NPA : le rejet du sectarisme

MST d' Argentine : retour du congrès du NPALe vendredi 27 février, de retour de France, les dirigeants du MST d'Argentine, Vilma Ripoll et Alejandro Bodart ont introduit la discussion dans une Assemblée-débat sur la situation française, le congrès de fondation du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et les conclusions les plus importantes de cette expérience. Voici pour nos lecteurs des extraits des deux exposés. On peut trouver l'intégralité du débat et de la conférence publique organisée par nos camarades argentins dans le journal du MST, Alternativa socialista ( mst.org.ar)Vilma Ripoll

Le NPA a comme prédécesseur la Ligue Communiste Révolutionnaire, un parti trotskyste de 40 ans d'existence. Au mois d'avril 2007 il avait présenté à l'élection présidentielle Olivier Besancenot, une de ses figures publiques, et obtenu 4% des voix (environ 2 millions). En juillet de cette année, s'appuyant sur ce résultat électoral, il lance un appel pour la construction d'un nouveau parti, anticapitaliste, large. En janvier 2008 dans son 17° congrès est réaffirmé le chemin défini, de construction d'un nouveau parti indépendant, en se basant sur l'abandon, par ceux qu'ils appellent la gauche institutionnelle, le Parti Communiste et le Parti Socialiste, qui gouvernent en alternance avec la droite, des secteurs populaires, du mouvement ouvrier. A son 18° congrès le 5 février de cette année, auquel nous avons participé, il a été décidé de dissoudre la LCR pour fonder le NPA. Le jour suivant et jusqu'au 8 février a eu lieu le Congrès de fondation du nouveau parti, ou il a été annoncé que des 3 000 militants de la LCR, le NPA est passé à 9 000 militants...

Quelle est la situation politique et la lutte des classes en France ?

Le 29 janvier est une journée d'action qui se transforme en une grande grève générale, avec 2 500 000 manifestants dans la rue, avec des grèves massives dans les entreprises et des affrontements avec la police. Depuis le 29 janvier, les grèves s'étendent dans différents secteurs et à la Guadeloupe, une des îles des Antilles françaises, se développe une grève générale très importante avec des caractéristiques insurrectionnelles...
Cette crise sociale frappe très durement le gouvernement Sarkozy et aussi les vieilles organisations politiques qui dirigent le mouvement ouvrier français depuis des décennies : le Parti Socialiste et le Parti Communiste. Les vieilles directions syndicales commencent à être dépassées...

C'est dans ce cadre de crise sociale que s'est tenu le congrès de dissolution de la LCR puis celui de fondation du NPA...

Il y a eu une forte participation internationale, avec près de 100 invités, représentants d'organisations de plus de 40 pays, avec lesquels nous avons eu des réunions, dans le but d'avancer vers une coordination internationale et, comme l'a voté le Congrès : "Le NPA engagera le dialogue et des collaborations politiques avec les autres forces anticapitalistes et révolutionnaires dans le monde, dans la perspective de la constitution d'une nouvelle internationale."

Alejandro Bodart

Vilma a donné un cadre général du fait fondamental que nous voulons transmettre. Nous devrons être conscients que l'un des principaux pays impérialistes du monde connaît un fait inédit. La gauche révolutionnaire, au milieu d'une situation terrible de lutte des classes, a eu une politique et une orientation très semblables à celle que nous autres venons de proposer en Argentine et qui a commencé de toucher des milliers de militants et une fraction des masses. Ceci a une grande importance au niveau international, et va se répandre dans tous les pays. Il se confirme que, avec une politique judicieuse, les révolutionnaires peuvent prendre de l'importance et commencer à compter et ne plus être une force de témoignage...

Ce qui se passe en France n'est pas un fait isolé, il sera impossible que cela se passe en France sans que nous analysions qu'il commence à y avoir des changements au niveau mondial. Une série de phénomènes sont en train de se développer qui nous permettent de dire qu'il est en train de s'ouvrir une nouvelle étape mondiale. Ceci explique qu'en France se développe le NPA et qu'il commence à se produire des phénomènes similaires dans d'autres pays de la planète ...

Le PSOL est un exemple, nos camarades du MES ont été des fondateurs et aux dernières élections présidentielles ont obtenu 7 millions de voix, qui a regroupé des milliers de travailleurs et différents secteurs populaires. De fait, dans un certain sens, le NPA se rejoint avec nous, face à l'impact causé en France par ce qui s'était fait au Brésil. Aujourd'hui ils sont en train de faire quelque chose de semblable...

La nouvelle étape est en relation avec la terrible crise économique qui frappe le monde capitaliste. Et les nouveaux phénomènes politiques qu'elle provoque...

Elle fait tomber, au niveau mondial, la croyance de ce que l'unique système possible pour vivre et pour progresser est le capitalisme, ceci est un fait de magnitude et de hauteur mondiales. Ce qui se passe en France, c'est-à-dire qu'un parti de gauche révolutionnaire commence à gagner un poids de masse, correspond à ce qu'un énorme secteur commence à se rendre compte que le problème n'est pas tant : tel plan néo libéral ou tel gouvernement, ou tel régime politique, mais qu'il s'agit du système dans son ensemble : le capitalisme et ceci provoque un changement dans des millions de tête. Changement qui en est encore à ses débuts...

Il se discute si la crise va être plus grande ou plus petite que celle de 29. Mais ce dont il faut se souvenir c'est que cette crise aboutit à des conséquences politiques terribles, guerre mondiale comme jamais il n'y en avait eu, tout le mouvement ouvrier européen devint communiste ou socialiste et sur un tiers de la planète on finit par exproprier la bourgeoisie...

Ce qui est en train de se passer maintenant est en relation avec un autre fait important, qui s'est produit il y a vingt ans : la chute du stalinisme. Nous avions dit, à ce moment là, que ceci ouvrait une étape très positive, parce que la camisole de force bureaucratique qui enserrait le mouvement ouvrier, pendant des décennies, est tombée. Ceci ouvrait la possibilité de ce que le véritable socialisme renaisse. Mais cela n'est pas advenu. La grande campagne idéologique menée par l'impérialisme et les défenseurs du capitalisme sur la fin du socialisme a connu un succès, en gagnant une frange importante de l'avant-garde et des fractions importantes parmi les travailleurs. Ils voulaient nous faire croire que la seule chose qui restait était le capitalisme et qu'il ne pouvait y avoir d'autre système possible, ceci pesa sur le mouvement des masses et aboutit à une période de grande confusion. Ce qui est en train de se terminer avec la crise mondiale c'est cette période. Aujourd'hui la crise économique agit comme une espèce de " mur des capitalistes ". Il va être de plus en plus facile d'expliquer que le problème c'est ce système pourri et ceci va aboutir à un riche débat, dans le mouvement ouvrier et dans des secteurs de masse. Nous devons être attentifs au surgissement de courants de tous types, à ce qu'il y ait une réactivation du Marxisme, de la gauche, de nouveaux phénomènes, parce que seule la gauche révolutionnaire peut donner une réponse à cette crise...

Ceci est le cadre qui permet de comprendre ce qui est en train de se passer en France et pour comprendre que ceci va arriver dans tous les pays, inclus en Argentine : les idées politiques ce n'est ni un processus français, (bien qu'il soit le plus avancé dans ce pays) ni brésilien où est le PSOL, ni vénezuelien, ni équatorien ou bolivien. C'est un processus qui vient de commencer et qui ira jusque dans le coin le plus reculé de la planète. Nous devons nous préparer pour cela, parce que s'ouvre pour nous une grande opportunité et une grande responsabilité. Car la période où les circonstances nous étaient défavorables va commencer à changer et de ce que nous allons faire dépendra beaucoup le développement des évènements futurs, comme cela s'est passé en France...

En France s'est combinée une situation explosive de la lutte des classes, qui tôt ou tard arrivera dans notre pays, avec le fait qu'un secteur de la gauche a arrêté de répondre avec sectarisme, il a commençé à répondre avec une politique plus ouverte. A partir de son succès électoral et du poids énorme de son responsable, il aurait pu essayer de gagner quelques militants de plus et se préparer pour gagner quelques votes de plus dans d'autres élections. C'est-à-dire, donner une réponse sectaire, auto-proclamatoire ; comme de nombreuses fois nous l'avons vu parmi des nombreux courants de la gauche. Cependant il n'a pas pris ce chemin et il a considéré qu'il fallait créer et organiser une nouvelle gauche en France. Que le problème n'était pas de savoir s'il fallait grossir un peu plus, mais de donner une réponse pour former une alternative de masse et pour cela ils ont pris une mesure très audacieuse qui fut celle d'appeler à la construction d'un nouveau parti en dissolvant son propre parti pour aboutir à un nouveau, mais avec une politique principielle car s'élargir n'est pas synonyme de baisse du programme...

Dans cette étape de crise capitaliste nous devons réaffirmer que le programme est anti-capitaliste et socialiste, que plus que jamais il faut donner des réponses de fond aux problèmes des travailleurs et du peuple. Mais cette politique doit être accompagnée par une méthode ouverte de construction, parce qu'il n'y a aucune possibilité de regrouper largement, si nous n'aboutissons pas à une méthode d'organisation qui permette à tout le monde de participer d'égal à égal. Une méthode qui permette d'intégrer, non seulement des courants politiques, mais aussi des mouvements sociaux et des secteurs qui ont une autre formation, qui ne viennent pas directement de partis révolutionnaires. Une gauche large, où tous ceux qui sont d'accord avec le programme aient leur place, où l'on puisse travailler avec des nuances et des différences...
Modifié le lundi 13 avril 2009
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