Retour à la case «départ»

Chronique d'une fin de régimeLe Monde du 4 mars notait : "Une peur bleue ! et si tout s'écroulait, avec le départ d'Alain Juppé, le parti, bras désarmé du président, la majorité, secouée par la guérilla de l'UDF, le gouvernement, laminé par les élections : un vrai cauchemar (...) Après le premier tour, il y a fort à parier sur "36 heures d'épouvante politique" entre l'UMP et l'UDF, redoute un ami du président".

Pendant trois semaines

Que s'est il passé pendant les trois semaines qui ont précédé les élections régionales et cantonales ? Rien d'autre que la continuité d'une politique dirigée complètement contre toutes les couches de la population et particulièrement les salariés, les jeunes et les chômeurs.Mécontentant les uns sans contenter les autres.Ce mécontentement chez les cadres et les professions libérales s'est accru à l'égard de Jean-Pierre Raffarin au cours de ces dernières semaines, l'impopularité du Premier Ministre atteint 67% dans cette catégorie de la population qui est, traditionnellement, acquise à la droite, selon un sondage de l'IFOP publié par le Journal du Dimanche du 8 mars. Mardi 9 mars, 2000 responsables de laboratoires ont démissionné de leurs fonctions administratives pour protester contre les restrictions budgétaires, le même jour, plusieurs milliers de scientifiques ont manifesté devant l'Hôtel de ville de Paris et en province. le vendredi 19 mars, à Paris et dans les grandes villes universitaires des milliers de chercheurs ont, à nouveau, manifesté le vendredi 19 mars. l'ampleur de ces rassemblements est sans précédent pour le monde de la recherche. Pour toute réponse l'ancien représentant de commerce parle de "l'intelligence de la main" et s'attire cette réplique cinglante de son "ami" Jean-Louis Debré, le 17 mars, dans un meeting à Chateauroux : "La nouvelle ambition française n'est pas celle de la proximité contre la grandeur ..., pas celle des collectivité locales contre l'état ..., pas celle des buralistes et des restaurateurs contre les savants et les chercheurs".

Poursuivre les "réformes"

Jean-Pierre Raffarin ne va pas s'arrêter pour autant.Il prévoit au lendemain des élections régionales et cantonales de mener de front plusieurs réformes importantes.D'ores et déjà, un projet de Loi prévoyant la transformation du statut d'EDF en société anonyme, prélude à une privatisation ultérieure et soumis depuis quelques jours à l'examen du Conseil d'Etat. Le gouvernement prépare, par ailleurs, une réorganisation de l'assurance maladie. Enfin, François Fillon envisage d'instaurer des sanctions contre les chômeurs qui refuseraient des emplois conformes à leur qualification. Jupiter rend fou ce qu'il veut perdre...

Le modèle espagnol

Les échéances s'approchent et au-delà des Pyrénées,en infligeant un cinglant désaveu au Parti Populaire de José-Maria Aznar, les électeurs espagnols ont mis à bas le principal modèle de la droite française, c'est Jean-Pierre Raffarin qui avait employé ce qualificatif à Madrid pour témoigner de son "soutien sans faille" à la candidature de Mariano Rajoy, présenté comme successeur d'Aznar. "Notre modèle, en France, c'est le Parti Populaire Espagnol", en vantant les mérites d' "une formation moderne qui promeut l'esprit d'entreprise, la solidarité, la famille, le patriotisme, les initiatives locales et la sécurité".

Interrogations de l'UMP au PCF

Tandis que Raffarin martèle : "à élections territoriales, leçon territoriale et à élections nationales leçon nationale." A la veille du premier tour, l'état-major de l'UMP est dans l'expectative : "notre électorat ne répond pas. Il ne nous exprime ni soutien ni hostilité. On est dans le brouillard... en tout état de cause, nous pensons que ces élections, particulièrement les régionales, ne seront pas très bonnes pour nous, mais nous n'attendons pas un cataclysme".La suite leur prouva que non... Le PCF conservera-t-il les deux seules présidences de Conseils généraux qui lui restent : celle du Val de Marne, et celle de la Seine St Denis ? Leurs pertes sèches préfigureraient l'inexorable et ultime déclin de l'implantation municipale du PCF, après les revers déjà lourds des élections de mars 2001. Réponse : au soir du premier tour des élections cantonales, le PCF voit se profiler la perte de la présidence du Conseil général de Seine St Denis, au profit du Parti Socialiste. La soi-disant récupération électorale du PCF se traduit par la chute irréversible de son implantation locale.

Les gâte-sauce

Le mode de scrutin a été élaboré par l'UMP en avril 2003, afin, soi-disant, de marginaliser le front National et de ligoter l'UDF. Jacques Chirac et Alain Juppé peuvent être satisfaits du résultat, l'UDF a présenté ses listes autonomes, le FN est présent au second tour dans 17 régions sur 22, seul point positif pour eux les listes LO-LCR sont éliminées partout, alors que leurs résultats leur auraient permis d'avoir des élus dans 7 des 22 régions, on voit bien, maintenant, qui était visé dans cette réforme.

Effondrement à droite, stagnation à gauche

Le nombre de voix obtenu par la droite et la gauche l'atteste, il s'agit plus d'un effondrement de la droite qui perd, toutes tendances confondues, par rapport au premier tour des présidentielles de 2002, presque deux millions de voix, que d'une remontée de la gauche qui, par rapport aux mêmes élections présidentielles de 2002, progresse seulement d'environ 500 000 voix, ceci, rajouté à une légère baisse de l'abstention qui se situe toujours à un niveau très élevé de 38 % du corps électoral, sans oublier les 4,8 % de bulletins blancs ou nuls. l'ampleur de l'abstention, la baisse de l'inscription sur les listes électorales - le refus de s'inscrire sur les listes électorales touche 9% du corps électoral (étude publiée en janvier 2003 dans INSEE Première) - symbolisent la faillite partielle de la représentation qui continue,de scrutin en scrutin, d'affecter la légitimité des élus.

"Dialogue" instructif

Le soir du premier tour sur une chaine de télévision, Julien Dray porte-parole du Parti Socialiste interpelle Besancenot sur le refus de la liste LO-LCR d'appeller à voter pour les listes de gauche au second tour, celui-ci lui demande si au gouvernement le PS reviendrait sur les 37,6 pour les retraites ...silence, grand silence du porte-parole, qui était plus disert il y a quelques mois de celà pour vanter les mérites de Nicolas Sarkozy, allant jusqu'à lui reprocher d'avoir repris les idées du PS en matière de sécurité. Une chose est certaine, les salariés de ce pays n'ont pas voté pour une politique de "réformes" mettant en cause les grands acquis de 1945/47 : Sécurité sociale et service public.En infligeant une défaite cinglante au gouvernement Chirac-Raffarin, ils ont ouvert la voie à son renversement et sur ce chemin ils sauront écarter les faux-amis.
Modifié le dimanche 19 juin 2005
Voir aussi dans la catégorie Chroniques d'une chute de Régime
« Bonjour Jean-Luc, c’est Arnaud Montebourg »« Bonjour Jean-Luc, c’est Arnaud Montebourg »

C’est une campagne présidentielle encore plus nauséabonde que la précédente. Une campagne « à droite toute » dont la mesure est donnée par un nouveau venu, Éric Zemmour, ancien journaliste...

De l’état d’urgence sanitaire à l’État policierDe l’état d’urgence sanitaire à l’État policier

État d’urgence, confinements, couvre-feu, attestations de sorties, interdictions de rassemblements, la restriction des droits et libertés publiques est l’unique ordonnance que Macron et son...

2020 : Unité nationale, patriotisme et lutte contre le séparatisme islamiste2020 : Unité nationale, patriotisme et lutte contre le séparatisme islamiste

Il n'y a rien à attendre des partis politiques et des syndicats français. Depuis le 27 février dernier où, réunis à Matignon, ils ont répondu à l'appel d'union nationale du premier ministre...

Bloc notes, La Commune n° 123Bloc notes, La Commune n° 123

Macron, président des 5 % des ménages les plus riches Un Français sur 10 perçoit des minima sociaux : revenu de solidarité active (RSA), prime d’activité, allocation spécifique de...

Quand ceux d'en bas ne veulent plus et que ceux d'en haut ne peuvent plusQuand ceux d'en bas ne veulent plus et que ceux d'en haut ne peuvent plus

Pour Macron, ce qui se joue aujourd’hui va au-delà de l’avenir, ou pas, de son projet de régime universel de retraite par points. C’est de son autorité politique et de sa capacité à...

Philippe PoutouCe qui se dessine

Où l’on voit les médias bien mangeants se ruer vers « la ruée sur le Nutella », pendant que Macron se baffre avec les 140 plus grands capitalistes planétaires. Où l’on voit la cote de...



HAUT