Ni loi, ni réforme

Argumentaire en défense des retraitesUne chose est sûre : le gouvernement cherche à porter le coup de grâce à l'ensemble du système de retraites. Sarkozy et ses hommes entendent désormais parachever les
réformes engagées depuis 17 ans. Leur objectif : faire d'une pierre deux coups. D'une part, désosser la Sécurité dont le régime général de retraite est une composante. D'autre
part, démanteler le Code des pensions civiles et militaires qui depuis 160 ans régit la retraite des fonctionnaires, pour réduire de façon drastique les dépenses de l'Etat, au
compte de l'Union européenne des capitalistes et des banquiers qui veulent nous faire payer leur propre faillite. C'est d'ailleurs le sens des déclarations chaque jour plus alarmistes
du Conseil d'Orientation des Retraites (COR). Argumentaire.
l'enjeu est de taille. Dans un
même mouvement, le gouvernement,
pour le compte des patrons,
veut liquider le salaire différé qui est la
base du financement de toutes les branches
de la Sécurité sociale (dont la
Caisse Nationale d'Assurance
Vieillesse, qui régit le régime général
des retraites). Pour parvenir à leurs
fins, le gouvernement et le Medef ont
besoin du concours des " partenaires
sociaux " qu'ils convoquent à des "
tables rondes " dressées pour mettre en
oeuvre les plans du Capital contre
les retraites de tous les salariés.
En effet, ce que propose Sarkozy
aux directions nationales des syndicats,
ce n'est rien moins qu'un
pacte contre les retraites, le salaire
différé et les pensions des fonctionnaires.
Dans cette situation charnière,
les salariés n'ont décidément
pas besoin d'être entraînés dans
un dédale de fausses bonnes
idées, de propositions fourre-tout,
de remèdes de Diafoirus. Sur ce
terrain là, il ne manque pas d'experts
autoproclamés, et de gauche,
en plus : fondation Copernic,
inspecteur Filoche, nostalgiques
de Krasucki sans oublier l'inévitable
Mélenchon. Nous autres, militants anticapitalistes,
n'avons pas d'autre méthode
pour défendre les retraites que la lutte
des classes, c'est-à-dire la lutte indépendante
pour les salaires et les effectifs.
Voyons de plus près.




La fable de l'argument démographique ou quel temps fera-t-il en 2050 ?




Le prétexte invoqué par les gouvernements
successifs pour réformer le système
de retraite, c'est son financement
qui ne serait plus assuré dans les
années à venir puisqu'il y aura " trop "
de retraités et " pas assez " d'actifs pour
garantir le versement des pensions.
l'alibi, c'est le vieillissement de la population
et " l'allongement de la vie ".

Le Conseil d'orientation des retraites
table en effet sur une progression du
nombre de retraités de 15 millions
aujourd'hui à 23 millions en 2050. Ce
qui ferait 1,2 cotisant pour un retraité...
Dans 40 ans !

Y-a-t-il là vraiment de quoi pousser
des cris d'effraie ?


Il faut préciser que ce " ratio démographique
" de 1,2 cotisant découvert par le
COR " dépend non seulement de la
démographie mais de la situation de
l'emploi " selon le COR, lui-même. Or,
nos experts extra-lucides sont capables
de prédire un taux de chômage " stabilisé
" compris entre 4,5 et 7 % en 2050.
Soit, sur une estimation de 27 millions
d'actifs, 1, 25 million de chômeurs ? Au
minimum ! Ce genre de " projection "
dans cinquante ans revient à demander
à Laurent Cabrol de nous dire le temps
qu'il fera le 31 juillet 2050...

Un peu de sérieux. Selon la CGT, " Un
million d'emplois en plus, c'est cinq
milliards d'euros de rentrées de cotisations
supplémentaires pour les retraites.
". Or, le prétendu déficit de la CNAV est
de 5,6 milliards d'euros pour l'exercice
2008 (selon le COR). 1,25 million de
chômeurs en moins et il n'y a plus de
déficit. Tout en sachant que sans les
exonérations de cotisations dont les
patrons ont bénéficié ces trente dernières
années, la CNAV serait même excédentaire !


Le premier levier pour remplir les caisses
aux fins de satisfaire les besoins
des retraités, c'est le retour au
plein emploi et cela commence par l'interdiction des licenciements et
des suppressions d'emplois.




32 milliards d'exonération entre 1991 et 2008




Le second levier, c'est l'augmentation
générale des salaires à hauteur
des besoins des salariés et
leurs familles. 300 euros d'augmentation
des salaires, c'est 66
milliards d'euros pour la Sécu dont
31 pour les retraites, comme le
souligne le document quatre-pages
du NPA sur les retraites.

Le troisième levier, c'est l'arrêt des
exonérations de cotisations sociales
dites " patronales ". Ainsi, en 2006, le
total des exonérations se chiffrait à
23,9 milliards d'euros, dont 2,3 milliards
n'ont pas été compensés par l'Etat à la
Sécu, selon le PCF (mise en ligne sur
son site le 7 juin 2007).

Ce sont au total 32 milliards d'euros
d'exonérations accordées aux patrons
rien qu'entre 1991 et 2008. (Chiffres
URSSAF)

l'équation est donc simple : salaires +
effectifs + arrêt des exonérations =
maintien et développement des caisses de retraite. Et on nous parle de 10
milliards de déficit des caisses de retraites
! Alors, pourquoi rendre compliqué
ce qui est finalement très simple ?
Prenons ainsi quelques propositions qui
fleurissent à gauche.




Réforme et augmentation des "cotisations patronales"




Les hautes sphères de la CGT se sont
prononcées pour une réforme de la cotisation
patronale. Sur ce point, il semble
que les " opposants " du Front syndical
de classe (vertébré par les nostalgiques
de Krasucki et autres " réhabiliteurs" de
Staline) soient d'accord avec Thibault
pour dire qu'il faut augmenter les cotisations
patronales et les " moduler ".



Tout d'abord, rappelons qu'en réalité,
les cotisations "patronales", ça
n'existe pas. Ce qui existe, c'est la
part patronale des cotisations
sociales. Nous y reviendrons.

S'agissant des exonérations, la
position de la direction de la CGT
est : " Mettre progressivement en
extinction les exonérations de cotisations
patronales et supprimer
l'exonération de la part salariés sur
les heures supplémentaires. Dans
l'immédiat, la CGT demande la
compensation intégrale des allégements
non compensés (2,7 Mds €
en 2007 selon la Cour des
Comptes). Les exonérations des cotisations
dites générales (jusqu'à 1,6 SMIC)
doivent être compensées à "
l'Euro/l'Euro " et non financées par des
taxes affectées. " Mettre progressivement
en extinction ? Sur combien d'années
? Et le remboursement des cotisations
non perçues depuis trente ans, on
s'assoit dessus ?

Évidemment, cela parait radical d'exiger
" l'augmentation des cotisations
patronales ". Cette exigence est partagée
par la Fondation Copernic, par
Gérard Filoche et, on l'a vu, par les épigones
de Krasucki et par bien d'autres.
Les uns et les autres considèrent, peu
ou prou, que l'on pourrait également,
dans une moindre mesure ou un " moindre
mal ", augmenter la part que versent
les salariés.

C'est ce que suggère la fondation
Copernic, s'appuyant sur la troisième "
piste " du COR :

" Troisième choix : ne pas allonger la
durée de cotisation, ne pas baisser le
montant des retraites, mais augmenter
de 15 points le montant des cotisations
retraites entre 2003 et 2040. Jamais
cette troisième option n'a pénétré le
débat public. C'est pourtant l'option la
plus acceptable. Car 15 points d'augmentation
des cotisations en un peu
moins de 40 ans, représente 0,37 point
d'augmentation des cotisations retraites
par an, pendant 40 ans. A raison d'une
augmentation de 0,25 % pour les cotisations
patronales et de 0,12 % pour la
part salariale des cotisations retraites.
Qui prétendra que cette solution n'est
pas préférable à un allongement de 9 ans de la durée de cotisation ou à une
baisse de 25 points du montant des
retraites ? "

C'est ce que suggère aussi la direction
CGT : " il peut être envisagé, si nécessaire,
une augmentation des cotisations
salariées.".La direction confédérale se
garde bien de préciser qu'une augmentation
des cotisations salariées, cela
revient, sauf à augmenter les salaires,
à une baisse automatique du salaire net
du salarié ! Mais, comment des syndicalistes
peuvent-ils seulement envisager
une diminution du salaire net, direct,
des travailleurs ? N'est-ce pas là une
proposition contre nature ?

Encore une fois, pourquoi se compliquer
la vie ? l'augmentation des salaires
et des effectifs génèrent une augmentation
de la masse d'argent des
cotisations sociales, part ouvrière et
part patronales confondues. Alors, pourquoi
chercher des " remèdes " pires que
le mal ?




Que sont les "cotisations patronales" ?




Les explications plus expertes les
unes que les autres des uns et des autres
peuvent nous induire en erreur.

Ainsi, le " front syndical de classe "
nous présente les cotisations patronales
comme une " contribution patronale
" au financement de la retraite des salariés.
C'est faux, historiquement et économiquement.

Soyons donc clairs : la part " patronale
des cotisations " est une partie du
salaire
et non on ne sait quelle subvention
que les capitalistes octroient
charitablement aux salariés en vue
de leur retraite.

Au demeurant, la séparation entre
cotisation salariée et cotisation
patronale n'a aucune justification
économique, même d'un strict
point de vue fiscal. N'importe quel
comptable d'entreprise sait que
dans la comptabilité générale des
entreprises on parle de " salaire
chargé " : salaire perçu par le salarié
+ cotisation salariée + cotisation
patronale = salaire chargé. En
comptabilité d'entreprise, il n'existe
qu'un seul compte de charge, le compte
dit 64 qui englobe " salaires et charges
". D'ailleurs, de plus en plus, les économistes
parlent de salaire super brut
pour englober en un seul tout salaire
net et cotisations salariées et patronales.
De même, lorsque les
employeurs parlent de masse salariale,
c'est l'ensemble des salaires et des "
charges " y afférant. Les cotisations
dites patronales comme celles dites
salariales appartiennent les unes et les
autres au salarié. C'est ce qui s'appelle
le salaire différé ou "salaire socialisé",
ce qui est synonyme. Les sceptiques
peuvent ne pas nous croire. Ils peuvent
s'ils le veulent vérifier par eux-mêmes;
nous leur proposons ici trois sources.

Ils peuvent par exemple consulter le
livre : " les mots clés de la fiscalité -
Lexique " paru aux Editions La
Découverte :

" Coût salarial : le coût salarial est
constitué par l'ensemble des dépenses
qui incombent à l'entreprise pour l'emploi
d'un salarié. Il se répartit en :

-un coût direct, composé principalement
des salaires bruts auxquels s'ajoutent
différents avantages salariaux
(avantages en nature, intéressement et
participation) ;

- Un coût indirect formé essentiellement
des cotisations patronales légales
et conventionnelles, et de diverses
charges (formation professionnelle,
frais de transport, oeuvres sociales) ".

Ou alors, autre source, celle de
l'URSSAF : tableau ci-dessous.




|Taux des cotisations du régime général de sécurité sociale.|
|Les rémunérations du travail salarié donnent lieu au versement de cotisations et contributions
venant couvrir divers risques : Assurance maladie, maternité, invalidité, décès, contribution solidarité
pour l'autonomie des personnes âgées et handicapées ; Assurance vieillesse (AV); Allocations
Familiales (AF); Fonds National d'Aide au Logement (FNAL). Certaines cotisations sont assises sur
la totalité du salaire, d'autres sur le salaire plafonné. La CSG et la CRDS sont des contributions
sociales assises en principe sur 97% du salaire réel brut. Les cotisations sont réparties en une part
patronale (P.P.) et en une part salariale (P.S.)|
| Sur la totalité du salaire|
| Total | Maladie, maternité, invalidité, décès, solidarité | Allocations familiales | Vieillesse |
|.| pp| ps(1)| pp | pp+ps |
| 20.95| 13.10 |0,75|5.40%|1.60%+0.10%|
| sur le salaire au plafond de la sécurité sociale|
| total | vieillesse pp|ps | fnal pp|
|15.05| 8.30%|6.65%|0.10%|
|sur 97% de l'ensemble des revenus d'activité ou de remplacement|
|Contribution sociale généralisée (CSG)|Contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS)|
|7.50%|0.50%|




Pour être encore plus clair : la cotisation
patronale n'est pas prélevée sur "
l'excédent brut d'exploitation " c'est-à dire
sur les profits.
Ainsi, ceux qui proposent de moduler
les cotisations patronales ne proposent
pas autre chose qu'une entourloupe de
prestidigitateur : selon ce principe, un
patron qui augmente le salaire direct de
ses employés verra sa " cotisation
sociale " baisser, ce qui revient à une
exonération partielle et à un manque à
gagner pour la Sécu. (Idem pour celui
qui embauche)

Or, jusqu'à maintenant, ce qui fait
encore la force de la protection sociale "
à la française " réside en ceci que la
Sécu et en son sein, la CNAV, sont
financés par le salaire différé.

Insistons lourdement : la " part patronale
", c'est du salaire différé et ne provient donc pas de la poche du patron
(sauf bien sûr si on veut dire par là que
le patron est contraint de payer un salaire
en échange de la vente par le salarié
de sa force de travail). Il n'est que de
voir une fiche de paye pour le comprendre.
l'argent de la Sécu, toutes branches
confondues, appartient bien aux
salariés et les patrons ne versent rien
qui leur appartienne en propre.

Les cotisations prélevées servent
immédiatement au paiement des pensions
de retraites, des prestations- maladie.
Les actifs cotisent pour les retraités
d'aujourd'hui, les bien portants
cotisent pour les malades. C'est le système
de répartition solidaire
.

Insistons encore : les prestations de
soins ne dépendent pas du montant de
la cotisation versée individuellement par
chaque salarié comme c'est le cas dans
les fonds de pension privés.
Enfin, pour ceux qui
apprécient Wikipédia,
voilà ce que cette encyclopédie
en ligne dit à ce
propos :

"Les cotisations sociales
sont des prélèvements
assis sur les
salaires ; elles sont
aussi appelées charges
sociales. Les cotisations
font partie des taxes sur
les traitements et salaires.
Elles sont associées
au financement de
prestations sociales.

Une distinction est faite
entre deux types de
cotisations sociales :
Les cotisations sociales
salariales sont
déduites du salaire brut
(salaire net = salaire
brut - cotisations salariales)

Les cotisations sociales
employeurs (appelées
aussi cotisations
patronales), qui sont en
général plus élevées
que les cotisations salariales,
sont déduites du
salaire " super-brut ".


La théorie économique montre que la
répartition entre ces deux types de cotisations
n'a pas d'importance économique
; trois éléments ont une influence
économique : le niveau du salaire
super-brut payé par les employeurs,
c'est-à-dire la rémunération des salariés,
le niveau du salaire net effectivement
perçu par les salariés, et les
dépenses financées par les prélèvements
sociaux.

Les cotisations sociales correspondent
donc à une part socialisée du salaire,
c'est-à-dire captée par des organismes
appelés caisses afin d'être redistribuée.
Les cotisants bénéficient en
contrepartie d'une couverture partielle
ou totale de frais divers, engendrés par
l'un des grands " risques " que sont le
chômage, la vieillesse, la famille et les
accidents du travail et maladies professionnelles.
Cette contrepartie peut être
immédiate (risque immédiat), ou différée
: le salarié touche une pension à
l'âge de la retraite.

Ce système repose sur un principe de
solidarité : une partie des salariés
payent plus qu'ils ne reçoivent ou qu'ils
ne recevront, par exemple s'ils ne
connaissent aucun ennui de santé ou
aucune période de chômage, si la durée
de leur espérance de vie à la retraite est
plus faible que la moyenne, si leurs cotisations
servent à financer d'autres régimes
de retraite."

Difficile d'être plus explicite. En résumé,
ceux qui revendiquent l'augmentation
des cotisations patronales font l'impasse,
volontairement ou pas, allez
savoir, sur ce fait que les retraites, branche
de la sécu, existent en France sur la
base quasi-exclusive du salaire différé
(les tentatives de fiscalisation engagées,
en particulier par la "gauche" par
le biais de la CSG et de la RDS n'ont
pas encore entamé l'os) A moins que
cette proposition d'augmentation des
cotisations patronales ne signifie pas
autre chose que la revendication d'augmentation
générale des salaires, qui
aboutirait bien sûr alors à une augmentation
automatique...des cotisations
"salariales" et "patronales"? Si c'est de
cela dont il s'agit, alors pourquoi ne pas
le dire et donc revendiquer tout simplement l'augmentation uniforme, générale,
des salaires que le NPA a d'ailleurs
chiffré à juste titre à 300 euros? Et avec
bien sûr son corollaire : le Smic à 1500
euros net. Voilà la seule façon, combinée
à la lutte contre les licenciements,
de sauver la sécu et donc les retraites.
Le reste, c'est de la diversion.




Qu'est ce que le salaire différé ?




Insistons lourdement. Le salaire différé,
c'est donc comme on vient de le voir
l'ensemble des cotisations sociales,
part salariée (PS) et patronale (PP)
confondues. C'est l'argent que les salariés
mettent dans un pot commun pour
s'assurer mutuellement, pour leur santé
comme pour leur retraite, selon le principe
de la solidarité ouvrière : chacun
cotise pour tous et tous pour chacun.
Chacun cotise selon ses moyens et perçoit
selon ses besoins. C'est, historiquement,
le principe fondateur du mouvement
ouvrier qui plonge ses racines
dans les caisses de secours et de résistance,
les mutuelles dont se sont dotés
les travailleurs au XIX ème siècle pour
s'unir contre les empiètements du capital
et les conséquences douloureuses
de l'exploitation qu'ils subissaient. C'est
dans ce processus, où chacun cotisait
pour tous, que la classe ouvrière s'est
affirmée comme classe indépendante,
séparée du Capital et a élargi ses
moyens de défense et d'émancipation.
Ce principe a été, en 1945, la base
fondatrice de la Sécurité sociale.
Ajoutons d'ailleurs qu'il ne s'est nullement
agi, en 1945, d'un élan généreux
du patronat français, du reste mouillé
jusqu'au cou dans la collaboration. La
bourgeoisie française, par peur de tout
perdre face à la vague révolutionnaire
de 1945, a dû lâcher en particulier le
régime de Sécurité sociale par répartition
solidaire, l'actuelle " Sécu "

Aussi, les militants anticapitalistes
seront en première ligne pour défendre
cette conquête sociale révolutionnaire
qu'est la Sécurité sociale, et son financement
assis sur les salaires. Pour
rétablir la vérité historique, il convient
de rappeler que la première ordonnance de 1945 créant la Sécurité sociale
prévoyait la constitution d'une cotisation
unique, sans donc le cloisonnement
technique actuel entre part salariale et
patronale. Ce que corrobore cet extrait
de l'exposé des motifs de l'Ordonnance
du 4 octobre 1945 (non paru au JO.
Source : Revue Prévenir mars 1982 p.
121)

" II. Cotisation unique

Le régime actuel de cotisation des
assurances sociales, de l'assurance
contre les accidents du travail et des
allocations familiales impose aux
employeurs une tâche chaque jour plus
complexe et plus difficile. Il nécessite
aussi des mécanismes lourds et d'une
utilité contestable. La réalisation d'un
système d'ensemble de la sécurité
sociale doit permettre un regroupement
des différentes cotisations en une cotisation
unique. Cela ne signifie pas sans
doute que tous les assujettis sur l'ensemble
du territoire devront payer une
même cotisation. Si en effet l'on conçoit
que pour les assurances sociales ou les
allocations familiales les cotisations
soient partout les mêmes, il en va autrement
dans le domaine des accidents du
travail où la cotisation doit, au moins
dans une certaine mesure, être en rapport
avec l'importance du risque, de
manière surtout à encourager les entreprises
dans leurs efforts de prévention
des accidents et des maladies professionnelles.
Dire qu'il y aura cotisation
unique signifie donc simplement qu'une
même entreprise versera pour l'ensemble
de son personnel une cotisation globale
faite de la somme des cotisations
des assurances sociales et de l'assurance
des accidents du travail, des allocations
familiales et basés sur la masse
des salaires payés. "




Réclamer la taxation des revenus fonciers ? Autant faire rentrer le loup dans la bergerie




Eric Aubin, en charge du dossier
Retraite pour la CGT, déclarait le 14
avril dernier : " La CGT exige la mise en
oeuvre d'une contribution sur les revenus
financiers des entreprises au même
taux que la cotisation retraite des
employeurs (8,2%) ". Cette idée de
taxer les revenus financiers des entreprises
pour la Sécu et les retraites n'est
pas nouvelle. C'est aussi une vieille
idée du PCF. Entendons-nous bien, la
taxation des revenus financiers pour
subventionner, par exemple, la construction
d'HLM, de rénovation des voies
ferrées, de la voirie, d'investissement
dans les énergies renouvelables etc,
serait une mesure essentielle pour la
population et le pays. Qui pourrait s'y
opposer? Mais, certainement pas pour
contribuer au financement des retraites
et de la sécu. Au demeurant, il n'est pas
surprenant que cette idée de taxation
des revenus financiers pour les retraites
soit reprise par tant de gens de tous
bords. On voudrait mettre en place un
système de retraite géré par une association
Capital-Travail qu'on ne s'y prendrait
pas autrement ! Pas étonnant que
ça plaise tant à...Sarkozy qui vient de
déclarer que la taxation des hauts revenus
et des revenus financiers était une
piste qu'il envisageait pour la "réforme"
des retraites. Espérons qu'après cette
déclaration, les partisans de cette fausse
bonne idée vont réfléchir. A moins
qu'il ne s'agisse d'une manoeuvre
concoctée avec certains Etats-majors
syndicaux qui vont nous présenter cette
piste comme un recul de Sarkozy pour
nous faire avaler la "réforme"?

Répétons-nous : la force des salariés,
c'est un système de sécu assis sur leur
salaire et dont ils puissent revendiquer
la propriété collective.

Qui paye commande, dit-on. Si
demain, par le biais d'une taxation des
revenus financiers (donc d'ailleurs de la
Bourse) le capital entrait directement
dans la composition du budget global
de la sécu, il revendiquerait immanquablement
de le gérer dans le sens de la
recherche du profit, au détriment du
caractère solidaire du système actuel
de répartition. Il introduirait les critères
de rentabilité dans la gestion des caisses.
Le loup dans la bergerie en somme,
avec la bénédiction des centrales
syndicales et autres apprentis-sorciers.
Un système de retraite et de sécurité
sociale alimenté par un mélange de
cotisations prélevées sur les salaires et
de contributions prélevées sur les revenus
financiers serait la proie des appétits
capitalistes (il l'est déjà d'ailleurs,
mais là, c'est les propres représentants
des salariés qui lui ouvriraient euxmêmes
toutes grandes les portes).
Comme aurait dit Jaurès, nous passerions
alors de " la certitude du droit " à "
l'arbitraire de l'aumône ". Comme le
souligne la présidente de la Caisse
nationale de l'assurance vieillesse
(Cnav), Danièle Karniewicz (CFECGC),
peu suspecte de gauchisme, la
répartition "est un garde-fou incroyable
par rapport à des marchés financiers
volatils".Dans l'actuel contexte de tourmente
des marchés financiers, la proposition
de Sarkozy n'est donc pas anodine...

Ce n'est pas en lâchant la proie pour
l'ombre ni en nous excusant de vivre
plus vieux qu'avant que nous défendrons
nos retraites et nos droits. Mais,
par la lutte de classes. Par le Tous
ensemble pour le retrait des réformes,
l'abrogation des lois scélérates qui ont
porté atteinte à nos acquis. Par le refus
de siéger dans les tables rondes dressées
contre les retraites, les salaires et
les effectifs.




Restaurer les bases fondatrices de 1945




Le modèle de Sécurité sociale que
nous défendons est fondé sur la solidarité
entre les tous les salariés et sur la
solidarité entre les actifs et les retraités.
Ce n'est pas d'une " réforme " dont la
sécu a besoin mais d'une restauration
sur les bases fondatrices de 1945.



Pedro Carrasquedo,

Daniel Petri,

le 12 mai 2010



(1) Le Code des pensions civiles qui régit les
retraites de la Fonction publique depuis 1853 n'est
pas basé pour l'essentiel sur le salaire différé. Le
fonctionnaire est pensionné de l'Etat. La loi qui se
prépare a aussi pour but d'aligner les fonctionnaires
sur le régime général, par exemple en remettant en
cause le calcul de la retraite sur les 6 derniers mois
du fonctionnaire. ( à ce jour calculé sur la base de
75% du salaire brut ) Sarkozy veut ainsi " régler " le
déficit du budget de l'Etat dont la grande majorité
est constituée par la masse salariale de ses fonctionnaires.
Le tout bien entendu au détriment des
services publics considérés désormais comme un
luxe d'un autre âge par Bruxelles et Sarkozy.
Modifié le mercredi 19 mai 2010
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