Les travailleurs brésiliens et d'Amérique latine considèrent, à juste titre, comme un triomphe la défaite sur le plan électoral du candidat d'un gouvernement qui a dirigé le pays pendant 8 ans au service du patronat, du FMI, et des multinationales.

Mais ce triomphe est contradictoire avec le virage à droite pris par Lula et la direction du PT qui se sont alliés avec les partis bourgeois pour gouverner. Malgré le rejet de larges secteurs du PT et du mouvement des masses, Lula a choisi comme vice-président José Alencar, le plus grand entrepreneur du textile du Brésil, membre du Parti libéral, lié à l'Eglise Universelle du Règne de Dieu, l'une des plus réactionnaires des églises pentecôtistes du pays. Pendant la campagne électorale, devant l'aggravation de la crise économique, Lula a donné d'autres preuves de son accord avec des secteurs du patronat en s'engageant à honorer les accords conclus avec le FMI par le gouvernement de Cardoso, c'est-à-dire payer la dette extérieure. Son discours électoral modéré a été centré en défense de la gouvernabilité et pour un futur " pacte social ", se définissant, lui-même, comme un gouvernement de centre gauche. Pour le deuxième tour, Lula, au lieu de s'appuyer sur la mobilisation, a élargi son alliance avec des dirigeants patronaux, comme Sarney, Brizola, Ciro Gomes et Garotinho. La réalité a déjà démontré que les tentatives de gouverner avec la bourgeoisie au bénéfice des travailleurs ont été un échec, comme l'a démontré, dans les années 80, l'expérience du Nicaragua où les Sandinistes gouvernèrent avec la bourgeoisie en accomplissant les plans du FMI.

Notre position

Notre organisation, La Commune, appuie le Courant Socialiste des Travailleurs (CST) du Brésil, Section de l'IUT, qui fait partie depuis sa fondation dans les années 1980 du Parti des Travailleurs.

Le CST est opposé à l'alliance du PT avec des secteurs du patronat, à sa politique du " pacte social " et de compromis avec le FMI. Ses candidats et ses dirigeants ont fait campagne, de manière indépendante, indiquant leurs divergences quant à l'alliance avec l'entrepreneur Alencar, la politique de soumission au pacte du FMI et le retrait du PT du Comité contre l'ALCA.

Lula est un ancien ouvrier métallurgiste qui a dirigé les grandes grèves des années 80 desquelles a surgi le Parti des Travailleurs, sous les mots d'ordre : " ni patrons, ni militaires ", " gouvernement des travailleurs pour le socialisme ".

Bien qu'aujourd'hui le PT et Lula aient abandonné ces positions, les masses brésiliennes qui n'ont pas fait l'expérience de cette direction réformiste, pensent que Lula, en alliance avec les patrons " nationaux ", va affronter le FMI et trouver des solutions pour le peuple travailleur.

Le CST, courant organisé à l'intérieur du PT, a décidé avec ses propres publications et sa propre campagne électorale d'accompagner l'expérience des travailleurs à partir d'une position indépendante et critique par rapport à la direction du PT.

Ceux qui nient la réalité du mouvement ouvrier Brésilien se sont retrouvés isolés sur leurs positions sectaires, leur candidat n'ayant obtenu que 0,5% des voix.

62% au second tour

Au moment où nous bouclons le journal, nous apprenons que Lula, avec plus de 62% des voix, un record historique, a été élu président du Brésil.

Nous qui avons au fil des mois combattu, avec l'Unité Internationale des Travailleurs pour sa victoire saluons donc cet événement comme il se doit, comme nous saluons la réelection de notre camarade Bàba.

Désormais, au Brésil, pour la classe ouvrière, les sans-terre et le peuple , une page vient de se tourner.
Au Brésil, tout commence. Nous y reviendrons dans notre prochain numéro
Modifié le jeudi 23 juin 2005
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