Effondrement en cours

Sous les coups de boutoir de la lutte des classes, complètement désarticulé depuis le mouvement du printemps 2016 contre la loi El Khomri, le régime réactionnaire de la Ve République est mourant, en phase terminale, placé sous soins palliatifs. Sa mort est inéluctable. Et avec lui, disparaîtront tous ses séides et fidèles laquais dans les poubelles de l’Histoire. Dès à présent, Tous les partis qui ont présidé aux destinées de la Ve République, ce régime antidémocratique, sont disloqués.

Effondrement en cours

LR , le parti gaulliste qui n’a plus de gaullien que sa « prestigieuse » généalogie, tant il est empêtré dans les affaires et les scandales de son héraut François Fillon. « Qui imagine le général De Gaulle mis en examen ? », tonnait Fillon durant la primaire, légitimant sa stature de « Monsieur Propre », blanc comme l’agneau venant de naître… Qui imaginait que celui qui avait « déjà gagné l’élection présidentielle » il y a quatre mois serait mis en examen ? Personne !

Dislocation de LR « en marche »

Et pourtant, le « PénélopeGate », l’affaire des emplois fictifs de son épouse et de ses enfants, est passé par là. Fillon est aujourd’hui mis en examen et accusé de détournement de fonds publics, de complicité et recel de détournement de fonds publics, de complicité et recel d’abus de biens sociaux, de manquements aux obligations de déclaration à la haute autorité de la vie publique. Celui qui prônait l’exemplarité, des économies, du sang, des larmes et des sacrifices, les réservait aux autres… Le million d’euros de revenu perçu illégalement par sa famille, les costumes à 6 500 euros pièce ou les montres à 10 000 euros offerts par ses « amis », dont le barbouze Robert Bourgi, ont fini de le discréditer aux yeux de tous. Conséquence, la dislocation de LR est « en marche ».

Explosion du PS en cours

Parallèlement, le PS vit le même « processus ». La victoire de Benoît Hamon à la « primaire » a, en définitive, accéléré le processus de décomposition et d’explosion du PS. Le candidat est trahi, lâché, abandonné par les siens. La liste des déserteurs s’allonge de jour en jour : Manuel Valls, Jean-Yves Le Drian, Bertrand Delanoë, Jean-Paul Huchon, Thierry Braillard, Bernard Poignant, Daniel Vaillant, Bernard Kouchner, Marie-Guite Dufay. Tous parient sur la « gamelle » Emmanuel Macron. Le « sauve qui peut » est général et oblige le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis à appeler à « l’unité et à la loyauté » derrière Hamon : « Pour surmonter la fragmentation française, le parti socialiste est indispensable. Il lui faut de la loyauté, de l’unité et une puissante rénovation ». En clair, pour Camba, il faut surmonter le risque d’explosion du PS et tenter de maintenir l’unité du parti derrière Hamon. La « synthèse » est faite par Michel Sapin qui dit tout haut ce que pense tout bas une majorité des loyalistes du PS : « le candidat socialiste, c’est Benoît Hamon. Je voterai pour lui. (…) Je ne manquerai pas à ma famille politique », tout en précisant qu’il ne soutenait pas le projet de Hamon et en pointant « l’absence de responsabilité » du candidat. Hamon est soutenu par les loyalistes du PS comme la corde soutient le pendu…

Comme le PASOK en Grèce, le PS est tout simplement menacé de disparition. C’est la fameuse « fragmentation », mais du PS. Car Hamon est donné à 8 % dans les sondages d’intention de vote quand Jean-Luc Mélenchon, le gourou de la France Insoumise, est crédité d’environ 18 %. La présence au second tour de ce dernier, dont la candidature est littéralement propulsée par les médias et la bourgeoisie, n’est plus un scénario écarté. Et Hamon de prévenir que si tel était le cas, face à Marine Le Pen, il voterait sans hésiter Mélenchon plutôt que Fillon ou Macron.

Un profond rejet

Jamais, un parti et un pouvoir sortants n’ont été dans une telle situation. En juin 2012 Hollande et le PS avaient tous les pouvoirs en main : ils étaient majoritaires à l’Assemblée nationale, majoritaires au Sénat, ils dirigeaient 21 conseils régionaux sur 22, ils présidaient plus de la moitié des conseils départementaux et administraient une majorité de grandes villes (Lille, Paris, Lyon)…

Or, en avril 2017, l’effondrement sur pied du PS, est le fruit direct du rejet des politiques anti-ouvrières, anti-jeunes, anti-immigrés, menées pendant cinq ans par le PS, Hollande et le MEDEF. D’ailleurs, les sondages ne s’y trompent pas. Tous font part d’un fait marquant, mais qu’il ne faut surtout pas analyser : l’abstention. Véritable grève du vote, l’abstention se situe, à quinze jours du premier tour, entre 30 et 35 %, explosant tous les records de l’histoire de la Ve République. Car moins que jamais, la classe ouvrière n’attend quoi que ce soit de ces élections.

Salariés, chômeurs, retraités, jeunes savent pertinemment qu’aucun candidat, aucun parti, ne répondra à l’urgence de leurs besoins vitaux que sont : un vrai travail, un vrai salaire, abolition du travail précaire ! Qu’ils s’en aillent tous, qu’il n’en reste aucun !



Wladimir Susanj,
08 avril 2017

Modifié le vendredi 14 avril 2017
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