Grippe aviaire : un révélateur

SociétéDepuis un an, l'Asie du Sud-est et l'Asie orientale sont le théâtre d'épidémies successives, affectant d'abord les animaux puis les hommes. Les deux plus persistantes sont le SRAS et "la grippe du poulet". Le SRAS a touché le golfe du Tonkin (nord du Vietnam) et les régions de Chine méridionale. Son extension maximale l'a conduit à Toronto (Canada). Une grande inquiétude envahit les habitants de notre planète. Elle tient au manque de connaissance que l'on a sur les aptitudes de ces virus à effectuer une mutation d'une espèce à l'autre et à se développer dans des organismes qui lui étaient étrangers.C'est déjà beaucoup : rappelons qu'en 1918-19 la fameuse "grippe espagnole" apparue initialement dans une porcherie du Kansas et véhiculée par un éleveur devenu soldat a tué vingt millions de personnes, soit le double de la Première Guerre Mondiale, en un peu plus d'un an. Nul n'a pu parfaitement expliquer la remarquable prolifération de ce virus. Selon les épidémiologistes, l'émergence de virus de cette importance est susceptible de revenir deux ou trois fois par siècle.

Bonne période

Nous serions "dans la bonne période" , le terreau favorable. Bien sur, les fortes concentrations humaines favorisent la promiscuité, mais les moyens de survivre au quotidien passent, pour des milliards d'asiatiques, par l'exploitation d'un élevage de volailles, qui complète les maigres ressources de chaque couple. De ce point de vue, on retrouve le même problème dans des pays capitalistes avérés comme la Thaïlande ou l'Indonésie, comme dans ceux qui osent encore se réclamer du socialisme, comme le Vietnam, le Cambodge, le Laos et surtout la Chine.

Les ravages en Chine

Dans ce dernier Etat, où la bureaucratie stalinienne ou maoïste (qui n'a jamais voulu vraiment bâtir le socialisme) a opéré un virage à 180 degrés pour inventer cette notion croquignolette de "socialisme de marché" et se lancer dans un libéralisme économique à tous crins, le SRAS a pu se développer en raison même de l'incurie des autorités, chez qui l'opacité et la culture du secret tiennent lieu de doctrine. La situation en 2003 avait atteint un point tel que l'OMS, agence officielle de l'ONU en matière de santé mondiale, avait osé tancer les dirigeants de Pékin pour avoir caché l'importance réelle de l'épidémie. Ce mépris total des peuples, on le retrouve dans la manière dont la propagation du sida chez les paysans du Hebei s'est généralisée, à l'occasion de transfusions et de campagnes de don du sang, avec des seringues contaminées et une absence totale de contrôle de la qualité du sang fourni. Là encore, le secret a permis de faire mourir des milliers de gens qui auraient dû être épargnés par ce fléau, si les simples normes internationales avaient été respectées (bien sûr la Chine n'a fait que suivre la même désinvolture que celle du gouvernement français en 1985).

La rapacité de Pékin

La rapacité de Pékin, son souci de faire venir un maximum de capitaux, d'hommes d'affaires et de touristes sont entrés en conflit avec la préservation de la santé de ces "investisseurs" qui pèsent évidemment plus lourd dans la balance tout à fait commerciale de Hu Jin Tao que les centaines de millions de prolétaires chinois. A ce jour, on apprend que le SRAS réapparaît, ne touchant encore que quelques individus (plusieurs centaines de morts de 2003).

Mais c'est la grippe aviaire qui inquiète tous les "décideurs" du monde médical : on entend des versions contradictoires, mais il apparaît quand même que des enfants vietnamiens de villages du nord (Thanh Kuong, district de Bac Ninh) sont morts après avoir été en contact avec les poulets des élevages voisins.

La barrière des espèces est-elle franchie ?

La barrière des espèces semble avoir été franchie, bien qu'il existe des divergences sur ce fait capital au sein du monde médical. La situation a cependant été jugée assez grave pour que l'OMS organise un sommet à huis clos à Rome du 3 au 5 février et en prépare un autre pour la fin du même mois. Beaucoup de scientifiques estiment indispensable un abattage systématique des bêtes touchées ou membres d'un élevage situé dans un rayon de 3 kilomètres du foyer viral ; mais chacun est conscient que l'on enlève à des milliers de cultivateurs et d'exploitants leur seul gagne-pain, alors même que les autorités prétendument socialistes et vraiment "de marché" refusent de les indemniser, et que les principaux Etats impérialistes se gardent bien de mettre la main au portefeuille. Voilà pourquoi les virus les plus dangereux peuvent encore avoir de beaux jours devant eux, d'autant plus qu'une vaccination massive de centaines de millions ou plusieurs milliards d'oiseaux (80 millions ont été abattus à ce jour) suppose une mise de fonds que nulle autorité n'envisage de réaliser.
Modifié le mercredi 22 juin 2005
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