Retraites en danger

ÉditorialSarkozy a donc décidé que la nouvelle
"réforme"des retraites interviendrait
à l'automne prochain. Il
y avait eu la réforme Balladur d'août
1993, les réformes Fillon de 2003,
Bertrand de 2007 et 2008 qui s'étaient
déjà attaquées au droit à la retraite :
remise en cause de la durée de cotisations
de 37,5 annuités dans le privé,
puis alignement à 40 ans de cotisations
public-privé, passage à 41 ans en 2012,
le tout complété par la remise en cause
des régimes spéciaux. La nouvelle "
réforme " annoncée va s'en prendre
encore plus brutalement au droit au
départ à 60 ans et il est déjà question
d'un nouvel allongement de la durée de
travail légal à 62-63 ans.

Et, comme d'habitude, on nous ressort
le prétendu argument des caisses
vides pour cause de baisse des actifs
par rapport aux retraités.

Or, de " réforme " en " réforme ", la
situation des salariés empire : de plus
en plus d'entre eux sont obligés de travailler
plus longtemps pour espérer
bénéficier d'une retraite à taux plein, la
retraite des femmes est inférieure de
40% à celle des hommes, 700 000 personnes
vivent avec le minimum vieillesse
(677 euros par mois), 1,2 million de
retraités (soit près d'un retraité sur dix)
vit avec des revenus inférieurs au seuil
de pauvreté. Et la " réforme " qui s'annonce
ne fera qu'aggraver la situation.

Tout cela est dans l'ordre normal des
choses dirons-nous : qu'y avait-il d'autre
à attendre de la part de Sarkozy, d'autant
plus qu'il avait annoncé ses intentions
sur les retraites depuis belle lurette.

Le problème est ailleurs, il est dans la
position assez consensuelle, il faut bien
le dire, de la plupart des confédérations
syndicales.

Thibault, pour la direction confédérale
CGT déclare qu'il est d'accord pour examiner
" une éventuelle augmentation du
taux des cotisations des employeurs et
si nécessaire des salariés ". Or, faute
d'une augmentation générale des salaires,
ce dont ne parle pas Thibault, augmenter
les cotisations des salariés aboutirait mathématiquement à une
baisse du salaire net en fin de mois. La
belle affaire donc !

Dans tout cela, les uns et les autres
feignent d'oublier que le prétendu déficit
de 10 milliards d'euros pour 2009 de la
branche retraite de la sécurité sociale a
pourtant deux racines bien profondes :
le chômage et les faibles salaires, deux
fléaux intimement liés et dont sont
responsables les patrons et les gouvernements
qui se sont succédé depuis plus de 30 ans.

Dix milliards d'euros donc ? Sans doute
sommes-nous encore des simples
d'esprit et des " Y'a qu'à " mais il nous
semble nous souvenir que pour 2008,
les cadeaux faits aux patrons au titre
des exonérations de cotisations de
sécurité sociale se montent à ...30,7
milliards d'euros et que sur les dix dernieres
années, ils s'élèvent à un total de
268 milliards d'euros ( chiffres officiels
sécurité sociale). Rappelons à ce sujet
que toutes ces exonérations ont été
présentées comme bonnes pour l'emploi...

Bref, les simplistes que nous sommes
rappelleront aussi qu'une augmentation
de 10% des salaires dans le privé
apporterait immédiatement 6,5 milliards
d'euros aux caisses de retraite et que 1
million d'emplois créés (alors que 440
000 ont été supprimés en 2009) alimenterait
3 milliards d'euros de cotisation
vieillesse en plus.

. Arrêt des exonérations patronales (et
récupération de celles-ci )

. Augmentation générale des salaires

. Arrêt des licenciements

il n'y a pas d'autre solution pour sauver
nos retraites et revenir aux 37,5
annuités public-privé. Et le reste n'est
que pure mystification, à l'image de ce
que nous proposent les députés du
PCF et du Parti de gauche qui " exigent
" (sur ce point, ils vont être entendus par
Sarkozy) : " une réforme profonde du
financement des retraites
" Non : les
retraites ne sont pas négociables.

Pedro Carrasquedo

13 février 2010
Modifié le dimanche 21 février 2010
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