Bretagne : oui, le combat des bonnets rouges, c'est celui de tous les salariés !

le combat des bonnets rouges | Chronique hebdo du 4 novembre 2013

Oui, chacun son camp, chacun sa classe :

la révolte des " nigauds et des esclaves " !


 
Mélenchon a encore frappé, serait-on tenté de dire à la lecture de son communiqué tout entier dirigé contre les dizaines de milliers de salariés et de petites gens des villes et des campagnes, décidés à manifester à Quimper, ce 2 novembre, pour leur survie. "  Chacun sa classe ", s'exclame-t-il. Il a, par ce simple communiqué, indiqué laquelle était la sienne : la classe affaire, dans les voyages comme dans la politique et la vraie vie. Il a indiqué quel était son camp : celui de Hollande-Ayrault et des directions syndicales qui se placent au service du gouvernement et de l'Ecotaxe qui n'a d' " eco " que le nom.
Commençons donc par relire, in extenso, ce communiqué de haine contre les 30 000 manifestants de Quimper

Communiqué de Mélenchon : haine, hargne et mépris

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" Communique de Jean Luc Mélenchon
Député européen
 
Le 2 novembre, en Bretagne chacun sa classe !
 
Encouragé par la timidité et la pleutrerie du gouvernement qui leur cède tout, le patronat et les cléricaux des départements bretons vont faire manifester les nigauds pour défendre leur droit de transporter à bas coût des cochons d'un bout à l'autre de l'Europe dans des conditions honteuses. A Quimper manifestent ceux qui veulent que continuent la souillure de notre belle Bretagne par les nitrates de l'agriculture productiviste. A Quimper  manifestent ceux qui veulent les salaires de misère pour les agriculteurs et le règne de la grande distribution. A Quimper les esclaves manifesteront pour les droits de leurs maîtres. Les salariés des départements bretons ne doivent pas se tromper de colère ! Ils ne doivent pas aller baiser la main qui les frappe. Ils doivent manifester à Carhaix avec leurs syndicats de salariés et leur classe, leur camp, leur famille. S'ils aiment les symboles historiques, les bretons qui réfléchissent préféreront se souvenir de leurs ancêtres qui déclenchèrent la grande révolution de 1789 contre les privilèges des riches et créèrent le club des jacobins plutôt que de marcher derrière les saigneurs de leur époque! "


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Notre camp, notre classe, son camp, sa classe


 
Mélenchon donne donc l'ordre aux salariés de se joindre à la contre-manifestation de Carhaix. Un " rassemblement " qui aura regroupé à grand peine, derrière les directions syndicales, quelques centaines de personne, avec la participation de Durand, porte-parole d'EELV et le soutien du maire PS de Quimper, Bernard Poignant, un des conseillers d Hollande. Le même Poignant qui a indiqué clairement : " si j'avais à choisir, j'irais à la manifestation à Carhaix pas à celle de Quimper ".  (Interview I Télé, 2-11).
 
Qui était à Carhaix ? Et, pour le compte de qui ?
 Alors, disons quelques mots de sa " manif " de Carhaix : était-ce une manifestation pour l'interdiction des licenciements et le retrait de tous les plans sociaux ? Non. Etait-ce une manifestation pour le maintien de tous les emplois dans l'agro-alimentaire, frappée par une crise de surproduction dont les salariés ne sont en rien responsables ? Pas davantage

l'appel à manifester à Carhaix ne laisse planer aucun doute sur ce point :

En guise d'introduction à l'appel à la manifestation de Carhaix, on lit sur le site officiel de la Confédération CGT :
" Le combat des bonnets rouges n'est pas celui des salariés
jeudi 31 octobre 2013 , par Frédéric Dayan (http://www.cgt.fr/Le-combat-des-bonnets-rouges-n-est.html)

" La fronde antifiscale organisée en sous-main, voire ouvertement par le patronat et les élus de l'UMP en Bretagne n'a que peu à voir avec les intérêts des salariés dont le mécontentement légitime est aujourd'hui instrumentalisé. Pour les trois organisations syndicales bretonnes CGT, Solidaires et FSU, "les initiateurs de la manifestation du 2 novembre à Quimper ne portent pas les revendications des salariés."
De fait, les syndicats de salariés appellent à un rassemblement à Carhaix le même jour pour porter leurs exigences, s'opposer aux fermetures d'entreprises et aux suppressions d'emploi. "



Déclaration des organisations syndicales de salariés CGT, Solidaires et FSU de Bretagne



La Bretagne souffre du fait de sa situation économique et sociale. Les pans industriels de la région sont mis à mal par des restructurations et des suppressions massives d'emplois dans tous les secteurs.
Les organisations syndicales participent, à leur niveau, à freiner les conséquences de cette catastrophe.
Ce gâchis engendre colère, désespoir et mécontentement. Cette détresse monte partout en France et doit alerter les pouvoirs publics sur la réalité sociale du pays.
Pour les organisations syndicales, c'est le signal d'alarme d'une situation qui ne peut plus durer, et dans laquelle, le gouvernement devrait avoir un rôle majeur pour redonner confiance, par des actes, aux salariés licenciés et ceux qui ont un emploi.
La Bretagne n'est pas en dehors de l'augmentation du chômage et de la misère. Cette restructuration de l'industrie est d'autant plus grave qu'il n'est rien prévu, ni par les licencieurs, ni par les pouvoirs publics, pour permettre aux salariés de continuer à vivre d'un travail.
Les politiques d'austérité imposées par l'Europe, ses pays membres, en rajoutent à la situation dans cette crise dont les conséquences sont déjà bien lourdes pour les salariés, les retraités et les privés d'emploi.
C'est pour cela que les organisations syndicales de salariés mobilisent pour le maintien de l'emploi industriel, au quotidien, mais aussi lors de manifestations interprofessionnelles.
Le discours antifiscal de certains acteurs des mobilisations en cours s'appuie sur des réalités. Au lieu d'une urgente réforme fiscale, le gouvernement impose de plus en plus les ménages, d'où une légitime incompréhension. Pour autant, les actions violentes sur médiatisées ne relèvent pas d'un mouvement social de salariés.
Le détournement du mécontentement, réel, d'une grande partie de la population à des fins politiciennes met en cause l'intégrité et l'indépendance des salariés dans un combat qui n'est pas le leur.
Les " bourreaux " sont aux commandes de cette manoeuvre et se servent de leurs victimes pour faire en même temps bouclier et bélier. Ils voudraient que les salariés oublient qu'ils ont toujours soutenu les politiques néolibérales responsables de la crise actuelle et que leur " modèle agricole breton " est aujourd'hui une faillite économique, sociale et environnementale.
Les manipulations sont lourdes puisque ce sont les " seigneurs de jadis " qui portent maintenant le bonnet rouge contre le peuple. Les initiateurs de la manifestation du 2 novembre à Quimper ne portent pas les revendications des salariés.
La casse industrielle est un gâchis pour l'économie, mais aussi et surtout pour les femmes et les hommes.
Aujourd'hui ce sont ceux qui licencient qui veulent en découdre avec le gouvernement. Ce combat n'est pas celui des salariés, non pas parce que le gouvernement ferait bien son travail, mais parce que ce qu'exigent les meneurs de cette manifestation, c'est d'aller encore plus loin dans leur stratégie de destruction sociale.
Rares sont les moments d'histoire où les patrons cassent, manifestent et refusent le dialogue. C'est aussi un signe fort que cette agitation porte en lui des germes qui dépassent largement l'écotaxe, même suspendue.
Pour permettre aux salariés de se retrouver, pour faire valoir leurs exigences, pour s'opposer aux fermetures des entreprises, à la casse des services publics et de la protection sociale qui ont comme conséquence des suppressions d'emplois, les organisations syndicales de la région Bretagne C.G.T., Solidaires et F.S.U. appellent l'ensemble des salariés, et ceux qui s'associent à leurs combats, à se rassembler : le samedi 2 novembre à 15 heures place du Champ de Foire à Carhaix "


Tout le verbiage distillé dans ce communiqué ne sert qu'à étouffer les revendications et aspirations des salariés et des couches populaires qui les environnent et à leur interdire de combattre l'écotaxe, inventée par Sarkozy (lors du Grenelle de l'environnement), reprise par les verts et Hollande On y parle de " maintien de l'emploi industriel ", une formule qui ne veut rien dire et surtout pas : " arrêt des licenciements " Mais ce communiqué CGT-FSU Bretagne cache l'essentiel : les directions syndicales accompagnement tous les plans sociaux, de toutes les fermetures d'usine, en Bretagne comme ailleurs.

Ces directions syndicales ont, de fait, interdit aux salariés de ce pays de combattre pour le retrait de la réforme Hollande-Ayrault des retraites, une réforme qui poursuit l'oeuvre de destruction du système de retraite par les gouvernements de droite. Ces mêmes directions syndicales se dressent, vent debout, contre l'interdiction des licenciements et négocient partout tous les reculs sociaux. Elles se lamentent : " qu'il n'est rien prévu, ni par les licencieurs, ni par les pouvoirs publics, pour permettre aux salariés de continuer à vivre d'un travail. " Quel travail ? Un CDD ? Un job précaire ? Un poste sur une qualification inférieure ? Et, avec quel salaire ? Et cette formule "  il n'est rien prévu par le licencieur... " elle serait risible si elle n'était dramatique : le licencieur, il licencie. Point. Et il faut le combattre.
 
Résultat : la contre-manifestation a été un bide. Les salariés " qui réfléchissent ", comme dirait Mélenchon, ont réfléchi : ils étaient en masse à Quimper et, parmi eux, des syndiqués CGT, FO, FSU.

Les salariés qui se battent pour leur survie ont, d'instinct, compris que la contre-manifestation de Carhaix serait le rassemblement de division d'une poignée pour le compte du gouvernement Hollande-Ayrault, un gouvernement entièrement dévoué au MEDEF. La manifestation pro-MEDEF, elle était à Carhaix. Sans doute y-avait-il des salariés dupés, trompés par les directions syndicales, sans doute. Mais la masse des salariés, du peuple travailleur et opprimé, elle était à Quimper.
 

Oui, qui était à Quimper ?


 
Il y avait clairement les cortèges de Gad, Doux, Marine Harvest, Tilly Sabco ...Mélenchon, Lepaon et quelques autres  (dont les plumitifs bien nourris de Politis qui se curent le nez pendant que passent devant eux les charrettes de licenciements de salariés) leur tournent le dos.
Et, il y avait clairement les couches opprimées : petits commerçants, artisans, paysans, marins-pêcheurs. Des petits gens, comme cette " chef d'entreprise " d'un restaurant qui gagne finalement 1400 euros par mois pour 70 heures par semaine et paye ses quelques salariés " seulement 1180 euros " se lamente-t-elle. (Qui oserait comparer cette femme avec le grand patronat ?)

Comme le souligne le témoignage d'un militant du NPA qui a manifesté à Quimper : "cette  manif  est,  à  l'origine,  issue  d'un  appel  de  Carhaix  et  des travailleurs  de  l'usine  de Marine  Harvest  frappés  par  une  fermeture  et  de  plusieurs centaines de licenciements en lien avec le début de convergence qui s'est manifestée toute  la  semaine  du  14  au  20  octobre  entre  les  différentes  usines  et  leur  comité  de soutien, chez les GAD et les Marine Harvest." (voir : en annexe l'excellent compte-rendu de ce camarade)

Ce sont ces salariés qui sont à l'origine de la mobilisation spontanée de pans entiers de la population en Bretagne, mobilisation qui s'est combinée avec le rejet massif de l'écotaxe.  La révolte des salariés a alors entraîné dans son sillage et autour de son axe propre, la mobilisation des paysans, des retraités qui vivent avec 5 euros par jour comme a témoigné l'une d'entre eux à BFM télé.

Posons la question : Est-il anormal que les salariés entraînent dans leur sillage toutes les couches opprimées, des petits patrons, des artisans, des paysans, des petits transporteurs ? C'est en réalité un phénomène classique lorsque s'ouvre une perspective révolutionnaire. Et, ce, sans préjuger des développements des événements qui secouent la Bretagne depuis plusieurs mois, à l'initiative des salariés. Des salariés menacés de perdre tout moyen d'existence digne.

Des salariés que les directions syndicales ont abandonnés à leur sort et contre lesquels, avec Mélenchon, elles voudraient se venger. Des salariés qui se sentent sacrifiés par le gouvernement et dont une bonne partie avait voté Hollande : " j'ai voté Hollande, c'était l'espoir, aujourd'hui, c'est le désespoir " a dit une manifestante pendant que tous autour d'elle opinaient de la tête. Des salariés accusés de vendre leur âme à la réaction patronale, cléricale et autres " identitaires " par Mélenchon et tous les aigris par l'action ouvrière indépendante qui ne correspond pas à leurs schémas abstraits et désincarnés de la réalité vivante. Des salariés qui, ne pouvant s'appuyer sur les directions syndicales qui tournent le dos à leurs intérêts de classe, cherchent leur propre voie de l'action émancipatrice. Et cela, les directions syndicales, contraintes et forcées, devront tôt ou tard le comprendre et prendre leurs responsabilités, qui sont celles de l'unité et non de la division, celles des véritables revendications ouvrières de rupture et non de l'accompagnement des contre-réformes.

Philippe Poutou et le NPA à sa place, avec sa classe à Quimper


 
Philippe Poutou était à leurs côtés. Aux côtés des salariés et de toute une population qui se bat pour sa survie. Ce faisant, avec le NPA, il a défendu l'honneur du mouvement ouvrier et ses meilleures traditions historiques. Les basses attaques à relents staliniens qu'il a subies venant de Politis, et autres n'y ont rien fait. Poutou était avec sa classe, pas avec les bureaucrates. Il a choisi son camp, celui de l'union ouvrière et paysanne qui se forge dans l'action, par l'action et pour l'action.

Comme il le dit lui-même fort justement :
" - La question n'est pas tant " que fait le NPA dans cette galère ? " mais plutôt " pourquoi le FdG et la Cgt ont-ils déserté cette manif ". Car il s'agit bien d'une volte face, d'une désertion qui a sérieusement compliqué les choses. Le NPA était à sa place dans cette manif mais du coup un peu isolé dans le concert médiatique avec les soutiens exprimés de forces politiques de droites, de syndicats de petits patrons (transports, agriculteurs, ...).
Ce n'est pas le Npa qui manifestait avec les patrons et compagnie, c'était au contraire les patrons, la droite qui tentait une opération de dévoiement spectaculaire de la colère existante.
- Cette manif n'est pas une manif classique, syndicales avec les militants habituels, avec les formes habituelles. Ce n'était pas le " peuple de gauche " dans la rue, c'était le peuple tout court. Des gens en colère, victimes de la crise, de milieux sociaux divers (paysans, ouvriers, petits exploitants, milieu rural ...). Même du côté des ouvriers c'était très divers, pas habituel, une conscience de classe très variée, des boites en lutte très peu syndicalisées pour certaines, très peu Cgt pour l'essentiel ... On avait un prolétariat tel qu'il est en vrai et pas idéal du tout. Quand la colère s'exprime ce n'est pas forcément très " joli ", très " propre " en tout cas comme on pourrait l'espérer. Elle se fait avec ce qui a dans les têtes. Mais dans la rue ce jour là, c'était notre camp social en très grande majorité. Le Medef, l'UMP n'étaient là que discrètement, sans banderole, sans insigne (sauf les élus mais ça arrive régulièrement) "
(texte intégral en annexe)

Oui, il y avait, avec les salariés, les jeunes, les chômeurs, les retraités pauvres, des petits patrons, des petits transporteurs, des artisans, des petits commerçants, des agriculteurs écrasés par les spéculateurs et les grands patrons de l'agro-alimentaire. Oui, toute cette population s'est rangée, à Quimper, aux côtés des ouvrières et des ouvriers. Ils se sont mis dans leur sillage. Avec comme signe de ralliement le bonnet rouge. Et comment donc s'appelle cette alliance dans la rue, au grand jour entre les exploités et les opprimés ? N'est-ce pas le processus, classique, historique de toute vague révolutionnaire authentique ?

Les esprits chagrins qui pointent la présence marginale et purement anecdotique de représentants de l'UMP ou du MEDEF local, ces derniers eux-mêmes effrayés par le tour des événements, ne veulent pas voir que cette profonde révolte en Bretagne, est un premier tournant vers une situation révolutionnaire en France. Bien des surprises les attendent encore. Il va falloir qu'ils s'y fassent : "  l'Histoire est plus forte que tous les appareils bureaucratiques "...

Jean-Paul Cros, (34, commission de médiation, Y,) Pedro Carrasquedo, (CPN 64, Pays Basque, Y,) Francis Charpentier (Pays Basque, 64, Y) ; Daniel Petri, (13e, Y,) Wladimir Susanj, (CPN 75, Y)
Nb : Quant à une prétendue présence du FN en tant que tel, elle relève bien plus du fantasme que de la réalité. Où sont les preuves ? Cette affirmation calomnieuse, dans une des régions où le FN fait ses plus bas scores, a pour fonction, consciente pour certains, de servir d'épouvantail et pour d'autres, de salir les masses en mouvement à Quimper, et demain ailleurs.

Dernière minute



Morlaix : des manifestants défoncent la grille de la sous-préfecture

Le Figaro.fr avec AFP, 04/11/13 | Mi

La grille de la sous-préfecture de Morlaix (Finistère) a été défoncée aujourd'hui lors des manifestations des Tilly-Sabco.

Plus tôt dans la journée, près d'une centaine de véhicules partis de l'entreprise en difficulté Tilly-Sabco (volaille) ont participé à une opération escargot sur la RN12, principal axe du nord de la Bretagne, entre le siège de l'entreprise à Guerlesquin (Finistère) et la sous-préfecture de Morlaix.
Ils occupent la sous préfecture.


Marin Harvest : grève illimitée avec occupation



Et pendant ce temps les salariéEs de Marine Harvest après un CE extraordinaire ont voté la grève illimitée et occupe l'usine et ont demandé de rencontrer le maire de Carhaix et notre camarade Matthieu.

" Les nigauds et les esclaves se révoltent.
A Poullaouen,  les salariés de Marine Harvest occupent leur usine et ont déclaré la grève illimitée. Le comité de soutien, dont le NPA est parti prenante, organise la riposte. Un appel à la population a été fait. Ils arrivent avec des vires, couvertures, pneus...
Pendant ce temps sur Morlaix, les Tilly occupent la sous préfecture et demandent à rencontrer le ministre de l'agriculture. "
Gérard Mas "
4 novembre 17h50

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Annexes

Contribution de Philippe Poutou envoyée sur la liste CPN.



Quelques remarques en plus du très bon compte-rendu des camarades de Quimper
- On s'est tous fait plus ou moins intoxiqués par le traitement médiatique de cette manif et par le positionnement agressif, insultant du FdG (notamment PG) et de la CGT. On a tous douté jusqu'au dernier moment si c'était une bonne chose d'y aller. La pression mise par les média et par le FdG étaient énormes pour nous, petit parti fragilisé et qui reprend à peine quelques forces et ses esprits. Il ne faudrait pas que nous nous esquintions sur ce sujet comme sur d'autres.
Mais on aura d'autres problèmes comme celui de la manif de Quimper (faut l'espérer) car les choix tactiques, politiques dans les luttes sociales vont se multiplier. On pourrait croire que nos problèmes se résoudront avec l'arrivée des lutte, quand les gens sortirons de la résignation. Et bien non, dès qu'il y a des mouvements de colères, ce sont d'autres problèmes qui apparaissent et on rentre dans le coeur de la bataille politique.
- C'est dit dans le compte-rendu mais encore une fois, la manif du 2 était à l'origine une manif pour l'emploi, en soutien aux salariés de Marine Harvest, pour la convergence des luttes des Doux, Gad ... à l'appel d'un collectif de Carhaix lors d'un meeting le 18 octobre. C'est d'ailleurs le lundi 21 octobre que le CE prend la décision d'envoyer à Quimper un porte parole national.
C'est avec les évènements du 26 octobre (portique du Pont du Buis) que les choses se sont compliquées car les " anti-écotaxe " ont appelé à poursuivre leur mouvement le 2 à Quimper. Et dans les média, cette manif est devenue à tort celle de l'écotaxe.
- La question n'est pas tant " que fait le Npa dans cette galère ? " mais plutôt " pourquoi le FdG et la Cgt ont-ils déserté cette manif ". Car il s'agit bien d'une volte face, d'une désertion qui a sérieusement compliqué les choses. Le Npa était à sa place dans cette manif mais du coup un peu isolé dans le concert médiatique avec les soutiens exprimés de forces politiques de droites, de syndicats de petits patrons (transports, agriculteurs, ...).
Ce n'est pas le Npa qui manifestait avec les patrons et compagnie, c'était au contraire les patrons, la droite qui tentait une opération de dévoiement spectaculaire de la colère existante.
- Cette manif n'est pas une manif classique, syndicales avec les militants habituels, avec les formes habituelles. Ce n'était pas le " peuple de gauche " dans la rue, c'était le peuple tout court. Des gens en colère, victimes de la crise, de milieux sociaux divers (paysans, ouvriers, petits exploitants, milieu rural ...). Même du côté des ouvriers c'était très divers, pas habituel, une conscience de classe très variée, des boites en lutte très peu syndicalisées pour certaines, très peu Cgt pour l'essentiel ... On avait un prolétariat tel qu'il est en vrai et pas idéal du tout. Quand la colère s'exprime ce n'est pas forcément très " joli ", très " propre " en tout cas comme on pourrait l'espérer. Elle se fait avec ce qui a dans les têtes. Mais dans la rue ce jour là, c'était notre camp social en très grande majorité. Le Medef, l'UMP n'étaient là que discrètement, sans banderole, sans insigne (sauf les élus mais ça arrive régulièrement).
- C'était une manif pas classique du tout aussi parce que le ciment n'était pas seulement la contestation sociale, la colère contre la crise. Il y a le sentiment régionaliste, le sentiment que le peuple breton doit se défendre et se protéger contre les agissements des élites et du pouvoir parisien. Un fort sentiment de solidarité face au danger extérieur. Et c'est évidemment sur ce terrain particulier que le patronat comme la droite peuvent agir, manipuler. Comme on dit la politique a horreur du vide et c'est très logiquement que patrons, droite, extrême droite essaient de prendre la tête d'une " fronde " pour la contrôler, pour éviter qu'elle ne se tourne contre eux, pour la détourner vers des adversaires plus vagues mais réels comme les " élites " ou les " bureaucrates de Bruxelles ".
- Il ne fallait pas laisser le mouvement régionaliste et cette colère populaire entre les seules mains de la droite ou des patrons qui encore une fois n'organisent pas mais tente de récupérer. Il fallait absolument garder le cap en bataillant pour qu'existe un pôle de " gauche ", un pole social, ouvrier, anti-licenciement, progressiste. C'est pour cela que le Npa avait sa place dans la manif. Les camarades de Carhaix et de Quimper ont bataillé pour qu'il y ait un cortège de " gauche ", un cortège qui défende l'interdiction des licenciements. Cela a été fait dans une manifestation pas du tout hostile à ces idées au contraire. Car il ne faut pas se faire avoir par les média qui ne comprennent pas forcément tout ce qui se passe. Nous avons été très bien accueillis, on nous a remercié d'être là, des militants Cgt, FdG étaient contents de nous voir et faisaient part de leur écoeurement du positionnement Cgt.
Même parasitée par les choses dites plus haut, c'était vraiment une manif populaire, une manif de gens d'en bas qui souffrent de la crise, que ce soit les ouvriers ou les petits exploitants agricoles. Et cette souffrance, cette colère ou révolte peut partir dans plusieurs directions. Rien n'est gagné que cela évolue dans le sens qu'on souhaite. Ça suppose qu'il y ait des militants, des forces de " gauche " qui soient là pour défendre la perspective socialiste, anticapitaliste. Cela suppose qu'on se confronte aux préjugés, aux autres forces sociales ou politiques qui veulent contrôler.
Si le FdG et la Cgt n'avaient pas déserté, ne s'était pas " dégonflés ", si Mélenchon et les représentants d'une certaine gauche n'étaient pas aussi méprisants du bas peuple qui se met en colère, n'étaient pas aussi hostiles au sentiment régionaliste, c'est sûr, la manif aurait eu une gueule plus claire, on aurait été plus costaud pour représenter ce pole clairement anti-medef, anti-droite, anti-austérité, un pole d'opposition de gauche au gouvernement. En tout cas, dans la manif, les militants " bretons " du Npa ont essayé de construire ce pole et c'était plutôt réussi.
Philippe "


Compte rendu de la manif du 2 novembre à Quimper, par Gérard Mas, militant du NPA de Quimper


 
" Probablement autour de 20 à 30 000 personnes. Banderole de tête : pour l'emploi vivre et travailler en Bretagne.  Avant les interventions au camion tribune la sono a fait retentir des chants tels que la " Blanche Hermine ", " Bella Ciao, " les frères Morvan, " Antisocial " (Trust) ou encore " la rage du peuple " de Keny Arcana ".
Beaucoup de salariés des entreprises frappés par les licenciements (Doux, GAD, Tilly, Marine Harvest, Boutet Nicolas), sans doute plusieurs milliers mais aussi beaucoup de travailleurs, des paysans, des précaires, des chômeurs, des retraités, beaucoup de jeunes bref une manifestation avant tout ouvrière et populaire.
 
La droite et les agriculteurs productivistes avaient aussi appelé à cette manif compte tenu du vide laissé par les organisations syndicales et particulièrement la CGT qui elle, a appelé à manifester à Carhaix à 70 km de Quimper.
Des tracteurs, quelques camions, de petits groupes d'identitaires non identifiés, qui ont déployés et replier en quelques minutes leur banderole " Hollande démission " une fois au bord de l'Odet et une autre fois sur le haut du Frudgy (colline surplombant la manif), mais non indentifiable par la quasi majorité des manifestants (car non signée).
En revanche, en marge de la manif, selon la presse de ce dimanche matin se sont eux qui se sont affrontés aux flics et on agressé un jeune black dans l'après midi.
Pas de FN visibles ni d'UMP affichés mais en revanche un cortège politique du NPA, des Alternatifs, de Breiz Résistance, SLB et de nombreux militants du FdG mais aussi d'ATTAC et des verts, des Zadistes mais aussi de la FSU, avec P. Poutou et 2 banderoles " interdiction des licenciements " plusieurs centaines de tracts et d'autocollants chaudement distribués et évidement très bien reçus.
Plusieurs dizaines de manifestants ont manifesté avec notre autocollant sur eux.
Ce cortège avec celui de l'UDB (Union démocratique Bretonne) était fort de plusieurs centaines de personnes.
 
Des cortèges des Doux, GAD, Tilly, Marine Harvest, Boutet Nicolas avec bien sûr beaucoup de FO mais aussi de très nombreux adhérents CGT ne comprenant pas la position de leur syndicat.
 
De toute évidence, c'est bien à Quimper parmi les salariés qu'il fallait être, pour disputer le terrain à la droite et au Medef ce qui fut un véritable enjeu.
Et nous pensons que le succès, les interventions des boites frappés par les licenciements à la tribune démontrent la justesse de cette position. Intervention remarquée du responsable CGT des pêcheurs, de la représentante FO des Doux insistant sur le non au licenciements et la nationalisation de l'agro, de la déléguée de Marine Harvest mais aussi de notre camarade Matthieu de Carhaix ( tête nue) lisant une déclaration de soutien de Pierre Le Ménahes ( CGT ex- SBFM) et terminant par l'appel à l'interdiction des licenciements et à la réquisition des sites qui licencient et ce devant 20 à 30000 personnes. A sa descente du camion sono notre camarade fut chaudement congratulé par les GAD et les Marine Harvest.
Si la CGT et les autres syndicats, si le FdG etc...avaient appelé en force à Quimper, nous aurions pu totalement inversé le rapport de force au niveau de " l'animation de la manif " et minoriser fortement le poids de la FNSEA et de la droite patronale qui a continué d'appeler " à l'union sacrée "...tout en n'abordant pratiquement plus le thème de l'écotaxe ...et pour cause.
Nous rappelons que cette manif est, à l'origine, issue d'un appel de Carhaix et des travailleurs de l'usine de Marine Harvest frappé par une fermeture et de plusieurs centaines de licenciements  en lien avec le début de convergence qui s'est manifestée toute la semaine du 14 au 20 octobre entre les différentes usines et leur comité de soutien, chez les GAD et les Marine Harvest.
La droite, le Medef, et la FNSEA en étant à l'offensive contre l'écotaxe ont tenté de dévoyer cet appel et y ont partiellement réussi, aidé en cela par la direction de la CGT qui a préféré " botter en touche " plutôt que de s'affronter à l'ennemi de classe et à militer pour un mouvement posant le  problème de l'interdiction ou pour le moins de la suspension des licenciements et faire reculer le gouvernement à l'image de son recul sur l'écotaxe.
 
Appeler à une manifestation " ouvrière " à Carhaix, ville de 8000 habitants en forçant la main y compris à d'autres syndicats comme Solidaires et la FSU et en recevant le renfort du PS (Poignant, maire de Quimper) du député PS de la circonscription de Carhaix, d'EELV, du FdG en particulier le PC favorable à l'alliance avec le PS dés le 1er tour des municipales, mais aussi du PG et de la déclaration insultante de Mélenchon, ne pouvait que tromper nombre de syndiqués et militants sincères qui ont cru que seules la droite et le patronat aller manifester à Quimper...aidé en cela par les médias qui ont martelé ce faux toute la semaine.
 
Rappel : entre le 18 octobre (Appel de Carhaix) et le 2 novembre, la CGT ne s'est pas exprimée sauf le mardi 30 octobre au soir pour appeler à Carhaix. Soit 3 jours avant la manif. 
 
Rappel aussi : dés le début de la semaine dernière, le PS a appelé à l'annulation de la manifestation à Quimper...tant dis que Le Branchu et les médias parlaient d'affrontement entre extrémistes.
 
Résultat : 2 à 3000 personnes à Carhaix venues aussi du 35 (Ille et vilaine), du 44 (Loire Atlantique) et du 22 (Cotes d'Armor) ...c'est-à-dire 10 fois moins qu'à Quimper où les ouvrières et les ouvriers de l'agro étaient présent en masse et en cortège dans la manifestation très populaire.
Si l'assertion de la CGT et des autres étaient vraie nous serions dans une situation plus que dramatique, cela signifierait que le mouvement ouvrier traditionnel sur le problème de l'emploi mobilise 10 fois moins que cette dernière.
 
Fort heureusement, il n'en est rien. Une partie des manifestants de carhaix ont été trompés par la direction de la CGT qui a refusé d'être présente à Quimper (et à réussi le tour de force de s'allier à la majorité gouvernementale) parce qu'elle n'était pas à l'origine de l'appel et qu'elle ne voulait pas d'une manifestation massive, pouvant la dépasser contre les licenciements et pour l'emploi, sur les terres de B. Poignant (maire de quimper et conseiller d'Hollande).
Elle s'est repliée sur un petit tour de Carhaix tandis que 20 à 30 000 personnes manifestaient à Quimper, encadrées par un dispositif policier impressionnant...
 
Cette fracture entre les 2 manifestations laissera des traces et a particulièrement traumatisé de nombreux militants de la CGT, du FdG (PG, PC et GA, tout courant confondus) qui ont subi depuis 3 à 4 jours des assauts violents et insultants de la part de celles et ceux qui dénonçaient leur présence à Quimper, sans évoquer les pressions et les insultes ignominieuses contre le NPA. (on manifeste avec le FN et les Patrons !) (il faut choisir notre camp) etc...
 
Durant toue la semaine, il a fallu répondre à nos sympathisants déboussolés par la position de la CGT et la pression de la presse qui martelait que la manif à Quimper était à l'initiative des patrons et la FDSEA.
 
Précision tout de même : Il avait été proposé in fine à la CGT, par certains camarades de SUD lors de l'intersyndicale départementale de faire la manif à Carhaix le samedi à 10 heures pour permettre à celles et ceux qui voulaient rejoindre Quimper à 15h de pouvoir le faire. Ce fut un non catégorique...
 
La situation n'est pas simple, mais comme l'a très bien dit Philippe Poutou, les partis à la gauche de la gauche, les organisations syndicales, les salariés en lutte doivent se retrouver rapidement ensemble pour faire converger les luttes contre les licenciements et contre ce gouvernement qui impose l'austérité.
 
Voilà a peu prés
 Gérard Quimper "
Modifié le lundi 04 novembre 2013
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