Tsipras : de la capitulation à l’humiliation

On a eu beau chercher, on n’a pu trouver, pour caractériser la situation grecque, plus clair que l’éditorial de la voix du Nord du 11 juillet :
Sous le titre : « Le plan de réformes envoyé par Alexis Tsipras à l’Eurogroupe reprend tout ce que les Grecs ont rejeté dimanche dernier ! » le journal constate,
« Choix de la sagesse ou trahison ? Quelle que soit l’issue de cette folle semaine européenne – sortie ou maintien de la Grèce dans l‘euro – l’attitude d’Alexis Tsipras restera comme un exemple de revirement rarement observé dans l’histoire de l’Union. On connaissait l’expression « aller à Canossa », on pourra désormais la remplacer par « aller à Bruxelles » avec le Conseil européen dans le rôle du pape Grégoire VII et Alexis Tsipras dans celui du roi pénitent Henri IV, celui des Germains, pas le nôtre pour qui Paris valait bien une messe !
Que vont penser de cette volte-face tous ses admirateurs, Jean-Luc Mélenchon en tête, qui lui ont fait une haie d’honneur mercredi à son arrivée au Parlement européen ? Le jeune Premier ministre faisait encore figure de « résistant » aux « diktats » de l’Union européenne, d’élève rebelle au bac A comme austérité, capable de renvoyer à ses examinateurs bruxellois une copie blanche comme sa chemise. Eh bien on a eu tout faux ! Car la copie envoyée jeudi soir à ces mêmes examinateurs reprend tout ce qu’ils voulaient y lire : la hausse de la TVA, la retraite à 67 ans (pas tout de suite quand même), la lutte contre l’évasion fiscale, la reprise des privatisations, bref tout ce qu’Alexis Tsipras a demandé aux Grecs de rejeter dimanche. Comble de l’ironie, ce programme n’a de chance de passer au Parlement grec qu’avec les voix de l’opposition.
« Il a de la classe notre Tsipras », exultait jeudi Jean-Luc Mélenchon sur son blog. Il faut croire qu’au Parlement de Strasbourg, la véritable « engueulade » reçue du libéral belge Guy Verhofstad a eu plus d’effet sur Tsipras que les applaudissements de l’extrême gauche et de l’extrême droite unies dans la même détestation des « institutions » européennes. Aux agences de notation de la gauche alternative et des souverainistes de droite, il y a de la dégradation dans l’air pour le héros athénien… »

Ah, ils sont pitoyables ces prétendus leaders de la « gauche radicale » européenne, de Mélenchon à Iglesias, incapables génétiquement de comprendre que seule la rupture avec le système de la propriété privée des moyens de production et des institutions qui la soutiennent est l’unique issue. Ils sont là pour replâtrer, pérorer, postillonner puis capituler quand ils sont adossés au mur par leurs maîtres qui leur tendent la gamelle, eux qui pour la plupart n’ont jamais connu le travail salarié…
Pour notre part, si nous avons été et sommes résolument aux côtés du peuple grec, nous refusons depuis le premier jour de joindre nos voix au soutien au gouvernement Tsipras-extrême droite auquel le Front de gauche-Mélenchon et autre extrême-gauche d’opérette nous ont conviés ces dernières semaines.
Bien nous en a pris. Nous ne sommes ainsi pas complices de tant de renoncements et trahisons  du mandat donné par le peuple mais violé dès le lendemain même de l’élection de Syriza.
Au moment où nous écrivons, l’Eurogroupe fait savoir que les mesures avancées par Tsipras risquent de ne pas suffire ! L’UE veut faire payer au peuple grec son « non » au référendum et faire ainsi un exemple pour intimider les autres peuples d’Europe. L’UE est bien décidée à humilier Stipras et à lui faire boire le calice jusqu'’à la lie. Le sort des peuples n’est jamais dans la capitulation. Le capitalisme est, par définition, enragé. L’issue est dans la lutte, pour la rupture avec l’UE, ses institutions et directives, pour l’annulation de la dette qui n’est en rien celle des peuples.

Pedro Carrasquedo
12 juillet 2015

Modifié le dimanche 12 juillet 2015
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