Carrillo, faux communiste, vrai stalinien

faux communisteOn trouve, dans notre journal hebdomadaire Tout est à nous ! n°163 (27/09/2012) un article sous la plume de Pepe Gutiérrez ( membre de Izquierda Anticapitalista, organisation dans l'Etat espagnol) au sujet du décès de Santiago Carrillo, sous le titre " Santiago Carrillo, archétype de toute une " culture communiste ". Citons juste la conclusion, à elle seule significative de l'article :

" (...)Ces derniers temps, lorsque quelqu'un nous interroge sur la profonde méfiance que ressentent les nouvelles générations envers les syndicats et les partis, on ne peut qu'admettre qu'elle est vraiment liée à l'énorme déception vécue par des milliers et milliers de militants honnêtes qui ont cru en tout et ont été profondément déçus.

Que Carrillo repose en paix, et que ses efforts militants soient reconnus. Mais j'espère aussi qu'avec lui mourra un peu plus toute cette culture qu'on appelait " communisme " mais qui ne l'était pas.
) "

 


" Que Carrillo repose en paix " ?

 


Non, effectivement, Carrillo n'avait rien à voir ni de près ni de loin avec le " communisme " il avait tout à voir en revanche avec le stalinisme, corps étranger à la classe ouvrière ; Pourquoi ne pas le dire, si l'on veut justement transmettre le véritable héritage révolutionnaire aux jeunes générations. ?

Pourquoi ne pas dire que Carrillo a été, très vite, un agent de Staline qui n'a eu de cesse que de trahir la révolution espagnole ?
Dans sa "  lettre aux ouvriers français ", le 10 juin 1935, Léon Trotsky analyse la politique de Staline en direction des partis socialistes en ces termes

Tout dernièrement, au mois d'avril, Staline a dépêché à Paris les dirigeants des jeunesses communistes russes pour convaincre la jeunesse révolutionnaire française d'adopter la position social-patriotes Ces jeunes bureaucrates ont organisé à l'intérieur du parti socialiste une fraction staliniste spéciale dont le mot d'ordre principal est : " Exclusion des trotskystes " ! Inutile d'ajouter que pour faire ce travail de désagrégation la clique stalinienne n'a pas ménagé et ne ménage pas les moyens financiers : si elle est pauvre d'idées, elle ne manque pas de devises Fred Zeller prête à Tchémodanov ce propos : " Il vous faut constituer une fraction solide à l'intérieur de la J.S. Nous vous donnerons tout ce qu'il vous faudra pour réussir. " l'opération ainsi tentée en France devait échouer. En revanche, en Espagne, la fusion des J.S. et des J.C., réalisée dans un contexte semblable, aboutit à la constitution des Jeunesses socialistes unifiées (J.S.U.) qui constituèrent pendant la guerre l'un des fondements de l'influence stalinienne. Santiago Carrillo, le secrétaire des J.S. d'Espagne, qui passait pour trotskysant en 1935, devait plus tard se rallier au stalinisme et devenir secrétaire général du P.C. espagnol " Notes des Œuvres..
Mais les révolutionnaires ne cèdent pas sous les coups de la terreur. Au contraire, ils répondent en redoublant l'offensive. Le stalinisme est maintenant la plaie principale du mouvement ouvrier mondial. Cette plaie, il faut l'extirper, la retrancher, la brûler au fer rouge. Il faut à nouveau rassembler le prolétariat sous le drapeau de Marx et de Lénine(...) "

 


Sachant que Carrillo est né en 1915, on constate donc que, après de très courtes interrogations, celui-ci avait donc 20 ans lorsqu'il est devenu dirigeant des JSUC, les jeunesses staliniennes. Un stalinien précoce dirons-nous.

Pourquoi ne pas dire donc qu'il a impulsé et préparé tous les coups tordus et assassinats des militants anarchistes, poumistes, trotskystes et de tous ceux opposés à la politique de Staline en Espagne, qui dama le chemin de la victoire de Franco ? Et qu'il était selon toute vraisemblance, selon l'historien Pierre Broué, parfaitement au courant des préparatifs de l'assassinat d'Andres Nin, dirigeant du POUM et ex-secrétaire de Trotsky. Et qu'il n'a pas plus hésité à exterminer ses propres camarades du PCE qui auraient eu des états d'âme. C'est ainsi que, "  selon le journal Periodista Digital, le journaliste Antonio Rubio a mis la main sur le rapport de cent pages écrit en 1955 par le dirigeant communiste espagnol Francisco Abad dans lequel les crimes de Carrillo sont dénoncés aux autorités soviétiques. Il lui a été remis par la fille de l'auteur, une militante communiste de longue date.

 


Le sanguinaire Carrillo, déjà connu pour avoir fait assassiner des civils (dont des femmes et des enfants) à Paracuellos del Jarama, a non seulement dénoncé à la police franquiste les camarades qui franchissaient la frontière pour rejoindre les fronts de la résistance intérieure, mais il a envoyé des équipes de tueurs (Antonio [José Gros], Sebastián [Félix Pérez] et Partebocas [Ricardo Navacerrada]), pour faire disparaître les chefs locaux que la Guardia civil n'arrivait pas à capturer, comme Pepito (aussi connu comme El Gafas).

 


Interrogé par téléphone sur ce rapport, dont l'original est dans les archives du PCUS à Moscou, Santiago Carrillo a affirmé qu'il s'agissait d'un montage destiné à le détruire et a refusé de l'examiner. "

( http://aventuresdelhistoire.blogspot.com)

 


Certes, le camarade précise dans son article pour TEAN que "  À cette école, on apprend aussi le culte de la manoeuvre politique.

C'est grâce à cette culture que Carrillo peut négocier avec Adolfo Suarez une transition qui transforme le mouvement ouvrier en parent pauvre d'une demi-démocratie " Mais tout cela est un peu court et bien trop sommaire. Carrillo et l'appareil du PCE sont à la base (avec l'aide ne l'oublions pas du PSOE) du " compromis historique " avec le néo-franquisme qui permit l'accession au pouvoir de l'homme de Franco, le roi Juan-Carlos, qui brada le drapeau républicain, et permit l'adoption de la Constitution royaliste-franquiste du 6 décembre 1978.

 


Le Pacte de la Moncloa, capitulation devant la monarchie franquiste

 


La redaction de " A l'encontre " rappelle ainsi opportunément :

 


La transition du franquisme à la monarchie constitutionnelle est aujourd'hui magnifiée en Espagne. Ainsi est actuellement loué Adolfo Suarez, qui fête ses 80 ans et qui mit en place une organisation - Union du centre démocratique (UCD) - regroupant des personnalités issues du régime franquiste et des démocrates chrétiens, avec l'appui de sociaux-démocrates, pour organiser les élections du 15 juin 1977. La "concertation" ne se fit pas seulement sur le plan politique, mais aussi sur le plan social avec les pactes de la Moncloa et la mise en place d'une nouvelle Constitution adoptée le 6 décembre 1978. Dans une dite analyse publiée dans El Pais le 25 septembre 2012, il est affirmé: Adolfo Suarez aurait eu "peu de succès si Felipe Gonzalez ou Santiago Carrillo, dirigeants de la gauche illégale à cette époque, ainsi que le président en exil de la Generalitat catalone, Josep Tarradellas, n'étaient pas entrés intelligemment dans le jeu proposé". (Réd. A l'Encontre)

 


De même qu'elle ajoute :

Le défilé devant le cercueil de Santiago Carrillo des personnalités politiques ainsi que du roi Juan Carlos a duré deux jours.

 


De plus :

Carrillo, comme l'a rappelé un de ses anciens bras droits, a répondu à la question "Faut-il accepter le drapeau de la monarchie et renoncer à celui de la république ?" par la formule typiquement hypocrite stalinienne: "Oui si c'est pour la démocratie, dans tous les cas notre couleur est le rouge"  "

 


Il y aurait encore beaucoup de choses à dire en guise d'épitaphe sérieuse de Carrillo. Ainsi, selon Jorge Semprun, ex-membre du PCE, réchappé de Buchenwald, ex-ministre de la Culture dans le gouvernement du PSOE entre 1988-1991, le responsable de la capture et de l'éxécution par Franco du militant du Parti communiste espagnol en 1962, Julian Grimau, malgré les mobilisations dans le monde entier.

 


Alors ? Paix à l'âme de Santiago Carrillo, l'assassin des militants ouvriers, l'un des fossoyeurs de la Révolution espagnole ? Certainement pas. Si on a le temps, on ira cracher sur sa tombe.




A bas le stalinisme !







Modifié le samedi 03 novembre 2012
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