Pas de chèque en blanc

Argentine : élections du 23 octobreLe président Kirchner a gagné, le Parti Justicialiste (péroniste) a perdu, l'Union Civique Radicale (le parti de l'ex-président Alfonsín) est en chute libre et aucune alternative nationale de rechange n'a surgi ni de la droite ni du centre-gauche. La gauche avec son million de voix n'a pas émergé comme un pôle de référence en raison de sa dispersion. La crise politique ouverte par le soulèvement populaire de décembre 2001 n'est pas résolue, pas plus que la situation du peuple et de la classe ouvrière. Il s'agit maintenant de construire un nouveau projet de gauche qui crée une alternative politique. Kirchner vient de connaître un succès électoral. l'expectative a " unifié " un Parti Justicialiste vassalisé avec d'autres courants, jusqu'au radicaux, alliés de circonstances. Pourquoi ce soutien à Kirchner ?

La relative récupération de l'économie, depuis la récession dans laquelle se trouvait plongé le pays depuis 1998, est la base matérielle sur laquelle Kirchner a construit son double langage qui place dans l'expectative certains secteurs de la population.

l'excédent fiscal accumulé et la perception populaire de ce qu'il y a de l'argent dans le pays ont pesé fortement sur le terrain électoral. Dans le bilan que fait la population, avec le souvenir récent de la pire des crises qui l'a plongée dans la misère, émerge la sensation que quelque chose va mieux, ce qui a favorisé le gouvernement. Par ailleurs, à travers leurs luttes, les salariés ont arraché une part de la croissance économique, d'où augmentation de salaire, et la " réactivation " a permis qu'il y ait un peu plus de travail.

Kirchner s'est présenté comme le rénovateur de la vieille politique en déployant un double langage teinté de centre-gauche, critiquant le FMI et s'attribuant des victoires populaires, comme celle de la nullité des lois sur l'impunité des militaires. Si la victoire électorale du gouvernement est claire, il n'a obtenu que 26 % des voix des inscrits (29 % d'abstention et 9 % de blancs).

La crise du Régime n'est pas résolue

Il ne s'agit donc pas d'un chèque en blanc, dans le même temps où la presse aux ordres chante le triomphe de Kirchner, elle ne cesse de le répéter. l'apathie, l'indifférence et l'absence de démonstration de masse démontrent que le vote s'est fait sans enthousiasme : la population qui pense que " ça va un peu mieux " ne perçoit pas un véritable changement de fond. Car Kirchner a gagné en s'appuyant sur de vieux caciques du péronisme et la bureaucratie de la CGT. Et pour pouvoir arriver à ses fins, il a dû remettre à plus tard des mesures d'austérité négociées avec le FMI : afin de continuer à payer la dette, il devra réduire les budgets de la Santé et de l'Éducation, augmenter les tarifs renégociés avec les entreprises privatisées, maintenir le salaire à son niveau actuel dans une perspective inflationniste. Dans ce cadre, les luttes et les revendications ouvrières et populaires vont dissiper l'expectative que le gouvernement Kirchner a suscitée, d'ores et déjà les conflits sociaux du Théâtre Colón, des cheminots, du métro et du secteur tertiaire annoncent la suite.

Aucune résurrection

l'un des résultats fondamentaux du soulèvement de décembre 2001 a été la banqueroute du bipartisme. l'UCR n'apparaît plus comme une seconde voie et le Parti Justicialiste est devenu une fédération de partis provinciaux, traversée par la crise et de profondes divisions internes. Les secteurs dominants essaient d'instaurer un nouveau régime bipartiste, car ils pensent impossible la résurrection de leurs deux vieux partis. Il leur faut donc en constituer de nouveaux, un de centre-droit et l'autre de centre-gauche. La grande faiblesse de ce projet qui préoccupe la bourgeoisie réside en ceci : la crise structurelle du capitalisme argentin et la soumission du pays à l'impérialisme ne lui donnent aucune marge pour faire des concessions. Au contraire, dans la mesure où les problèmes s'aggravent et où Kirchner essaie d'obtenir l'aval des électeurs pour appliquer les exigences du FMI, ce ne sont pas seulement les luttes qui vont s'amplifier, mais également la nécessité d'une nouvelle alternative.

Les résultats de la gauche

Les plumitifs aux ordres se sont empressés d'écrire sur la " défaite électorale de la gauche ". Il nous faut, tout d'abord, analyser les chiffres. La gauche dans ses différentes formations a obtenu un million cent mille voix, alors que le centre-gauche de l'ARI en a obtenu un million deux cent mille et le centre-droit, dans toutes ses variantes, un million trois cent mille, c'est un résultat identique à celui de 2003 et ceci en dépit d'un déplacement de voix vers Kirchner.

Si Izquierda Unida a perdu ses élus, la responsabilité en incombe au Parti Communiste, dont la direction a pris la décision de rompre cette coalition électorale, abandonnant son programme pour un projet de centre-gauche qui a obtenu un des plus faibles résultats de la gauche. La bataille menée par le MST pour la plus grande unité des organisations ouvrières a permis de constituer Unidad/Nueva Izquierda, point de départ d'un nouveau projet. Aider au surgissement des luttes que les travailleurs, les chômeurs et le peuple vont engager contre la politique pro-FMI de Kirchner, combattre pour une nouveau rassemblement des secteurs ouvriers et populaires afin que soit construit un fort pôle de gauche quand l'expérience Kirchnériste sombrera, telles sont les tâches que s'assigne le MST.
Modifié le mercredi 02 novembre 2005
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