l'assassinat de Clément Méric : «  A jamais, l'un des nôtres »

L'assassinat de Clément Méric : «  A jamais | Chronique hebdo, 10 juin 2013Clément Méric était un jeune militant qui aspirait à combattre pour une société fraternelle  libérée des chaînes de l'exploitation et de l'oppression. l'action antifasciste dans laquelle il se reconnaissait correspondait à cette aspiration, tout comme l'action syndicale étudiante à laquelle il contribuait. Il pensait qu'il fallait agir contre ces groupes, certes peu nombreux, mais dangereux qui aspirent à être les groupes de choc de la réaction la plus noire et qui flanc-gardent le FN, lequel se donne une image " pacifique " et " démocratique " à des fins purement électorales. Selon les dernières informations, sa mort a été causée par les coups qui lui ont été portés et non de la chute qui a suivi ces coups. Comme l'expriment ses proches, ses amis " antifa " : " Clément Méric, à jamais l'un des nôtres ". Et, nous sommes tout autant à leurs côtés, lorsqu'ils s'insurgent contre la " récupération " qui a immédiatement suivi l'annonce du drame. Laquelle remplit une fonction politique qui ne doit pas nous échapper.

Des fleurs et des poings levés


Ce mercredi 5 juin, en fin d'après-midi, Clément Méric a été frappé à mort par un skinhead qui se réclame de " Troisième voie ". Il est tombé à la suite de plusieurs coups et a été transporté à l'hôpital dans un état désespéré. Dans la nuit, il était déjà en état de mort cérébrale. Pour ses proches et pour ses camarades antifa, l'heure était à l'émotion, à la tristesse et à la retenue. Ils ont pris par eux-mêmes l'initiative de deux rassemblements en hommage à leur frère de lutte, l'un devant Sciences-po et le suivant, plus tard dans l'après-midi, sur les lieux du crime fasciste, autour d'une simple banderole : "  Clément Méric, 05-06-2013 A jamais l'un des nôtres ". Des fleurs, des poings levés. Mais, pas de discours. Simplement des cris de colère lorsque NKM et sa suite de l'UMP ont tenté de troubler leur hommage à leur ami.

Un bien mauvais " bon coup "


Mais, pendant ce temps-là, un certain Alexis Corbière, second couteau de Mélenchon, attirait sur lui l'attention des caméras et des medias. Dès le matin, mettant tout le monde devant le fait accompli, le Parti de gauche appelait à un rassemblement Place Saint Michel en vue d'exiger la dissolution des groupes de la dite " extrême droite radicale ", laissant penser que Clément était un militant ou un proche du Parti de Gauche Sans surprise, l'initiative du PG a été relayée par le FdG dans son ensemble, la direction du PS, les directions syndicales CGT et CFDT. Le NPA, LO et le POI y ont appelé à leur tour, ainsi que l'union antifasciste Paris-Banlieue car un tel rassemblement- indépendamment des intentions du PG s'imposait.
 
Mais le " coup politique " tenté par Alexis Corbière a spontanément été déjoué par les antifa. Tout d'abord, le fameux PG, tout comme le PCF, se réduisait à une petite délégation. Les directions syndicales CGT et CFDT semblaient absentes, montrant, par là même que du côté des initiateurs, la volonté de mobiliser leurs adhérents n'existait pas. Seul le " bon coup " comptait.
Alexis Corbière n'est pas encore connu d'un grand public. Trotskyste à vingt ans, il ne l'est pas resté bien longtemps. A l'époque où il était au PCI, le vieux Lambert avait déjà flairé en lui " le petit Rastignac de province aux les dents qui rayent le parquet "...Il faut croire qu'il ne s'était pas trompé : quelques années plus tard, après avoir été un des membres fondateurs du groupe La Commune, visiblement trop petit pour ses grandes ambitions, il rejoint le PS et se place sous l'aile de Mélenchon. Pour se faire bien voir de ses " partenaires " du PCF, il a commis il y a un an un article en défense de Georges Marchais tentant de réhabiliter ce chef stalinien ! C'est triste à dire mais ce personnage infatué s'est emparé du drame de ce 5 juin 2013 pour se jeter devant chaque caméra et micro qui passait pour satisfaire son égo.
 

La sixième république sous les huées


Vers 18h30, le rassemblement se forme Place Saint-Michel. Dans un premier temps, une partie des manifestants empêche Anne Hidalgo de s'y rendre puis les antifa arrivent en cortège, ils sont environ 300 et, le poing levé, ils scandent "  Clément, Clément, antifa " puis se placent au niveau de la fontaine face à la foule de quelques milliers de personnes et, après avoir déplié leur banderole, l'un d'entre eux déclare : "  c'est nous qui prenons la parole en premier ! ". Un de leur porte-parole intervient : " Si Clément était là, il aurait vraiment aimé que tous les drapeaux soient baissés, les drapeaux d'organisations ". Peu après, Alexis Corbière commence son discours, en voici un premier extrait :

" Ta gueule ! "


Clément n'était pas militant du parti de gauche ... "  Aussitôt, le slogan "  Clément, Clément, antifa " résonne sur la place et un manifestant lance, à l'attention d'Alexis Corbière : "  Ta gueule ! " Alexis Corbière reprend : " Nous le disons clairement, il n'est pas possible ... " ponctué d'un deuxième " Ta gueule ". La fin de la phrase sera rendue inaudible par le brouhaha qui le couvre. Alexis Corbière poursuit : " il [Clément] le faisait avec ses mots, avec ses actions qui lui étaient propres et que nous respectons. Aujourd'hui, il faut une réponse politique à l'extrême droite... " A ce moment-là, de la foule jaillit la clameur " récupération, récupération "... Alexis Corbière faisait la promotion de sa " sixième république ", toute honte bue ! La réponse à ce crime fasciste, l'hommage à ce jeune étudiant mort sous les coups de la peste brune, c'était...une combine institutionnelle ! A vomir, en effet !
A la suite de ce large mouvement de protestation contre l'intervention de Corbière, Mélenchon s'est bien gardé d'intervenir. Alexis Corbière lui aura servi de fusible, en somme... Dans l'ensemble, La dépêche AFP qui suit  livre  un bon exposé de cette résistance à la " récupération "
 
" jeudi place Saint-Michel à Paris à Clément Méric, le militant d'extrême gauche mort après une bagarre avec des skinheads, un rassemblement au cours duquel plusieurs élus dont Anne Hidalgo (PS) ont été hués ou accusés de "récupération", ont constaté des journalistes de l'AFP.
   "Halte à la violence et à la haine!" pouvait-on lire sur une pancarte aux couleurs du Parti de gauche (rouge, vert, blanc), qui avait appelé au rassemblement, auquel s'est aussi associé le Parti socialiste.    Plusieurs dizaines de camarades anti-fascistes du jeune militant de 18 ans décédé sont arrivés vers 18H30 en rangs serrés, poing levé et scandant "Clément, Clément, antifa" (antifasciste, ndlr), applaudis par une foule muette. Plusieurs sont montés sur la fontaine de la place, y déployant une banderole proclamant "Clément, 05.06.2013, à jamais l'un des nôtres".   C'est un de ses camarades se présentant comme Olivier qui a ouvert les prises de parole, demandant avant tout en ce moment "deuil", que les drapeaux des organisations présentes soient baissés dans la foule parce que cela n'aurait pas plu à ce jeune décrit comme "libertaire et révolutionnaire".   "Ce crime est intolérable (...) Cet assassinat est politique", a lancé Olivier, en décrivant Clément comme "un jeune plein de vie, qui aimait la musique et avait la vie devant lui".   Du Parti de gauche, Jean-luc Mélenchon était présent dans la foule mais n'a pas pris la parole. Devant des journalistes, François Delapierre, numéro 3 du PG, a estimé qu'il était "trop facile de se laver les mains, de dire c'est un fait divers".    "Il faut que chacun considère que c'est son devoir de s'occuper de ça et de régler ce problème qui peut défigurer notre pays", a-t-il ajouté, en allusion aux groupes d'extrême droite pointés du doigt après l'agression fatale.   Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris, a tenté une apparition sur la place mais elle s'est fait huer et a rebroussé chemin, sous les cris "PS hors la manif, socialos trahison", a aussi constaté une journaliste de l'AFP.
   Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, un temps annoncé, ne s'est finalement pas mêlé à la foule, son entourage jugeant la situation trop tendue.   Après Alexis Corbière (PG, Paris) qui a fait les frais de l'aversion des camarades de Clément pour la "récupération" en se faisant couper son intervention, les orateurs se sont succédé: CGT, Ligue des droits de l'Homme,
Gauche anticapitaliste, PCF, Solidaires, EELV, Gauche unitaire, Unef, SOS Racisme...
   Seul Olivier Besancenot (NPA) a remporté un franc succès: "Le combat continue contre tout, tout, ce qui fait le lit de l'extrême droite", a lancé celui qui fut plusieurs fois candidat à la présidentielle.   "l'extrême droite se nourrit des renoncements de la gauche quand elle est au pouvoir", a aussi accusé M. Besancenot, chaudement applaudi, citant les expulsions de sans papiers et les démantèlements de camps de Roms.    Parmi les manifestants, il y avait aussi des jeunes de Sciences Po, où
Clément Méric était étudiant boursier, et des militants d'Action Antifasciste Paris-Banlieue, groupe dont il était membre. "


 

"Certaines organisations en profitent de façon sordide"


Dans ce même ordre d'idée, nous faisons nôtre l'appréciation qui a été portée par l'union antifasciste toulousaine :
Depuis des années, nous voyons notre combat minimisé et isolé par des organisations de droite comme de gauche. Guerre des extrêmes, indifférence ou "lutte secondaire" les raisons sont multiples. Mais depuis hier certaines organisations en profitent de façon sordide. Notre tristesse ne nous fera pas courir les médias. " Belle leçon infligée à tous ces récupérateurs.
 

Les petits auxiliaires du gouvernement


Si cette misérable manoeuvre ne s'était pas produite, les organisations ouvrières et démocratiques auraient été incitées à s'inscrire dans les initiatives de l'union antifa, sans banderole, ni drapeau et à mobiliser leurs adhérents en nombre (ce qu'elles n'ont pas fait) et, on peut le penser, le rassemblement de la place Saint Michel aurait alors rassemblé beaucoup plus de monde qu'un rassemblement préempté par le PG sous l'angle obtus de " l'antifascisme de salon "( que raillait Trotsky en son temps), là où s'imposait un rassemblement antifasciste uni sous la seule banderole rendant hommage à Clément Méric. Ainsi, le PG a-t-il joué, du mieux qu'il a pu, quitte à essuyer les huées son rôle d'auxiliaire du gouvernement, lequel redoute toute manifestation à caractère de masse susceptible de créer une dynamique de mobilisation de la jeunesse en particulier et de la population en général. Dans ce cadre, nous saluons tout particulièrement l'intervention de notre camarade Olivier Besancenot démontrant, sous les applaudissements chaleureux, que la politique de chasse aux Rroms et d'expulsion des sans-papiers combinées aux attaques gouvernementales contre l'ensemble des salariés permet à l'extrême droite de " marquer des points " et l'encourage à commettre ses exactions. Quant à la dissolution de groupes d'extrême droite, elle est, au mieux un couteau sans lame. En revanche, toutes les organisations ouvrières peuvent et doivent faire bloc pour exiger :
-aucune impunité pour ceux qui ont battu à mort Clément Méric, châtiment pour les coupables
-aucune poursuite judiciaire contre les militants antifascistes qui étaient avec Clément, ce 5 juin (puisque, ô stupeur, de telles poursuites sont " envisagées " dans le cadre de l'information judiciaire qui vient d'être ouverte)
 
Quant au combat pour mettre hors d'état de nuire ces groupes qui se livrent à des agressions fascistes contre les immigrés, les homosexuels et les militants ouvriers, c'est un combat permanent, comme l'a souligné Olivier Besancenot, sur le terrain qui est le nôtre : le terrain de la lutte des classes.

 Jean-Paul Cros (commission de médiation, 34, Y) Pedro Carrasquedo (CPN, 64, Y), Daniel Petri (75, Y) Wladimir Susanj (CPN, 75, Y)

10 juin 2013
Modifié le jeudi 13 juin 2013
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