Temps forts ou temps morts ?

ÉditorialLe 28 septembre, les enseignants étaient appelés à faire grève, après l'annonce de la suppression de 8 500 postes d'enseignants. Sans suite. Pourtant, la déréglementation fait rage dans toute l'Éducation nationale et l'école publique est en danger (cf. notre dossier du mois, pp. 8-9).

Le 3 octobre, jour du vote en première lecture de la loi de privatisation de Gaz de France à l'Assemblée nationale, c'était au tour des gaziers et électriciens. La suite ? Rendez-vous, le 14 octobre, à une nouvelle " journée d'action et de manifestations ". Le 14 ? C'est un samedi. Qui peut croire que cette " action " pourrait dissuader les sénateurs d'avaliser ce projet de loi qu'ils examinent à partir du 10? Pourquoi attendre un samedi ? Laissons la parole à Jean-Philippe Martinez, rédacteur en chef de la NVO, hebdo de la CGT : " Il n'est pas trop tard pour se faire entendre. Alors que le débat sur le projet de privatisation se poursuivra un samedi, la CGT invite l'ensemble des salariés à manifester le 14 octobre pour faire obstacle à la privatisation de GDF et défendre les services publics ". " Faire obstacle " à la privatisation, qu'est ce que cela veut dire ? Pas grand-chose, si ce n'est que cet éditorialiste lui-même ne croit pas qu'une manifestation convoquée un samedi puisse empêcher la privatisation de GDF. Du reste, les organisateurs de cette initiative pour " défendre les services publics " ne disent pas aux gaziers, électriciens, usagers et salariés ce qu'ils envisagent de faire au soir du 14 octobre si le gouvernement n'a pas retiré son projet de loi de privatisation de GDF. Attendre que les sénateurs aient ratifié le projet de loi ?

Autre service public particulièrement menacé, après EDF-GDF et l'Éducation nationale, la SNCF : huit opérateurs privés font circuler des trains de marchandises sur des " sillons " du réseau ferré, l'ouverture des trains de voyageurs à la concurrence du privé est à l'ordre du jour, les TER sont d'ores et déjà soumis au régime des appels d'offres. Il est question d'harmoniser la réglementation du temps de travail des cheminots avec celle des entreprises ferroviaires privées. Le monopole de la SNCF sur les transports ferroviaires est malmené. Mais les directions syndicales ne parlent pas pour autant du " 14 " aux cheminots alors qu'il y est question, paraît-il, de " défendre les services publics ". Par contre, les cheminots sont appelés à faire grève ... le 8 novembre. Et après ? " On verra ", répondent les directions syndicales.

Dans le même temps, les militants CGT de la région parisienne diffusent dans les entreprises privées et publics un tract qui proclame : " il y a urgence à se rassembler et à agir pour les salaires ". Tout à fait ! Mais alors, pourquoi, ces " actions " sans lendemain et en ordre dispersé - enseignants le 28 septembre, gaziers le 3 octobre, cheminots le 8 novembre - quand la pauvreté touche 10 % des salariés d'Île-de-France, quand les services publics sont en proie au dépeçage, à la déréglementation et à la privatisation et quand Airbus, Peugeot-Citroën et tant d'autres patrons annoncent des milliers de suppressions d'emplois ?

l'alternative pour les salariés, ce n'est pas " Sarko ou Ségo ", c'est gagner tous ensemble, sur le terrain direct de la lutte de classe, ou perdre les uns après les autres.

Modifié le mardi 10 octobre 2006
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